L’abeille, notre super-héros
Ana-Maria Cononovici, 05.10.2021, 09:37
Nous sommes dans le sud-ouest de la Roumanie dans une contrée appelée le
Pays de Hateg. C’est ici que se trouve le Géoparc international du même nom,
inscrit au patrimoine de UNESCO. C’est un endroit unique, puisque c’est ici que
l’on a découvert des restes de dinosaures sur le territoire de la Roumanie. Du
coup, une promenade dans ces parages est un voyage dans le temps, à 4,6 milliards
d’années de distance. C’est aussi un endroit riche en valeurs naturelles et
culturelles. Qui plus est, le Géoparc de Hateg bénéficie d’un programme de
développement durable et ne cesse de surprendre par les activités qu’il propose
à ses visiteurs.
Un de ses plus récents projets est ciblé sur les abeilles. Histoire d’éveiller
les consciences sur cet insecte si nécessaire à l’humanité, mais dont la situation
générale n’est pas des meilleures en ce moment, comme nous le dit le professeur
à l’Université de Bucarest et représentant du Géoparc international UNESCO « Le
Pays de Hateg », Cristian Ciobanu :
Cristian Ciobanu : « Ici, au géoparc, nous nous penchons sur une multitude
de sujets. On parle du « Temps de l’homme », de « La préhistoire »,
du « Temps de la Terre » – c’est-à-dire de la géologie. On vise aussi le
tourisme et on veut aussi éduquer les générations futures. Alors ce projet
intitulé « L’abeille super-héros. 100 millions d’années au service de
l’environnement » répond à toutes nos préoccupations. Déjà le titre en dit long sur
le sujet. C’est un sujet sensible de nos jours, vu que la situation des
abeilles n’est pas très bonne. »
Cristian Ciobanu nous décrit en quoi consiste ce projet consacré aux abeilles :
« Il s’agit d’une installation artistique, quelque chose d’innovatif, où l’art
et l’environnement se marient pour parler de la « Cohabitation ». C’est le
titre donné par l’artiste Dragos Neagoe à cette installation que l’on peut voir
au Centre pour la science et l’art du Géoparc, dans la commune de Général Berthelot.
L’artiste, qui est aussi apiculteur, y a imaginé une sculpture de grandes dimensions
sur laquelle il a attaché une famille d’abeilles élevée spécialement pour ce
projet, dans le sens où elle a été dès le début habituée à vivre dans des conditions
différentes de la ruche. »
Pour mieux comprendre, il faut dire que la sculpture représente le visage d’un
homme et que les abeilles y construisent leur nid en permanence, d’où l’idée de
cohabitation de l’homme avec ces insectes sans lesquels notre planète aurait du
mal à survivre.
L’apiculteur et sculpteur Dragoş Neagoe a trouvé son inspiration dans une triste
réalité : de nombreuses familles d’abeilles meurent, notamment durant la
récolte de colza et de tournesol, à cause, principalement, des insecticides et
des pesticides. Il a donc voulu prendre attitude. Ainsi voyait le jour, en 2019,
au Palais de Mogoșoaia, près de Bucarest, une petite exposition à ce sujet.
Histoire de montrer que les abeilles sont en voie de disparition.
Cet été, le visage humain sculpté par Dragoş Neagoe, devenu abri pour des
abeilles, a été installé dans le Géoparc de Hateg. Pour l’instant, ces abeilles
pas comme les autres se portent très bien, avoue notre invité, Cristian Ciobanu
: « Elles sont en train de se préparer pour l’hiver. Le projet touche à sa
fin. Initialement on voulait transférer les abeilles dans une ruche, mais je pense
que nous allons plutôt aménager un espace où elles puissent passer l’hiver sans
quitter leur habitat actuel. La sculpture peut être admirée sur Internet aussi,
via une caméra web qui transmet en direct, en permanence. C’est sur notre site
geoparc.ro »
Somme toute, le projet a été un succès, puisque cette communion homme-nature
a fonctionné même mieux que prévu. Cristian Ciobanu explique : « Les
abeilles travaillent plus vite que l’on avait imaginé. Elles se sont déjà très
bien installées sur la sculpture. Elles ont grandi. A regarder la caméra live
ou à visiter le Géoparc, vous verrez la beauté de leur construction. Normalement,
à l’intérieur d’une ruche, on ne voit pas ce que les abeilles construisent. Ici
on a l’occasion ce qui se passe d’habitude à l’intérieur, comme si on avait une
ruche transparente, si vous voulez. On veut bien continuer le projet le plus
longtemps que possible, pour que les insectes puissent continuer leur travail
et le développer. Ce projet ne s’arrêtera pas là donc, il fait déjà partie de
nos préoccupations pour l’art. En fait notre parc accueille plusieurs
installations artistiques. »
La survie des abeilles est en danger et si les abeilles disparaissent, le
monde entier concerné, tellement important est le rôle de ces petits insectes
sur notre la planète. Le Géoparc de Hateg en tire la sonnette d’alarme. Par
conséquent, la cohabitation entre la sculpture et la vie quotidienne des
abeilles donne naissance à un type hybride d’art, ayant le rôle d’éduquer, mais
aussi de promouvoir le Géoparc de Hateg. L’art et la nature ne sont pas les seuls
concernés, car les différents projets organisés par le parc visent à mettre en
valeur la culture et l’identité des communautés locales. (Trad. Valentina Beleavski)