Animez(-vous), les enfants !
Ana-Maria Cononovici, 06.10.2020, 11:53
Le
cinéma roumain d’animation trouve ses origines dans l’art graphique des
journaux. Tous nos grands créateurs de films d’animation ont été des
caricaturistes. A ses débuts, dans les années 1920-1948, l’animation roumaine
s’est affirmée entre autres grâce à Aurel Petrescu. Ce dessinateur prolifique a
signé 11 films, mentionnés dans la presse de l’époque, et 70 autres animations,
pour la plupart des pubs. Avec les dessins du caricaturiste Ion Popescu-Gopo,
l’animation roumaine allait connaître son heure de gloire. Suite aux nombreux
prix décrochés par Ion Popescu-Gopo aux festivals internationaux, en 1964 était
fondé en Roumanie le studio spécialisé « Animafilm ». Dans peu de
temps, « Animafilm » devint une marque renommée, ce studio produisant
une soixantaine de films par an et rapportant à la Roumanie plus de 40% des
recettes en dollars provenant des exportations. La mort de Gopo, en 1989, a
marqué la fin de l’animation roumaine classique.
Poussé
par le désir de redonner du souffle à ce genre cinématographique, le professeur
d’art graphique Liviu Acasandrei a créé un studio d’animation 2D destiné aux
enfants : « J’ai essayé de
mettre sur pied ce studio d’animation, parce que j’ai constaté qu’il y avait
beaucoup d’enfants passionnés d’animation, attirés par le manga et l’anime, et
ce fut là mon point de départ. J’ai souhaité les aider à mieux comprendre ce
qu’est l’animation, car c’est un domaine beaucoup plus complexe que le
graphisme numérique. Le but de ce studio d’animation 2D est d’orienter les
enfants vers l’art numérique et de leur faire comprendre le concept d’animation
2D. Après avoir étudié chaque module et finalisé les 3 niveaux de cette
formation, s’ils se décident pour l’animation, ils vont travailler avec moi sur
différents projets. »
Liviu
Acasandrei offre également à ses élèves des éléments de scénographie, texte et
image nécessaires à la production d’un film d’animation. Et les enfants sont
nombreux à participer à cette formation : « A présent, je travaille surtout en ligne, avec des groupes de 3
ou 4 enfants. J’ai une classe de 30 élèves. Ils continuent cette formation, car
ils sont passionnés. Certains d’entre eux ont un talent natif, d’autres font
déjà des études au lycée d’art. Je suis émerveillé de constater combien
l’animation 2D est recherchée. Et cela n’est pas valable uniquement pour la
ville de Bucarest. J’ai tenu un cours d’animation à Timişoara aussi, où j’ai eu
27 élèves. Cela prouve que l’animation 2D suscite encore de l’intérêt et c’est
une bonne chose. »
Le cours
comporte 3 modules, mais il doit être complété par beaucoup de travail
individuel, note Liviu Acasandrei : « On
doit, en effet, beaucoup travailler à la maison. J’exhorte mes élèves à
s’exercer aussi chez eux, pas seulement pendant les cours, pour gagner de
l’expérience. Certains enfants ont un penchant pour le dessin, c’est par
passion qu’ils travaillent. Ils prennent l’animation à zéro. L’animation est
beaucoup plus complexe que le graphisme numérique, elle nécessite plus de
dessins, plus de créativité, plus d’attention. Pourtant, avec les générations
actuelles, ça va beaucoup plus vite, ils apprennent très facilement ! »
A part
le travail sur une tablette, les enfants doivent aussi comprendre la façon dont
l’idée d’animation a évolué. Liviu Acasandrei : « A présent je travaille avec eux sur une tablette graphique, en
principe chacun en a une, certains travaillent à l’atelier ou en ligne. Je leur
fais également comprendre la façon dont l’animation est apparue. Petit retour
en arrière, dans l’histoire de cet art : en fait, l’animation est apparue
grâce à la photo. Le père de l’animation est un professeur belge qui a regardé
le soleil pendant une minute, après quoi il a posé son regard sur une autre
surface et il a vu apparaître des points jaunes, pendant une minute, au bout de
laquelle ils ont disparu. Ses études sont à l’origine de l’animation, qui a
évolué pour devenir ce qu’elle est de nos jours, dans l’ère du numérique. »
Liviu
Acasandrei voit en ce studio une sorte de tremplin pour ses élèves les plus
doués et les plus appliqués : « En
travaillant dans ce studio d’animation, je ne me donne pas uniquement pour
tâche de former ces élèves. Je tâche de les entraîner dans différents projets
et ceux qui ont du talent et travaillent bien, je les prends comme
collaborateurs. Je souhaite que ce studio devienne un vrai studio d’animation,
comme il l’a été en 1992, lorsque des artistes de qualité y créaient des films
d’animation avec lesquels ils participaient à différents festivals. Ce ne sont
pas simplement des cours, je tâche de lancer les jeunes talents, car il est
difficile de se développer tout seul, on évolue mieux et plus vite dans un
groupe. L’apprentissage est plus facile. »
Nous
attendons donc, avec optimisme, de nouveaux films d’animation roumains, après
une pause d’une vingtaine d’années. Nous devons juste patienter un peu, leurs
futurs créateurs sont en train de se former ! (Trad. : Dominique)