Visite guidée découverte de l’art de rue de Bucarest
La
présence du street art dans les villes de Roumanie est de date assez récente.
Bien que cet art semble à la portée de tous, rares sont ceux qui le remarquent
sur leur chemin. D’où les initiatives promotionnelles, à travers des balades.
C’est justement d’une telle initiative que nous allons parler aujourd’hui.
Ana-Maria Cononovici, 22.09.2020, 15:36
La
présence du street art dans les villes de Roumanie est de date assez récente.
Bien que cet art semble à la portée de tous, rares sont ceux qui le remarquent
sur leur chemin. D’où les initiatives promotionnelles, à travers des balades.
C’est justement d’une telle initiative que nous allons parler aujourd’hui.
Valentin
Dobrin, l’organisateur de l’un de ces circuits alternatifs, nous a confié que
l’idée lui était venue après un city break en 2018, à Berlin, ce haut lieu de
l’art urbain en Europe et dans le monde : « J’ai
participé à un tour alternatif là-bas et j’ai beaucoup aimé l’idée. De retour
en Roumanie, je me suis demandé s’il en y avait chez nous aussi. Je savais que
le street art avait pris de l’ampleur dernièrement et que l’on pouvait voir de
plus en plus de peintures murales. J’ai découvert qu’il y avait deux autres
circuits, destinés plutôt aux touristes. J’ai eu l’idée de faire un circuit
accessible aux habitants de Bucarest, pas seulement aux touristes. Et c’est là
que tout a commencé. »
En
l’écoutant parler, moi, la Bucarestoise, je me suis posé la question si je
connais vraiment ma ville, si je sais ce qu’elle cache. Mon doute a été
confirmé par Valentin Dobrin : « La
grande majorité des Bucarestois connaît deux ou trois endroits où cet art de
rue se déploie. Ils ont une petite idée des artistes locaux et certaines
connaissances sur cet art. Pourtant, une grande partie de ce que je leur montre
leur est inconnue. Et à la fin, beaucoup sont étonnés et disent qu’ils sont
passés plusieurs fois par un certain endroit de la ville sans deviner quelle
beauté se cachait derrière tel ou tel immeuble. La visite guidée a lieu au cœur
de Bucarest, avec pour point de départ la Place Revoluţiei. Notre itinéraire
passe par l’Avenue de la Victoire, le jardin de Cişmigiu, Calea Griviţei et
enfin Piaţa Romană. Cela prend environ trois heures et demie. »
La
communauté des artistes de rue commence à se développer, précise notre
interlocuteur, qui ajoute : « Les
artistes proviennent d’horizons divers. Certains d’entre eux sont les gamins
d’hier qui faisaient du graffiti – rien de plus naturel que de passer du
graffiti au street art. D’autres s’étaient exercés auparavant à la bande
dessinée. Enfin, il arrive que des illustrateurs finissent par se passionner
pour le dessin mural. Cette communauté artistique grandit et je pense que l’on
assiste à un développement organique et très beau de l’art de rue à Bucarest.
L’art urbain n’est pas que de l’art mural. C’est aussi les stickers, ces
autocollants que l’on peut voir sur les poteaux, sur les panneaux de
signalisation. Cela renvoie également au collage, mais il existe aussi d’autres
genres de technique de street art. »
Nous
sommes à la frontière entre légal et illégal, car si les autorisations sont
toujours prises pour les grandes interventions, les petites y échappent. J’ai
demandé à Valentin Dobrin s’il y avait un univers thématique du street art
: « C’est
très varié. Les thèmes peuvent relever du social, de la politique, mais cela
dépend de l’expérience et des sentiments de chaque artiste. Et puis l’art de
rue peut se décliner en graffitis, peintures murales, stickers et collages. Il
y a des artistes qui fabriquent même des figurines en céramique, qu’ils collent
dans les espaces publics. Or, si quelqu’un ne vous les montre pas, il est presque
impossible de les trouver. En plus, j’essaye de clarifier un peu l’éternelle
question : est-ce de l’art ou du
vandalisme ? Beaucoup de gens confondent les deux, ne connaissent
pas la différence entre le graffiti et le street art. Le graffiti est une écriture
sur un mur ou un dessin, réalisé par quelqu’un à des fins on peut dire publicitaires.
Tout ce qui compte pour l’auteur, c’est que son nom soit quelque part sur un
mur et que les autres le voient. Par contre, dans le street art, le dessin ou
l’écriture sont porteurs d’un message. A mon avis, on parle d’art urbain
lorsqu’un dessin provoque une réaction du spectateur. »
Et
parce que nous voulons nous promener dans de beaux endroits, Valentin Dobrin a
lancé une invitation : « Tant qu’il n’y a pas de restrictions, ces tours guidés
ont lieu tous les dimanches, à partir de 11h00. Davantage de détails sur le
site alternative-bucharest.com. » (Trad. Mariana Tudose)