La Croix au sommet du Mont Caraiman dans le Livre des Records
La Croix au sommet du Mont Caraiman, dans les Carpates roumaines, a été érigée à la mémoire des soldats roumains morts pendant la Grande Guerre et inaugurée le 14 septembre 1928. Construite en acier, sur un socle en béton armé recouvert de pierre, la croix haute de 39,37 m et dont les bras mesurent chacun 7 m, est entrée en 2013 dans le Livre des Records comme étant la plus haute croix du monde érigée à plus de 2291 mètres d’altitude. Fils d’un des bénévoles ayant participé à la construction de la Croix au sommet du Caraiman, Alexandru Bartoc est le président de la Fondation culturelle homonyme.
Ioana Stăncescu, 14.08.2014, 13:00
La Croix au sommet du Mont Caraiman, dans les Carpates roumaines, a été érigée à la mémoire des soldats roumains morts pendant la Grande Guerre et inaugurée le 14 septembre 1928. Construite en acier, sur un socle en béton armé recouvert de pierre, la croix haute de 39,37 m et dont les bras mesurent chacun 7 m, est entrée en 2013 dans le Livre des Records comme étant la plus haute croix du monde érigée à plus de 2291 mètres d’altitude. Fils d’un des bénévoles ayant participé à la construction de la Croix au sommet du Caraiman, Alexandru Bartoc est le président de la Fondation culturelle homonyme.
Il raconte l’histoire de l’entrée du monument dans le Livre des Records: « L’idée m’est venue à la mort de mon père, en 1995. Sa volonté était de restaurer la croix. Pour mon père, le Livre des Records ne voulait rien dire. Il était presque sûr que c’était la croix la plus haute du monde, et à présent, les documents que j’ai réussi à trouver le confirment. Cependant, l’important c’est de pouvoir consolider ce monument, vieux de 85 ans, car rien n’a été fait jusqu’ici. »
Alexandru Bartoc a fait le parcours du combattant avant de se voir remettre par la poste, en août dernier, le certificat Guinness de record. Passée inaperçue à l’époque, faute de publicité ou de cérémonie officielle, la performance a éveillé par pur hasard l’intérêt de l’opinion publique au début de l’année en cours:
Alexandru Bartoc : « La promotion de ce record a été le fruit du hasard. En décembre dernier, le Musée d’histoire de la Roumanie accueillait le lancement d’un livre sur la Reine Marie. Moi, j’y suis allé pour faire don au Musée d’une copie du certificat Guinness. Tout le monde s’intéressait aux ressorts de ma démarche. J’ai voulu que le gouvernement et le ministère de la Culture soient sensibilisés et considèrent d’allouer des fonds pour restaurer ce monument ».
Malheureusement, le ministère de la Culture est parmi les plus pauvres du pays, affirme Emanoil Savin, l’édile de la ville de Busteni, sous la juridiction de laquelle se trouve la croix. Ceci étant, il a décidé d’attirer des fonds européens non remboursables afin de sauver de la destruction ce monument emblématique pour la Roumanie, dont la construction, s’étant étalée sur deux ans et 4 mois, a attiré un nombre impressionnant de bénévoles animés uniquement par le patriotisme.
Alexandru Bartoc: « Tout le monde savait que cette croix avait été érigée sur l’initiative de la reine Marie. On dit que la reine aurait vu, en rêve, les Monts Bucegi couverts de sang. Elle en a parlé au roi Ferdinand et s’est dit que le sang était celui des héros de la Grande Guerre tombés au champ d’honneur. Les travaux allaient démarrer sous peu, en mai 1962, avant même la fonte des neiges en haute montagne ».
Cette croix impressionnante a failli être mutilée par les communistes, raconte Alexandru Bartoc : « Même si je n’ai trouvé nulle part de mention documentaire en ce sens, j’ai appris par les anciens qu’on a voulu la faire exploser ou bien qu’en 1972, le maire de la localité de Busteni aurait envisagé de l’amputer de ses bras et de placer une étoile en haut. L’édile étant tombé malade, son successeur aurait renoncé à cette idée, se disant peut-être que c’était un signe de la Providence. »
Abandonnée à son sort, ces derniers temps, la Croix de Caraiman, est, à ses 85 ans, une vénérable dame qui a impérieusement besoin de se faire soigner. La Fondation culturelle Bartoc n’est pas la seule organisation à avoir manifesté un grand intérêt pour ce monument. En 2009, la filiale de Prahova de l’organisation internationale Rotary a lancé une campagne de collecte de signatures visant à appuyer les futurs travaux de consolidation du monument et à introduire dans les circuits touristiques internationaux ce véritable symbole roumain, pour citer les propos de Marian Ilie, du Club Rotary Valea Prahovei.
Marian Ilie : « Nous souhaitons installer des panneaux signalant ce record, sur un itinéraire qui aille de l’entrée dans la ville jusqu’au sommet de la montagne, à Babele, en passant par la gare de départ du téléphérique. Nous envisageons aussi mettre des plaques explicatives bilingues, liées à ce monument. Nous voudrions rendre accessible aux différentes catégories de touristes le trajet menant du chalet Babele à la Croix de Caraiman. Enfin, nous avons également en vue d’aménager un mini musée, une terrasse panoramique, d’installer un ascenseur à l’intérieur de la croix, comme c’était prévu initialement, et de la doter d’un éclairage monumental similaire à celui de la Tour Eiffel. »
En attendant toutes ces dotations, la croix au sommet de Caraiman reçoit actuellement la visite de dix à vingt mille touristes par an, alors que leur nombre pourrait être beaucoup plus grand. (trad.: Alexandra Pop, Mariana Tudose)