A la (re)découverte de la féminité
Elles sont toutes mères, elles font des métiers très divers – professeurs, secrétaires, architectes – et ont des passions différentes. Pourtant, elles sont liées par une passion commune : la danse burlesque. Elles s’entraînent deux fois par semaine dans une école de danse de Bucarest, pour être en forme, certes, mais aussi pour être féminines. Nous nous sommes entretenus avec Camelia Maxim, ancienne professeure des écoles, à présent monitrice de danse. « J’ai pratiqué plusieurs styles de danse, mais je me suis finalement arrêtée à la danse sensuelle, car c’est là que je me retrouvais moi-même et que je pouvais me sentir inspirée, pour offrir quelque chose aux autres femmes et les aider à découvrir et à développer leur féminité. J’ignorais l’existence de ce style de danse. Je suis tout simplement tombée sur des festivals burlesques sur YouTube et j’ai été fascinée par la danse burlesque, car je trouve que c’est la forme de danse sensuelle la plus complète. C’est un mélange de sensualité, d’humour et d’esprit ludique. »
Ana-Maria Cononovici, 10.11.2020, 13:02
De là, jusqu’à commencer à l’enseigner, il n’y a eu qu’un pas. Camelia Maxim: « C’est ce que l’on m’a demandé de faire, par un groupe de femmes avec lesquelles j’explorais justement cette dimension féminine. Nous étions engagées dans une quête de la féminité. Et puisque j’étais monitrice de danse, on m’a demandé de donner des cours. Les femmes ont besoin de découvrir leur sensualité, car elles sont nombreuses à galoper toute la journée, oubliant d’être femmes, d’être sensuelles, oubliant beaucoup de choses. »
Qui sont les élèves de Camelia Maxim ? « Mes élèves sont des femmes âgées de 22 à 50 ans. Certaines viennent tout simplement parce qu’elles se sentent un peu masculines et souhaitent retrouver leur féminité. Pendant une certaine période, j’ai travaillé avec des femmes qui étaient envoyées par leur thérapeute, car elles avaient certains blocages de ce point de vue-là. D’autres viennent tout simplement parce qu’elles souhaitent surprendre leur mari ou leur petit ami. »
Nous avons parlé à une de ces élèves. Monica a 38 ans, elle est mère et elle est passionnée de ce style de danse depuis plus de deux ans déjà. Comment l’a-t-elle découverte ? « J’ai cherché un style de danse qui puisse me sortir de ma zone de confort, pour me sentir plus féminine et gagner de la confiance en moi-même. Une danse qui me permette de m’accepter telle que je suis, d’explorer ma sensualité, de développer ma féminité. En fait, l’idée du burlesque m’est venue après avoir vu un film, il y a plusieurs années. Et j’ai cherché de l’information sur cette danse, j’ai vu de quoi il s’agissait, ce qu’elle représentait aux yeux des autres, de la société et je me suis dit que c’était ce que je devais faire. »
Selon Monica, la danse burlesque offre à celles qui la pratiquent une expérience tout à fait à part. « Je me rappelle qu’au début, je suis allée au cours préparée comme pour la salle de gym : pantalon de sport, T-shirt large … et je me suis retrouvée dans un monde où les filles étaient en corset, elles avaient des porte-jarretelles et des gants ou des mitaines. Et je me disais : je ne pourrais jamais m’habiller comme ça ; elles sont très courageuses, elles sont très belles, elles sont très sensuelles, quant à moi, regardez de quoi j’ai l’air ! A l’époque j’avais aussi environ 13 kilos de plus – et beaucoup de complexes ! Je regardais ces filles-là avec admiration, j’aurais voulu être comme elles. A présent, je porte, moi aussi, un corset ou un body en dentelle, je suis féminine et j’ai plus de confiance en moi. Je suis revenue au style vestimentaire de mon adolescence : j’ose porter à nouveau des jupes courtes, des blouses un peu cambrées, non seulement pour m’habiller, mais aussi pour mettre en valeur mon corps. J’ai assez de confiance en moi pour tenter de nouveaux projets et évoluer. »
Une évolution guidée attentivement par sa monitrice de danse, Camelia Maxim. « Cami ne travaille pas uniquement le côté technique. Elle travaille beaucoup avec nous le côté psychique, pour que nous nous sentions féminines. Au début, elle nous répétait sans cesse : Regardez-vous dans le miroir ! Admirez-vous ! Et je ne comprenais pas comment j’aurais pu me regarder dans le miroir et m’aimer, m’admirer, me contempler. Elle a toujours guidé nos pas pour nous rendre plus confiantes et plus féminines et plus sensuelles et nous faire gagner plus d’assurance. Elle nous a appris comment marcher, comment nous assoir sur une chaise pour être féminines, élégantes. Comment non seulement être assises sur une chaise, mais transmettre quelque chose en s’asseyant. Pour moi c’est ça, le burlesque, c’est plus qu’une danse ! »
Il s’agit d’une acceptation de soi, il s’agit de modeler son corps – et son comportement – et évoluer. Et il s’agit aussi de la santé de celle qui la pratique, car les entraînements sont pris très au sérieux. Monica explique : « Chaque cours de danse commence par un échauffement rigoureux, car on ne saurait exécuter des éléments spécifiques de la chorégraphie de cabaret si l’on ne s’est pas bien chauffé les jambes ; on ne saurait exécuter certains mouvements sur la chaise sans avoir renforcé les muscles du dos et du ventre ; on ne saurait avoir une tenue droite, belle et élégante, si nos muscles ne sont pas chauffés et tonifiés. Je me suis aperçu que, depuis deux ans que je pratique la danse burlesque, non seulement j’ai perdu du poids, mais j’ai aussi modelé mon corps, j’ai des muscles bien dessinés, mais ce n’est pas une musculature masculine, inspirant la force, c’est une musculature féminine, avec des muscles allongés et élégants. J’ai aussi remarqué que je pouvais suivre un entraînement de deux heures et plus sans être fatiguée et sans avoir des douleurs musculaires qui m’empêcheraient de descendre du lit le lendemain matin. Ce que nous faisons, ce n’est pas que de la danse, c’est aussi un travail de tonification des muscles et de résistance physique. »
Les élèves de Camelia Maxim participent normalement à deux spectacles de danse burlesque par an avec l’école de danse qu’elles fréquentent. L’année dernière elles ont pourtant réussi à monter aussi leur propre spectacle. Ça vous dit ? (Trad. : Dominique)