Le défilé des Brondoşi
Il y a 300 ans, les habitants de la contrée de Maramureş, dans l’extrême nord de la Roumanie, écrivaient une page d’histoire qui manque aujourd’hui des manuels scolaires, mais qui est toujours présente dans les âmes et dans les légendes des lieux. L’automne de l’année 1717 laissait derrière elle dégâts, églises brûlées, blessures profondes, morts, exploits dont les personnes âgées et les toponymes de la région ont gardé la mémoire. On y trouve ainsi « Le pilier des Tatars », « La clairière des Tatars » et presque chaque village possède un endroit, une vallée, un monument qui rappelle cette année de feu. De nombreuses légendes se sont tissées autour de cette dernière invasion des Tatars et des coutumes en sont nées, respectées chaque année. Les « Brondoşi » de Cavnic, localité située à une trentaine de kilomètres de Baia Mare, en est une.
Ana-Maria Cononovici, 31.12.2017, 13:16
Il y a 300 ans, les habitants de la contrée de Maramureş, dans l’extrême nord de la Roumanie, écrivaient une page d’histoire qui manque aujourd’hui des manuels scolaires, mais qui est toujours présente dans les âmes et dans les légendes des lieux. L’automne de l’année 1717 laissait derrière elle dégâts, églises brûlées, blessures profondes, morts, exploits dont les personnes âgées et les toponymes de la région ont gardé la mémoire. On y trouve ainsi « Le pilier des Tatars », « La clairière des Tatars » et presque chaque village possède un endroit, une vallée, un monument qui rappelle cette année de feu. De nombreuses légendes se sont tissées autour de cette dernière invasion des Tatars et des coutumes en sont nées, respectées chaque année. Les « Brondoşi » de Cavnic, localité située à une trentaine de kilomètres de Baia Mare, en est une.
De quoi s’agit-il ? Ioana Petruţ, manager de la Maison de la culture de Cavnic : « Cette coutume remonte à 1717. Cette année, nous marquons donc ses 3 siècles d’existence. Pour fêter cet anniversaire, un ample défilé des « Brondoşi » aura lieu à Cavnic. Les « Brondoşi » sont des hommes habillés des costumes blancs spécifiques de la zone, portant des sabots et un masque en fourrure de mouton sur la tête. La poitrine et le dos sont couverts d’un harnais auquel sont accrochées des cloches et des sonnailles, qui font un bruit assourdissant. Les « Brondoşi » parcourent le village, allant d’une maison à l’autre pendant les 3 jours de Noël. »
Il y a 300 ans, à proximité du Pilier des Tatars de Cavnic, les gens des parages, le visage couvert de masques et portant des cloches accrochées à leurs habits, auraient effrayé les chevaux des Tatars, réussissant ainsi à chasser les envahisseurs. Ils auraient eu à leur tête un villageois, Toader Crăciun, capitaine – dit-on – du fameux hors-la-loi Pintea Viteazul – Pintea le Preux. La coutume des « Brondoşi » rappelle cet épisode.
Ioana Petruţ : « On dit que dans le passé, les « Brondoşi » ont chassé les Tatars, arrivés à Cavnic en 1717. De nos jours, ils chassent les mauvais esprits. Les gens des parages racontent que c’est ainsi qu’ils avaient effrayé les Tatars, qui s’étaient enfuis, ne sachant pas qui les attaquait et la mémoire de cet épisode a été conservée par cette coutume. Les gens qui, il y a 3 siècles, avaient confectionné ces costumes pour effrayer les hordes tatares, sont représentés de nos jours par ces « Brondoşi » qui parcourent les rues du village les jours de Noël. »
Jeunes hommes masqués et « armés » de cloches, les « Brondoşi » chassent de nos jours les mauvais esprits, car, dans le mental des gens des temps jadis, la lutte contre les Tatars, qui brûlaient les églises, était une lutte contre le mal. Un costume authentique porté par les « Brondoşi » compte obligatoirement le masque en fourrure de mouton et le harnais auquel sont accrochées des cloches construites suivant les conseils des anciens. Les autres éléments du costume des « Brondoşi » sont à retrouver dans le costume traditionnel du Maramureş : chemise et pantalon blancs, ceinture large, ficelle tressée et sabots paysans en cuir.
Dans un des quartiers de la localité de Cavnic, la tradition des « Brondoşi » a lieu début janvier, lorsque les gens fêtent Noël selon le calendrier julien.
Qui sont les «Brondoşi » contemporains ? Ioana Petruţ, manager de la Maison de la culture de Cavnic : « Les élèves participent toujours à la fête et la plupart des garçons portent des costumes de Brondoşi. Ils viennent se joindre aux Brondoşi adultes. L’année dernière, on a eu une centaine de Brondoşi. Cette année, puisque nous avons un défilé d’une plus grande envergure, il y en aura certainement 200 ».
Selon la tradition, si les Brondoşi franchissent le seuil de votre maison, la Nouvelle Année sera bénéfique pour vous. Ioana Petruţ nous transmet le message des Brondoşi: « Joyeuses fêtes et venez nous voir à Cavnic, vous ne le regretterez pas ! »
Selon les vieilles gens des parages, jadis seul les « vrais hommes » étaient autorisés à devenir des « Brondoşi ». A présent, ce sont surtout les jeunes qui ont pris la relève et les enfants « brondoşi » font les délices de ceux qui les rencontrent. Cette coutume est pourtant strictement interdite aux filles. Si on les découvre habillées en Brondoş, on les roule dans la neige et on leur prend leurs cloches et leur masque. Ceux qui souhaitent rejoindre les « Brondoşi » peuvent louer un costume. Si vous voulez en acheter un, sachez qu’il coûte entre 500 et 1000 lei (soit 110 à 220 euros). (Trad. : Dominique)