Histoires avec et sur les photos
Ana-Maria Cononovici, 19.05.2020, 11:56
Raconter des
histoires qui commencent par Il était une fois…. Il était une
fois une boîte peinte, renfermant des photos légèrement effacées. Il suffisait
de l’ouvrir pour qu’elle vous fasse découvrir la vie de toute une famille. On
aurait dit un puzzle à l’ancienne. A y regarder de plus près, on ne manquera
pas d’observer un nom ou un message qui renvoient à d’autres membres de la
famille de la personne prise en photo. Cristina Irian et son associé, Dorian
Delureanu, partagent la même passion : celle de la photo perçue comme image et
histoire à la fois.
C’est là le point de départ de leur aventure baptisée
l’Association Photo Omnia, explique Cristina Irian : L’histoire de notre
association a eu pour point de départ la découverte de deux sources
photographiques, pas forcément des archives. Il s’agit de deux ateliers photo ouverts
à l’entre-deux-guerres, à Craiova et à Bucarest, sous l’enseigne Studio Photo
Omnia. D’où le nom de notre assocation. On s’est donc mis à dénicher des photos
réalisées dans ces deux ateliers-là. Notre projet s’est avéré fort intéressant.
Ainsi avons-nous découvert que les deux ateliers étaient spécialisés l’un dans
la photo portrait, l’autre dans la photo événement. Aux dires d’une chercheuse,
ce dernier aurait été lié à un groupe d’étudiants en architecture et en design.
Cristina Irian nous a
parlé des archives récupérées : « Nous avons étudié plusieurs archives.
Nous menons deux grands projets : l’un centré sur les archives de famille et
professionnelles, l’autre sur les albums de famille et de voyage, soit un
sous-genre des albums de famille.Nous
avons réalisé un projet-pilote autour des albums de famille dans différentes
contrées de Roumanie et des albums de voyage ayant appartenu à des jeunes ou à
des hommes d’affaires qui ont vécu à Bucarest à l’entre-deux-guerres. Ces
archives sont venues en quelque sorte à notre rencontre. »
Une des plus belles
histoires dévoilées par des photos datant de 1897-1960 se déroule à Gura
Humorului. Ecoutons Cristina Irian : « Les premières archives, pas
tellement liées à la boîte de Ioana, donc à la boîte aux histoires du nord de
la Roumanie, ont apparu lors d’un événement organisé en 2017, en collaboration
avec un bon ami à nous. Il y était question de photographie ancienne et
nouvelle, de techniques vieilles ou modernes. Bref, nous avons tenté, avec
l’aide de Paul Aioanei, une sorte de reconstitution de l’art de la
photographie. C’est à l’occasion de cet événement accueilli par l’atelier de
notre ami que nous avons fait la connaissance d’Ioana Brunet, de Gura
Humorului, celle qui détient ces archives. Nous avons mis un certain temps à
numériser ces archives, au travers d’un projet pilote. Ce fut le point de
départ de notre recherche, qui visait à transformer ces archives en un double
produit numérique : celui des photos et des personnages. Tous ces efforts ont débouché
sur une présentation audiovisuelle, à partir des photos et des documents découverts,
une sorte d’archives racontées par Ioana. Notre première intention c’était de
raconter l’histoire de ces archives en présence de leurs propriétaires
respectifs. Toutefois, puisque nous voulions garder ces présentations, nous
avons pensé à faire un enregistrement de 10 à 15 minutes, qui mélange texte et
image. »
Chaque photo a sa
propre histoire. Sa propre demeure aussi. Quand on en aura franchi leseuil, des tas d’histoires de vies se
dévoileront à nos yeux, des fois dans les moindres dératails: parents,
grands-parents, petits-enfants, villes et pays.
Sur le site Internet
de l’association, on trouve également des images des voitures Dacia, partie
d’un projet anniversaire (La Dacia 50 roule toujours !). D’autres encore nous
font découvrir les Fontaines d’Olténie ou bien les Mystères de la ville de
Craiova.
Cristina Irian nous a
parlé du but poursuivi par la création de ces archives : « En fait, il
y en a deux. D’une part, nous avons voulu présenter les archives telles quelles
et raconter l’histoire de leurs propriétaires, de l’autre mettre en évidence le
côté technique (genres photographiques, manière de poser), voire même
certains noms d’artistes photographes renommés de leurs temps. Nous sommes
tombés sur des noms célèbres du domaine à l’entre-deux-guerres et sur des
matériels très rares. »
En partenariat avec
des associations et institutions culturelles, l’Association Photo Omnia a mené
aussi un projet de longue haleine, intitulé Analogic192021. Un projet de
recherche, de numérisation, de promotion de la photographie analogique, des
collections et des archives photos des différentes communautés de Roumanie. Ce
projet a rendu possible la mise sur pied d’une exposition présentant les photos
réalisées en 2017, suivant le concept Omnia Photo, par le photographe Costică
Acsinte. Le thème de l’exposition c’était les pratiques d’utilisation de la
photographie au sein des communautés de Ialomița, la contrée natale du photographe.
(Trad. Mariana Tudose)