Batailles historiques en miniature
Si vous avez gardé votre âme d’enfant, si vous aimez toujours les soldats de plomb et que vous soyez passionnés d’histoire, vous agréerez à coup sûr l’idée d’un musée de Roumanie de mettre sur pied une exposition de batailles en miniature. Le musée de la dépression de Baraolt (Musée national des Sicules) présente un diorama comptant près de 2.000 petits soldats qui met en scène la bataille de 1849 à Chichiş, dans le comté de Covasna, durant laquelle le révolutionnaire Gabor Aron a perdu la vie.
Ana-Maria Cononovici, 15.11.2015, 13:31
Le directeur du musée, Demeter Laszlo, nous raconte l’histoire de ces figurines : « L’année dernière nous avons commencé à travailler à une exposition d’envergure : une histoire en miniature – l’histoire de la Transylvanie depuis les temps les plus anciens jusqu’à la seconde guerre mondiale. L’année dernière nous avons réalisé le premier diorama figurant la bataille de Chichiş. L’exposition est toujours ouverte et nous nous proposons de lui ajouter chaque année de nouveaux dioramas. »
Fondé il y a 35 ans, le Musée de la dépression de Baraolt recèle une riche collection d’histoire locale, d’ethnographie, d’archéologie et de sciences de la nature. La création de ce musée est liée au nom de l’horloger et historien de la région Gaspar Kaszoni, qui a offert à la ville les objets qu’il avait collectionnés pendant plusieurs dizaines d’années. Le musée a été ouvert en 1979 et fermé cinq ans plus tard. Les objets ont pourtant été transférés au Musée national des Sicules de Sfântu Gheorghe. Suite à une initiative civique, le musée a été rouvert en novembre 2006 et la collection Kaszoni retourna dans ce musée qui allait s’appeler le Musée de la dépression de Baraolt.
Pourtant, puisque les visiteurs étaient peu nombreux, le directeur du musée, Demeter Laszlo, a envisagé de faire quelque chose d’unique en Roumanie : « Il s’agit en fait de soldats de plomb. On sait que dans leur enfance, nos grand-pères ont joué avec de tels soldats de plomb et j’ai cherché sur Internet pour voir si quelqu’un s’intéressait à ce hobby. J’ai trouvé Monsieur Homoki Gyula de Hongrie, qui habite à proximité de Budapest et qui en fabrique différents modèles et différents dioramas. En fait, c’est lui l’auteur de cette exposition, réalisée avec l’aide financière du Conseil local et du Musée national des Sicules. C’est lui qui a réalisé le premier diorama et nous envisageons de poursuivre cette collaboration. Le diorama est constitué de soldats de plomb de 15 mm, il sont donc tout petits et le diorama est très intéressant et présente tout en détail. Il s’agit d’une bataille entre les Russes et les Sicules, une bataille célèbre, lors de laquelle a perdu la vie Gabor Aron, le fondateur de l’artillerie des Sicules. On peut voir une partie du village de Chichiş, même l’église unitarienne et les troupes russes. De l’autre côté du diorama se trouve l’armée hongroise. Ce champ de bataille en miniature est constitué de quelque 2200 figurines – soldats, tours, maisonnettes. En Occident de telles figurines sont en vente dans les magasins. Ce que le travail de M.Homoki et de son équipe apporte de nouveau, c’est qu’il peint ses soldats – Sicules, Hongrois et Roumains. Et il dispose toutes les figurines sur le champ de bataille, pour donner une image très fidèle de ce qui s’est passé à l’époque. »
On se trouve devant une image très pittoresque du village de Chichiş, tel qu’il était il y a près de 170 ans, le diorama rendant les vêtements et des éléments de la vie des gens des parages. Nous avons demandé à Demeter Laszlo si les visiteurs souhaitaient acheter de telles batailles en miniature ou certains de leurs héros: « Nous disposons d’une petite collection à vendre et souhaitons mettre sur pied un magasin où l’on peut acheter de telles figurines. Ce qui est intéressant, c’est que non seulement les enfants sont intéressés, mais aussi les adultes, surtout les hommes. Ils viennent de tout le pays et même de l’étranger – et c’était d’ailleurs là le but de cette exposition: réaliser quelque chose d’unique en Roumanie et contribuer ainsi à développer le tourisme dans la dépression de Baraolt. »
Le musée recèle d’autres objets intéressants, dont le squelette d’un mastodonte ayant vécu il y a deux millions d’années et qui a été découvert en 2008, dans les mines de Racoş dans la contrée de Baraolt, durant des travaux d’excavation: « Le squelette de ce mastodonte, Anancus arvernensis, que l’on a trouvé dans la mine de lignite de la contrée de Baraolt est unique au monde. C’est le squelette le plus complet d’un mastodonte de cette espèce, ayant conservé plus de 80% de ses os. »
Le squelette mesure 7 mètres de long et il a une hauteur de 3,5 mètres. Pour l’instant, faute d’espace, il n’est pas exposé en entier, mais il attire déjà un grand nombre de touristes curieux. Notre interlocuteur espère que le musée pourra bénéficier d’un deuxième bâtiment, plus vaste, pour permettre à sa collection de s’élargir et au mastodonte de s’étaler à la verticale. (Trad.: Dominique)