Le bus d’apprentissage
Cette semaine, on vous racontera une histoire émouvante. L’action se passe dans la commune d’Augustin, dans le département de Braşov, au sud de la dépression nommée Baraolt. Un endroit où vit une communauté forte de 1900 habitants, dont la moitié est d’ethnie Rom et très pauvre. C’est à l’intention de tous les enfants démunis d’Augustin que deux instituteurs ont eu l’idée de mettre en place le projet Edubuzz, qui a aussi bénéficié du soutien de la joueuse de tennis roumaine, Simona Halep. Natalia Ginghină et Adrian Secal ont décidé d’aménager, dans un ancien bus voué à la casse, un endroit destiné à l’apprentissage. Davantage sur l’Edubuzz avec Adrian Secal :« Cet espace permet aux enfants de suivre des cours de rattrapage une fois les heures de classe terminées. On a voulu aménager un endroit en dehors de l’école, mais à proximité de celle-ci, afin que les gamins puissent y rester, une fois la journée d’école finie. On a de nombreux enfants jamais inscrits à l’école ou en situation de décrochage scolaire. C’est une communauté frappée par un taux d’abandon scolaire et d’absentéisme élevé et le nombre d’enfants qui ne se rendent pas en cours est très grand. Voilà pourquoi on a décidé de leur offrir la possibilité de rattraper, car il y en a pas mal à ne s’être jamais rendu en classe.»
Ana-Maria Cononovici, 31.08.2021, 11:25
Cette semaine, on vous racontera une histoire émouvante. L’action se passe dans la commune d’Augustin, dans le département de Braşov, au sud de la dépression nommée Baraolt. Un endroit où vit une communauté forte de 1900 habitants, dont la moitié est d’ethnie Rom et très pauvre. C’est à l’intention de tous les enfants démunis d’Augustin que deux instituteurs ont eu l’idée de mettre en place le projet Edubuzz, qui a aussi bénéficié du soutien de la joueuse de tennis roumaine, Simona Halep. Natalia Ginghină et Adrian Secal ont décidé d’aménager, dans un ancien bus voué à la casse, un endroit destiné à l’apprentissage. Davantage sur l’Edubuzz avec Adrian Secal :« Cet espace permet aux enfants de suivre des cours de rattrapage une fois les heures de classe terminées. On a voulu aménager un endroit en dehors de l’école, mais à proximité de celle-ci, afin que les gamins puissent y rester, une fois la journée d’école finie. On a de nombreux enfants jamais inscrits à l’école ou en situation de décrochage scolaire. C’est une communauté frappée par un taux d’abandon scolaire et d’absentéisme élevé et le nombre d’enfants qui ne se rendent pas en cours est très grand. Voilà pourquoi on a décidé de leur offrir la possibilité de rattraper, car il y en a pas mal à ne s’être jamais rendu en classe.»
A son tour, Natalia Ginghină rajoute : « L’idée d’un tel bus a été alimentée par notre besoin de passer davantage de temps avec les enfants, même en dehors des heures de classe, afin de pouvoir leur proposer plus d’activités à faire ensemble. Mais, une fois qu’on a aménagé le bus et qu’on a donc trouvé cette idée, cet endroit n’est plus destiné à nos élèves seulement ; il est là pour accueillir aussi d’autres enfants, comme par exemple ceux qui ne fréquentent pas l’école pour une raison ou une autre. C’est une sorte d’endroit qui accueille les enfants après la journée d’école, sauf qu’il a fini par servir aussi de salle de classe. »
Touchés par le nombre impressionnant de décrocheurs scolaires parmi les enfants de la commune d’Augustin, Natalia et Adrian ont mis en place un projet éducationnel qui privilégie la force de s’adapter. Natalia Ginghină explique : « On a créé un système à même de répondre aux besoins de la communauté locale. Du coup, au lieu de faire des programmations, on applique le principe du premier venu premier servi. Cela nous a permis d’accueillir en ce moment presque 200 enfants du village. Pour travailler avec eux, on a renoncé au système d’apprentissage classique, qui impose à l’enfant de se rendre régulièrement en classe et on s’adapte au calendrier des villageois. Par exemple, si les enfants doivent aider leurs parents à travailler dans la forêt ou à la ferme, alors ils ne viendront pas nous voir. Ils le feront quand ils le pourront. Dans le cas de ces enfants, on n’a pas de journée d’école ordinaire, mais on leur propose des activités qui leur permettent d’apprendre à lire, à écrire, à participer à différents jeux pédagogiques ou même à des activités en plein air, telles le jardinage, des soirées de musique autour d’un feu de camp, comme on a fait récemment, ou encore des randonnées dans les alentours. »
On a interrogé Adrian sur le programme d’ouverture du bus.« En principe, on essaye d’ouvrir ses portes le plus tôt possible, vers 9h30 et souvent, il nous arrive de partir vers 20h30 et même 21h00. On a des enfants qui y passent pratiquement toute la journée, surtout qu’ils trouvent plein de choses à faire. Puisque le village manque d’un endroit où ces enfants puissent jouer, ils préfèrent restent avec nous. Cela leur permet de feuilleter des bouquins, ou encore de se reposer dans des hamacs, de s’activer pour nous donner un coup de main dans la cour, autour du bus, ou encore de jouer à des jeux de plateau ou de faire d’autres activités. Voilà pourquoi ils préfèrent trainer avec nous. »
Natalia explique :« D’habitude, c’est Adrian qui les attend dans le bus le matin, puisque son emploi du temps est plutôt flexible. Moi, je m’y rends à la fin de mes heures de cours, c’est-à-dire à partir de 11h00, midi ou même deux heures de l’après-midi. Et puis, toujours dans la deuxième partie de la journée, on a une autre collègue qui vient, une institutrice qui enseigne dans un autre village. En ce moment, on cherche à coopter d’autres villageois aussi, afin de devenir suffisamment nombreux pour pouvoir entreprendre des excursions à bord de notre bus. La région est très chouette. Mais pour les enfants qui ne peuvent pas nous accompagner dans nos sorties, il faut qu’un endroit qui puisse les accueillir reste sur place. »
Quant aux projets d’avenir, ceux-ci ne manquent pas, avoue Adrian :« On dispose d’un espace qu’on souhaiterait aménager pour qu’on puisse offrir le plus de facilités et d’opportunités aux enfants. Du coup, le moindre soutien nous sera bien utile. On espère aménager des douches et des toilettes, y compris une laverie. Après, on envisage d’installer une petite scène et des chaises dans une grange et puis, aménager des places à l’ombre dans la cour, afin que les gamins s’y installent pour travailler leurs leçons. On ne veut pas nous contenter de mettre à profit seulement le bus, mais tout l’espace autour, qu’on a à notre disposition. »
Et puis, un deuxième bus sera bientôt transformé en espace d’apprentissage, ajoute Natalia.« Derrière la cour, on a installé un deuxième bus qu’on n’a pas encore commencé à transformer, mais on compte le faire, pour y travailler avec les enfants du village. Tout ça pour dire que le besoin et la volonté existent. On aurait besoin davantage de personnes prêtes à nous soutenir d’une manière ou d’une autre, selon leurs possibilités. Par exemple, des personnes prêtes à mettre à profit leurs compétences, ou qui veulent échanger avec les gamins en présentiel ou même à distance, des personnes qui contribuent financièrement à notre projet ou qui s’y intéressent et veulent savoir où on est. En fait, si on était plusieurs, on pourrait faire plus de choses. », conclut Natalia son histoire, tout en lançant un appel à la solidarité. (Trad. Ioana Stancescu)