De l’art au mètre carré
Il était une fois un pont qui
enjambait la rivière Olăneşti, qui arrose la ville de Ramnicu Valcea. Un jour, des gens vinrent y
installer des panneaux vitrés en plexiglas. Une belle initiative, sauf que la
lumière, qui s’y reflétait, non seulement déstabilisait les passants, elle créait
des illusions d’optique. De ce fait, les accidents de la route se multiplièrent
à cet endroit précis et même les pigeons des parages plongeaient droit dans les
vitres transparentes. Puisque les panneaux étaient bien nécessaires pour
protéger ceux qui empruntaient le pont, les édiles locaux eurent une idée
salvatrice: les faire peindre. Le résultat en valut bien une mention dans le
Livre des records: Adrian Ionuţ Luță, peintre passionné, fit des cinquante-huit
panneaux vitrés, bordant le chemin qui longeait la falaise de la ville de Râmnicu
Vâlcea, un album insolite avec des images de vieux édifices et des scènes de
vie rurale et citadine d’autrefois.
Ana-Maria Cononovici, 20.07.2021, 10:10
Il était une fois un pont qui
enjambait la rivière Olăneşti, qui arrose la ville de Ramnicu Valcea. Un jour, des gens vinrent y
installer des panneaux vitrés en plexiglas. Une belle initiative, sauf que la
lumière, qui s’y reflétait, non seulement déstabilisait les passants, elle créait
des illusions d’optique. De ce fait, les accidents de la route se multiplièrent
à cet endroit précis et même les pigeons des parages plongeaient droit dans les
vitres transparentes. Puisque les panneaux étaient bien nécessaires pour
protéger ceux qui empruntaient le pont, les édiles locaux eurent une idée
salvatrice: les faire peindre. Le résultat en valut bien une mention dans le
Livre des records: Adrian Ionuţ Luță, peintre passionné, fit des cinquante-huit
panneaux vitrés, bordant le chemin qui longeait la falaise de la ville de Râmnicu
Vâlcea, un album insolite avec des images de vieux édifices et des scènes de
vie rurale et citadine d’autrefois.
Adrian
Ionuţ Luţă, professeur d’éducation plastique au Palais des enfants de Râmnicu
Vâlcea, raconte la naissance dudit projet : « La
mairie m’a proposé de réaliser une peinture qui rehausse la beauté de la zone
en question, mais qui ait aussi une finalité pratique. Ce qui se traduisait par
faire baisser le nombre d’accidents de la route, arrêter l’hécatombe des
pigeons et, en même temps, mettre en lumière l’histoire de notre ville. Alors, moi j’ai pensé y peindre tous les monuments,
encore debout ou bien disparus, de Râmnicu Vâlcea, et recréer ainsi des pages
anciennes de l’histoire locale. Chacune des 58 vitres en plexiglas est haute de
2 mètres et longue de 4 mètres, ce qui donne une superficie totale de 300 mètres
carrés. C’est la seule peinture à l’huile sur plexiglas au monde. Personne
avant moi ne l’avait fait, à cause du risque d’exfoliation et de dégradation
très rapide de la peinture, qui est très élevé. Mais moi, j’ai utilisé des
couleurs très spéciales, qui résistent en bon état plus de cinquante
ans. »
Adrian
Ionuţ Luţă a choisi de peindre, sur les panneaux vitrés du pont sur la rivière
Olăneşti, des bâtiments historiques et des monuments dont certains n’existent
plus de nos jours : « Vous savez, ce
sera homologué bientôt. Ça aurait dû se passer il y a un
an et demi, mais la pandémie a tout bloqué. Ce sont des monuments de Râmnicu
Vâlcea, comme par exemple : la Maison-musée Anton Pann, monument d’architecture
urbaine construit vers la moitié du XVIIIe siècle et dédié à l’écrivain Anton
Pann, né en 1794 à Sliven, en Bulgarie, et décédé à Bucarest, en 1854 ; la statue du prince régnant de Valachie Mircea
le Vieux ; le bâtiment, aujourd’hui disparu, d’un ancien théâtre de la
ville ; l’ancienne poste, l’Hôtel de Ville, et autres. En tant que prof au
Palais des enfants, je travaille chaque jour jusqu’à midi ; après, je me
mettais à peindre ces panneaux jusque vers 10h ou 11h du soir. Je le faisais
même par moins 10° en hiver, je mettais des gants et des vêtements épais et je
continuais à peindre. Ça me faisait un énorme plaisir.
Mes élèves du Palais des enfants m’ont donné, eux aussi, un coup de main. Parce
que j’avais une date finale à respecter. Et j’ai fait tout mon possible pour respecter
les délais, malgré la météo. »
Les
habitants de la ville de Râmnicu Vâlcea qui passent par le pont Carol apprécient
ouvertement le nouveau paysage et l’idée de départ, excellente selon eux.
L’artiste
peintre le confirme : « La plupart
des gens de la ville sont très contents de l’existence de ces panneaux vitrés,
uniques au monde. Moi, j’ai voulu créer un musée en plein air, j’ai placé des
messages sur chaque vitre peinte, j’y ai indiqué le nom de chaque monument et
l’endroit où il est ou était érigé. Les couleurs contiennent aussi des éléments
phosphorescents, qui éclairent ainsi, un petit peu, le coin, lorsqu’il fait
nuit. J’avoue que j’ai énormément aimé ce projet, dans lequel je me suis
investi à fond, et j’aime beaucoup mon travail. J’ai essayé de mettre ensemble
l’art de rue et la peinture sur chevalet. L’art de rue utilise le graffiti, la
peinture sur chevalet est à l’huile. Moi, j’ai introduit la peinture à l’huile
dans l’art de rue et j’ai réussi, d’une certaine manière, à créer un musée en
plein air, sur un thème éducatif. »
Adrian
Ionuţ Luţă avoue aussi qu’il traverse, tous les jours, le pont du centre-ville de
Râmnicu Vâlcea, juste pour regarder les peintures et réparer les éventuelles éraflures
apparues ça et là, car cela arrive que des graffitis ou des rayures entament un
panneau ou un autre. En attendant la certification de son record, nous ne
pouvons que féliciter cet artiste plasticien enthousiaste. (Trad. Ileana Ţăroi)