Le Cénacle PLANETAR
Créé en 1992, à Bucarest, le Cénacle PLANETAR (Planétaire, en français) est devenu une véritable pépinière d’écrivains. Il a réuni, toutes les semaines, pendant une dizaine d’années, l’écrivain Constantin Pavel et une poignée de passionnés de science-fiction. Des noms importants de la science-fiction roumaine en sont issus ; des scientifiques, des journalistes et des graphistes de renommée mondiale se sont également formés au sein de ce cénacle. Puisque, avoir pris leur envol, les membres du Cénacle Planetar souhaitent offrir aux autres les mêmes moments d’enthousiasme qu’ils avaient connus jadis, le cénacle a rouvert ses portes cette année.
Ana-Maria Cononovici, 10.09.2019, 13:10
Créé en 1992, à Bucarest, le Cénacle PLANETAR (Planétaire, en français) est devenu une véritable pépinière d’écrivains. Il a réuni, toutes les semaines, pendant une dizaine d’années, l’écrivain Constantin Pavel et une poignée de passionnés de science-fiction. Des noms importants de la science-fiction roumaine en sont issus ; des scientifiques, des journalistes et des graphistes de renommée mondiale se sont également formés au sein de ce cénacle. Puisque, avoir pris leur envol, les membres du Cénacle Planetar souhaitent offrir aux autres les mêmes moments d’enthousiasme qu’ils avaient connus jadis, le cénacle a rouvert ses portes cette année.
A cette occasion, l’écrivain Constantin Pavel, son initiateur, a évoqué son histoire. « Nous nous sommes dit : « Et si l’on créait un cénacle ? » D’accord, mais où ? Et nous avons trouvé une grande compréhension auprès d’un professeur d’histoire du lycée « Tehnometal » – l’actuel lycée « Doamna Stanca ». Nous avons collé des annonces partout, j’ai averti mes amis et nous voilà réunis. Notre lieu de rencontre était une petite salle de classe, comme on en trouve d’habitude dans les lycées. J’y suis allé habillé d’un costume bleu ; j’avais une belle chemise, une cravate et une serviette élégante en cuir. Ces jeunes-là ils ont été impressionnés et un groupe s’est formé par la suite. »
Le groupe s’est réuni à différents endroits, même dans les tribunes du petit stade de Giuleşti. Constantin Pavel renoue le fil de l’histoire. «Enfin, par la bienveillance de l’astronome Harald Alexandrescu, directeur de l’Observatoire astronomique, boulevard Ana Ipătescu, nous y avons trouvé refuge. A partir de là, le cénacle a connu un essor extraordinaire, nous avons passé deux magnifiques années et puis 6 ou 7 ans encore, jusqu’à la dissolution progressive du groupe. Le cénacle comptait 60 à 70 membres. Nous avons édité plusieurs fanzines et nous avons participé à de nombreux événements dédiés à la science-fiction à travers le pays. Le Cénacle PLANETAR avait acquis une renommée. »
Constantin Pavel nous explique aussi le nom du cénacle. « L’idée m’est venue en jouant avec un jeu Lego que j’avais reçu d’un de mes oncles qui était aviateur. Il y avait là des astronautes et sur leur étendard il y avait l’emblème que j’ai adopté : une planète et une flèche figurant la trajectoire d’un vaisseau qui décolle de la Terre. C’est ce qui m’a donné l’idée d’appeler ce cénacle PLANETAR. Un cénacle qui a absorbé nos vies. Par la suite, nous nous sommes éparpillés, mais je suis heureux que des gens extraordinaires en soient issus. Ce que nous allons faire maintenant diffère un peu de ce que nous faisions alors, mais nous allons garder la même orientation. Ce sera un centre où nous créerons de la littérature, un centre où nous grandirons, en apprenant les uns des autres, où nous aurons l’occasion de rencontrer des écrivains. Ce que nous sommes en train de faire revivre, ce sera le « Planétaire central », pour ainsi dire. Et chacun de nous pourra s’occuper d’un Planétaire satellite, car nous avons conçu toute une structure de cénacles dans des écoles ; les gens sont ouverts et ils nous attendent. »
En 1992, Traian Bădulescu avait 15 ans et il y a trouvé un milieu qui l’a formé. « Je suis vraiment heureux que le cénacle PLANETAR ouvre à nouveau ses portes. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, en 1992, nous étions une vingtaine. A l’époque il n’y avait pas Internet, il n’y avait pas la téléphonie mobile. Ce fut une époque de grande effervescence, ce dont nous ne nous sommes même pas rendu compte au début. Le cénacle PLANTETAR a changé complètement ma vie. Nous n’étions pas cantonnés à la science-fiction. C’était, finalement, un cénacle culturel, un cénacle d’avant-garde qui nous a beaucoup aidés dans la vie. Je me rappelle qu’en 1991, par l’intermédiaire d’un de mes collègues de classe au lycée, je suis arrivé à participer à des rencontres Salle Dalles, à Bucarest, où Mihai Bădescu et Alexandru Mironov présentaient chaque dimanche un film de science-fiction. La projection était suivie de débats sur le thème du film. Cela m’a paru très intéressant. J’écrivais un peu, même avant d’avoir rejoint le cénacle, mais c’est après, en fait, que j’ai vraiment commencé à écrire. Souvent on se réunissait même deux fois par semaine et nous nous sentions obligés d’écrire pour chaque réunion. Nous étions très critiques les uns envers les autres et nous écrivions beaucoup. »
Liviu Surugiu est un autre nom emblématique du cénacle PLANETAR. Il a débuté comme écrivain de science-fiction en 1994, il s’est vu décerner de nombreux prix tout au long de sa carrière littéraire et son dernier livre, « Pulsar », avait déjà, en 2017, 6 mille lecteurs. Liviu Surugiu, qui a contribué d’ailleurs à la création de la première collection de science-fiction, raconte : « Je considère l’avenir avec optimisme, le cénacle aura une longue vie. Nous devrions identifier les besoins de nos futurs membres et tenter de les attirer. Moi, quand j’entends la voyelle A, je pense au mot « arici » – hérisson, car dans notre ABC, à l’école, à la lettre A était associé cette petite bête. La lettre B était associée à un ballon. Pour moi, le cénacle PLANETAR n’est pas associé à une maison d’édition, bien que ce soit là sa force. Pour moi, le plus important, c’est de créer des satellites autour de cette planète appelée PLANETAR. »
Le cénacle bénéficie également d’une bibliothèque de livres rares, appelée la Bibliothèque « Ion Hobana », d’après son donateur, le grand écrivain roumain de science-fiction. (Trad. : Dominique)