Surprises, pandémie et art contemporain
Ana-Maria Cononovici, 16.06.2020, 12:37
Parmi
eux, le Musée National d’Art Contemporain, dont le directeur, Călin Dan, nous invite
à découvrir les : « Il y en a
plusieurs. En fait, deux fois par an, nous réservons à nos visiteurs la
surprise de deux vernissages d’envergure, pour lesquels les 4 étages du musée
sont réorganisés de fond en comble. Deux fois par an nous accueillons 5 ou 6
nouvelles expositions, sans compter la collection permanente, qui subit elle
aussi des remaniements importants lors de chaque vernissage saisonnier. Cette
année, l’exposition sera consacrée à la période ingrate que nous venons de
traverser et que nous souhaitons contrebalancer. Et puisque notre musée se
trouve derrière le Palais du Parlement et que devant nous s’étend un terrain
vague sur lequel se promènent des oiseaux et des lièvres, nous envisageons d’en
profiter pour organiser un vernissage en plein air. Ce sera une expérience nouvelle
pour nous et pour le public. »
Une expérience et une tentative de réinventer l’approche
de l’art et le rapprochement entre les êtres humains, dans la mesure où cela peut
se faire en ce moment. « L’art comme facteur de cohésion sociale »
est d’ailleurs le thème de cette nouvelle saison au Musée d’Art Contemporain. Les
expositions pourront être visitées en réservant un tour et en respectant les
conditions de distanciation physique imposées.
Călin Dan passe en revue les expositions qui attendent
leurs visiteur : « A l’entrée,
veille une gigantesque installation du peintre Petru Lucaci, professeur et
président de l’Union des artistes plasticiens, qui est un ami de longue date de
notre musée. A côté, dans la Salle de marbre, nous avons placé une
méga-installation signé par Radu Comşa, un artiste moins connu de Cluj, mais je
suis certain que ce qu’il propose fera fureur. Au premier étage est installée
la principale exposition du musée, «Văzând Istoria/ Regarder
l’histoire », grandement renouvelée. J’invite donc ceux qui l’ont déjà vue
à ne pas l’éluder. Au troisième étage – nouvelle rétrospective Iulian Mereuţă,
un artiste roumano-français vraiment extraordinaire, qui nous a quittés, hélas,
il y a quelques années. Trois salles débordent de ses œuvres, que le public
pourra connaître en profondeur. Au quatrième étage nous avons installé les créations
de Filip Markiewicz, un artiste luxembourgeois pluridisciplinaire. Enfin, dans
la très sympathique galerie de la cafétéria, nous avons exposé les propositions
reçues suite à notre concours de visibilité ; ce sont des projets
graphiques réalisés en collaboration avec la cafétéria et qui se proposent de
personnaliser nos verres à café. Et
puis, depuis le 4e étage jusqu’au rez-de-chaussée, l’escalier
d’évacuation accueille l’exposition de graffiti « Urban Steps »,
réalisée par les plus célèbres – et en même temps les plus jeunes – graffeurs
de Roumanie. »
Présent, cette année, avec « Material
Scapes », Petru Lucaci procède à une réévaluation du symbolisme des
objets environnants, en proposant de nouveaux « paysages » matériels.
Utilisant des matériaux recyclables et des objets apparemment anodins,
l’artiste recompose l’espace, lui conférant de nouvelles significations et
connotations.
L’exposition proposée par Radu Comşa s’appelle
« Discussion réductionniste en 4 couleurs ». Sa peinture excède la
toile, tentant de se créer son propre décor et renvoyant au jeu comme méthode
de travail. Cette exposition découle d’une étude approfondie des différentes
théories des couleurs. L’artiste n’essaie pas de les illustrer, mais de dévoiler
la vérité par des méthodes empiriques.
Au 4e étage, le projet « Ultraplastik
Rhapsody » de Filip Markiewicz évoque la complexité et l’absurdité
mélancolique du monde actuel. Alors que l’Europe et le monde numérique sont
minés par des contradictions intérieures et que la croissance économique et le
progrès technologique y apparaissent comme la seule trajectoire possible pour
l’humanité, l’univers de signes et d’images de Filip Markiewicz encourage la
conscience et la résistance individuelles face aux régimes de la peur.
Aux expositions que nous venons de mentionner s’ajoute
une rétrospective-laboratoire de Iulian Mereuță – « Les métamorphoses de
Julian ». A noter que Iulian (Julian) Mereuță (1943 – 2015) s’est formé à
l’école de la troisième vague du surréalisme roumain, comme membre de l’équipe
de la revue Arta et comme
représentant du mouvement de l’art conceptuel. Cet art est apparu vers la fin
des années ’60, avant l’émigration de l’artiste en France, en 1978. C’est une exposition
vivante, conçue pour être dynamique et qui sera transformée plusieurs fois pendant
qu’elle restera ouverte.
Simple et juvénile, le projet « Go to MNAC » (« Allez
au Musée National d’Art Contemporain ») est une exposition
d’illustration contemporaine. Elle a été réalisée suite à un concours destiné
aux jeunes talents et dont le but était de faire du musée un repère sur la
carte de la ville. Les 20 ouvrages exposés sont signés par les finalistes et
par la gagnante du concours. L’illustration gagnante sera imprimée sur 50.000
verres à café utilisé par la cafétéria du musée – et par les cafétérias du même
réseau répandus à travers la ville.
Pour l’instant, les personnes qui franchissent le seuil
du musée doivent porter un masque, des doseurs de désinfectants sont placés à
l’entrée et le nombre de visiteurs acceptés au même moment à l’intérieur du
musée est limité. (Trad. : Dominique)