Livraison de tendresse
Lettres manuscrites en petit format, missives en enveloppes scellées, lettres sous forme de puzzle, lettres miniatures enfermées dans des éprouvettes ou dans des bouteilles, missives écrites sur papyrus et joliment emballées dans des boîtes, vous avez là presque toute la production quotidienne de l’atelier spécialisé dans l’écriture de lettres. Ce projet est mené par deux jeunes femmes, qui se chargent de calligraphier vos messages et de les acheminer vers les destinataires que vous leur indiquez. Un projet qui se donne pour but de raviver la plus ancienne forme de communication écrite, à savoir la lettre manuscrite.
Ana-Maria Cononovici, 11.12.2016, 13:18
Loredana Munteanu est cofondatrice du service livrez dragoste. ro, atelierul de scrisori, livraison de tendresse.ro, atelier de lettres. Voici ce qu’elle nous raconté sur les débuts de ce projet : « L’idée est née en 2013, comme dans un jeu. Nous souhaitions alterner les moyens de communication. Conçu initialement pour trois mois seulement, le projet allait reprendre au bout d’un certain temps, car il avait remporté un succès fou. Il s’est transformé en un véritable atelier de lettres manuscrites, qui veut prouver que l’écriture a encore un avenir. »
Résultat? Plusieurs centaines de missives calligraphiées en l’espace d’un mois, précise Loredana Munteanu, qui poursuit l’histoire du projet, arrivé à l’étape des lettres voyageuses : « Les lettres voyageuses sont une initiative qui m’appartient en entier. Elle est née du désir d’explorer d’un point de vue créatif les espaces publics, mais aussi d’arracher les sourires les plus sincères aux voyageurs. On a commencé il y a deux ans, dans le métro bucarestois. Ensuite, les retombées positives nous ont poussées à élargir notre projet à d’autres moyens de transport – le train, le bus, le car touristique. Récemment, nous avons quitté la capitale pour d’autres grandes villes à travers le pays. Nous avons fait une première escale à Braşov, au centre du pays. Là, nous avons décoré de 300 lettres manuscrites le bus de la ligne 17. C’était vraiment intéressant d’observer les réactions des voyageurs: curiosité, timidité ou incertitude, car ils ne savaient pas s’il fallait ou non prendre la lettre, même si sur l’enveloppe on pouvait lire « allez-y, ouvrez, c’est bien vous le destinataire ». Enfin, je trouve que les habitants de Brasov en ont été ravis. »
Qu’est ce que les gens pensent de ce moyen de communication? Voici la réponse de Loredana Munteanu: « En principe, les gens sont fort émus à l’idée que deux jeunes femmes s’acharnent à apprécier cette méthode classique de communication qu’est la lettre, à faire renaître un certain charme du passé et qu’elles écrivent à la main tant d’histoires chaque jour. Pourtant, c’est si beau, croyez- moi! »
Loredana Munteanu nous a également parlé des projets liés aux fêtes de fin d’années: « Nous recevons déjà pas mal de questions sur les cadeaux à offrir à maman, à papa, aux grands -parents, aux collègues, au chef ou à la personne aimée. En plus, bien des Roumains nous écrivent de l’étranger nous demandant d’envoyer à leurs proches des messages de tendresse. Ça nous réjouit de constater l’intérêt grandissant des différentes compagnies, qui entendent délaisser le traditionnel coffret cadeau pour Noël en faveur des mots sincères, couchés sur le papier, en guise de remerciement pour le travail fructueux déployé tout au long de l’année. Après Brasov, nous allons faire étape à Baia Mare et à Iaşi, avant de regagner la capitale, où nous envisageons de distribuer nos lettres dans un autre moyen de transport en commun. »
Notre interlocutrice a préféré ne pas dévoiler de quel moyen de transport il s’agissait, pour ne pas gâcher la surprise qu’elle nous réserve au mois de décembre. Par contre, elle a eu l’amabilité de nous livrer le secret des lettres enfermées dans des bouteilles.
Loredana Munteanu: « Il y a trois types de lettres : la lettre manuscrite classique, la lettre en forme de violoncelle et celle figurant un cœur. Chaque bouteille est ornée de lavande ou bien d’épis de blé, qui sont des porte-bonheur. On roule le papier ciré dont on a brûlé le contour, on l’introduit dans le récipient que l’on cachette en laissant couler de la cire sur les épaules de la bouteille. Cette dernière, on la pose dans une boîte spéciale qui sera envoyée au destinataire. »
En ces temps dominés par les messages virtuels, le fait d’envoyer une lettre manuscrite peut redevenir le geste qui fait la différence, ouvre de nouveaux dialogues, touche et crée même des souvenirs. (Trad. Mariana Tudose)