Couleurs de fête
Le parfum des brioches — cozonac — et du vin chaud règne toujours dans les maisons roumaines, mais on n’entend plus les enfants chanter des noëls dans les rues. Avant que les fêtes ne s’éloignent pas trop, nous vous proposons de passer en revue quelques traditions roumaines liées au Nouvel An.
Ana-Maria Cononovici, 08.01.2017, 13:15
La chèvre, le Turc, Hérode, le maréchal, les Tziganes, les Phanariotes, la vieille femme et le vieil homme, le diable, la mort, les chevaux et la grande charrue sont autant de traditions que l’on peut rencontrer dans différentes régions du pays, sinon recréées dans des musées du village du pays. Par exemple, le musée du village Dimitrie Gusti de Bucarest a récemment accueilli un véritable régal de musique et de couleurs : « Le festival des coutumes et traditions de Noël et du Nouvel An.» Des groupes de jeunes en habits traditionnels ou costumés en différents personnages y sont venus des 4 coins de la Roumanie pour y présenter leurs traditions locales.
Costumes, masques, carillons, chants et danses — chaque élément a des significations bien précises. En voici un exemple. Ionut, jeune membre d’un groupe traditionnel de la région de Tulcea (est), nous explique les traditions de sa zone : «Il ne faut jamais oublier ces traditions. La veille de Noël, des groupes de jeunes sillonnent les villages : ils annoncent l’arrivée des fêtes et chassent les mauvais esprits, pour que les cours des fermiers soient propres à Noël. C’est pourquoi, au moment où ils entendent les carillons, les gens ouvrent les portes de leurs cours. Le fermier qui ne reçoit pas les jeunes qui chantent ne se sentira pas en paix à Noël. D’habitude, chaque foyer reçoit deux ou trois groupes de chanteurs. Chez nous, il y en a une cinquantaine !»
En Dobroudja, où vivent plusieurs ethnies, les Turcs reçoivent chez eux des chanteurs de noëls, alors que les Roumains préparent du baklava, le gâteau oriental aux noix et au miel. En Transylvanie, dans la région de Cluj, au centre de la Roumanie, il faut absolument accueillir les groupes de chanteurs qui vont d’une maison à une autre, en chantant des noëls. Ils ne portent pas de masques, mais seulement des costumes traditionnels. En revanche, les masques, c’est-à-dire les personnages, sont très répandus en Bucovine, dans le nord de la Roumanie. Ici, les chanteurs de noëls sont accompagnés par l’Ours, (évidemment — une personne costumée en ours).
Eugen Amaria, le chef d’un groupe de danseurs de Bucovine, nous explique en quoi consiste la danse de l’ours : « Premièrement, ce sont les gens déguisés en ours qui commencent à danser. Ils sont à genoux, puis ils se lèvent et dansent, puis ils retombent par terre. Cette danse symbolise la vie, la mort et la résurrection de l’animal. Notre groupe est formé de 13 personnes, en plus des musiciens. Les costumes sont faits en peau de mouton, chaque membre du groupe réalise son propre costume, alors que les musiciens portent des habits traditionnels. Le 31 décembre, nous parcourons le village jusqu’à minuit pour chasser les mauvais esprits et marquer le passage à la nouvelle année. »
Outre la danse de l’ours, de nombreuses autres traditions sont liées au Nouvel An : la danse de la chèvre, la danse des masques ou encore la danse des tsiganes. Les Bucarestois ont pu les découvrir toutes sans quitter leur ville, au festival organisé au musée du village Dimitrie Gusti. Ce fut aussi l’occasion pour eux de s’acheter des objets traditionnels réalisés par des maîtres artisans de différentes régions du pays, de goûter des produits du terroir, bref de s’immerger complètement dans l’atmosphère des fêtes d’hiver traditionnelles. Une fois les fêtes terminées, ils en gardent de beaux souvenirs qui les accompagneront jusqu’au prochain mois de décembre. (Version française : Valentina Beleavski)