La Nuit des idées … porte conseil !
Les quatre antennes de l’Institut français de Roumanie – Bucarest, Cluj-Napoca, Iaşi et Timişoara – ont proposé des affiches généreuses, contenant débats, expositions, ateliers créatifs. S’y est jointe l’Alliance française de la ville de Ploieşti, avec également plusieurs débats et ateliers interactifs. Cette année, la Nuit des idées a eu pour thème « l’être vivant », une ambiguïté voulue entre le verbe et le nom, puisque l’événement est avant tout une invitation à la réflexion, loin des traditionnelles rencontres avec des experts détenteurs de la vérité qu’ils révèlent aux autres mortels.
Ana-Maria Cononovici, 18.02.2020, 15:21
Les quatre antennes de l’Institut français de Roumanie – Bucarest, Cluj-Napoca, Iaşi et Timişoara – ont proposé des affiches généreuses, contenant débats, expositions, ateliers créatifs. S’y est jointe l’Alliance française de la ville de Ploieşti, avec également plusieurs débats et ateliers interactifs. Cette année, la Nuit des idées a eu pour thème « l’être vivant », une ambiguïté voulue entre le verbe et le nom, puisque l’événement est avant tout une invitation à la réflexion, loin des traditionnelles rencontres avec des experts détenteurs de la vérité qu’ils révèlent aux autres mortels.
Quelle est notre place dans le monde vivant ? Comment le fait d’être vivant nous oblige-t-il à passer à l’action ? Comment l’acte créateur peut-il sauvegarder l’environnement? Cristian Neagoe, responsable des relations publiques à Greenpeace Roumanie, explique: « La nature et la culture vont main dans la main ; sans la nature, il n’y aurait pas de culture et réciproquement. La manière dont nous réussissons à comprendre ce qui se passe à présent est, je crois, vitale pour ce se passera plus tard. »On dit qu’à l’intérieur de chaque être humain se cache un artiste. Suzana Dan, manager culturel de la Résidence BRD Scena9, a reformulé cette phrase, disant que: « Aujourd’hui, il faudrait que chaque être humain soit un activiste. A mon avis, que l’on soit artiste ou acteur dans un autre domaine d’activité, il est très important d’avoir le courage d’assumer une réaction, ce qui est en fait une forme d’activisme par rapport à nos problèmes, qui sont communs. Les artistes ont effectivement un fort atout, celui d’être présents et visibles. L’image a une grande richesse et une force de communication qui transmettra un message très fort. J’aimerais que nous soyons aussi réactifs que possible.»
Mihai Stoica, directeur exécutif de l’Association 2Celsius, a élargi l’activisme à d’autres acteurs du quotidien: « J’ai un ami photographe qui est en même temps doctorant en biologie, à l’Université de Hambourg, où il étudie les algovirus et la transmission des virus de différents organismes hôtes à l’homme. Il disait, récemment, que le changement climatique a commencé à modifier l’aire de dissémination des virus. Et il a choisi de documenter sa recherche en exposant des photos. Est-il un scientifique ou un photographe? A-t-il une responsabilité de communiquer ? Ses photos sont généralement très poétiques, sans aucun rapport avec le fait qu’il est un homme de science. Mais il a assumé aussi ce rôle, de nous dire quelque chose aussi sur les virus, et de le dire d’une manière qui fasse réfléchir au changement climatique. »
Cristian Neagoe, responsable des relations publiques de Greenpeace Roumanie, a ajouté: « A mon sens, le grand problème de l’humanité est le fait qu’elle ne s’est jamais considérée comme une partie de la nature, qu’aux yeux de tous nos ancêtres, jusqu’il y a cent ans, la nature devait être conquise, soumise, exploitée. Toutes les religions, toutes les croyances nous disent que la nature nous est donnée par Quelqu’un, pour l’utiliser à nous développer et nous multiplier. Platon et Aristote la voyaient immuable, impossible à détruire et infinie. Eh bien, nous sommes arrivés au point où nous constatons qu’elle très fragile et que nous autres humains, nous nous sommes multipliés beaucoup plus qu’il ne le fallait. Nous sommes devenus une société de la consommation excessive. Aux yeux de Greenpeace, les plus grands problèmes sont la nature et la paix. Nous essayons de les protéger, nous essayons de convaincre aussi d’autres de se joindre à nous. »
Présente dans 55 pays, Greenpeace se bat en Roumanie pour la protection des forêts, le poumon vert de l’Europe, puisque nous détenons deux tiers des forêts séculaires du continent tandis que le bois est coupé à un rythme effréné, a rappelé Cristian Neagoe. « L’art réussit à rendre accessibles des choses apparemment très éloignées de nous. Il est donc différent de l’activisme, qui est plus acharné ; l’art nous conquiert en douceur. C’est d’ailleurs pour ça que l’art et l’activisme, ensemble, pourraient faire des miracles en matière de protection de l’environnement. »
La Nuit des idées ne produit pas que des débats, l’échange d’idées peut prendre d’autres formes aussi – danse, photographie, bande dessinée, peinture, caricatures, installations artistiques. Cette année, la responsabilité écologique a occupé le devant de la scène : la BD en tant que manifeste, des projets innovants dans la protection de l’environnement et l’utilisation efficace des ressources, l’implication des jeunes dans la protection de l’environnement, l’engagement citoyen à l’époque des urgences climatiques. (Trad. : Ileana Ţăroi)