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Charlottenburg, le village rond comme une pomme

La colonisation de la province historique roumaine du Banat, au 18e siècle, a été une action d’envergure, systématique et pensée jusque dans les moindres détails par l’administration autrichienne. Sur la planche à dessin, villages, villes et rues ont été tracés en une parfaite symétrie censée illustrer la culture de l’absolutisme dans l’architecture et l’urbanisme de l’époque.

Charlottenburg, le village rond comme une pomme
Charlottenburg, le village rond comme une pomme

, 06.02.2014, 13:00



Situé à seulement 50 kilomètres de Timişoara, ville de l’ouest de la Roumanie, Charlottenburg est l’unique village rond du pays. Il a été fondé vers 1770, par une trentaine de familles de Souabes, amenés par la deuxième vague de colons originaires de Baden – Wurtemberg, de Lorraine et du Tyrol du sud, pendant le règne de l’impératrice Marie Thérèse. Les historiens affirment que ces familles portaient dans leurs bagages les plans du futur village rond.



«Au milieu du village il y a une fontaine couverte, dont l’eau est très bonne. Derrière les mûriers qui l’entourent on aperçoit les maisons. Dans les cours, on voit des granges et des étables, des jardins avec des vignes. Construites à l’identique, les maisons ont la même hauteur et sont disposées à égale distance l’une de l’autre. Une symétrie sans faille. Il en va de même pour les quatre entrées du village ». C’est ce que Johann Kaspar Steube notait, le 5 mars 1779, dans son volume «Lettres du Banat», à propos du village de Charlottenburg.



L’histoire de ce village ne diffère pas trop de celle de la contrée. Au gré des occupations étrangères, le village a eu des propriétaires hongrois ou autrichiens jusqu’en 1921, lorsque la réforme agraire a remis les paysans en possession des terres. Au début du 20e siècle, un parc de chasse allait être créé à proximité du village. Il fut peuplé de daims amenés de Serbie et de cerfs des Carpates originaires de Bohème. Des parties de chasse y ont été organisées d’abord par le fondateur du parc, le comte Siegfried von Wimpffen, ensuite par la Cour Royale de Roumanie. Plus tard, après la guerre, on y voyait les soldats russes chasser à la mitrailleuse. Puis, ce fut le tour des dirigeants communistes et enfin des chasseurs amateurs venus d’Europe. Le parc et ses environs sont riches en gibier à poil et à plumes: sangliers, chevreuil, renards, loups, lièvres, outardes et cailles.



La communauté de Charlottenburg demeura relativement fermée jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans laquelle bien des hommes avaient trouvé la mort. Pire encore, en 1945, 43 des hommes du village ont été condamnés aux travaux forcés et déportés en URSS. Charlottenburg a également subi la collectivisation. Les terres ont été nationalisées et les paysans – obligés de travailler dans les coopératives agricoles de production. Erhard Berwanger, un des villageois de Charlottenburg, a créé un site Internet qu’il a nommé sarlota.de . Il y évoque l’atmosphère des années 60: «Ruga, la prière, était la principale fête que l’on célébrait dans le village à la fin octobre. La famille se réunissait autour de la table. On mangeait du coq rôti avec de la sauce de céleri. Les légumes, on les cultivait, en général, dans notre propre potager. Il ne faut surtout pas croire que l’on menait une vie idyllique. C’était tout le contraire. Les paysans travaillaient dur dans la semaine. Leurs seuls moments de répit étaient les dimanches et les jours de fête. Je me souviens avec plaisir des tilleuls et des acacias fleuris qui embaumaient l’air et puis de l’odeur du foin fraîchement fauché. A la tombée de la nuit, on entendait les mugissements des cerfs du parc de chasse. Plus tard, en automne, les sangliers investissaient les potagers et faisaient de gros dégâts. Pour les tenir à l’écart des cultures, les villageois faisaient exploser avec un bruit infernal du carbure de calcium. Là, dans les champs, devant un taudis construit en paille on se réunissait autour du feu. Des fois, mon oncle Philipp nous racontait sa vie d’antan, sa déportation en Russie, son périple de près de deux ans en Allemagne et le voyage de retour à Charlottenburg ».



Aujourd’hui il ne reste plus qu’un seul Souabe dans le village de Charlottenburg. Nous avons demandé à Mircea Sârbu, secrétaire de la commune de Bogda, ce qu’était devenue la communauté souabe du village rond : «Après 1990, on ne dénombrait que 5 ou 6 familles ethniques allemandes. De nos jours, il n’y a plus qu’un seul villageois de souche allemande à y vivre. S’il n’est pas parti lui aussi pour l’Allemagne, c’est qu’il se considérait trop âgé pour le faire. Des habitants de Timisoara, dont surtout des intellectuels et des artistes, ont acheté les maisons des Souabes et les ont aménagées en pied – à — terre. Des gîtes ruraux, il n’y en a qu’à Altringen, le village avoisinant, facile d’accès par les routes goudronnées ».



Charlottenburg, unique village roumain ayant la forme d’un cercle, a été classé monument historique par le ministère de la Culture et des Cultes, a-t-on appris par Mircea Sârbu : «Aux termes de la loi, les localités ont un statut particulier. Cela suppose que toute activité économique, toute construction doit recevoir l’aval du ministère de la Culture. Puisqu’il est unique en Roumanie, les pouvoirs locaux ont essayé de le protéger tel quel, de lui épargner tout changement d’aspect. Voilà pourquoi nous avons attiré l’attention que le permis de construire sera accordé par les seuls spécialistes et que les nouvelles constructions devront respecter strictement l’architecture spécifique des lieux».



Rond comme il est, le village ressemble à une pomme. Situées au centre, l’église et l’école sont les pépins symboliques d’une communauté dont le seul souvenir est le cercle presque parfait que décrivent les maisons. Les 199 habitats permanents de Charlottenburg essaient d’en garder l’âme vive. Si vous souhaitez vous y rendre, sachez qu’il y a une petite gare à 2 kilomètres de là et que la téléphonie mobile couvre la localité. Enfin, Charlottenburg n’est pas un village touristique, mais on estime à 20 mille euros les coûts de construction d’une maison, à condition, bien sûr, de recevoir l’approbation de la mairie. (trad. Mariana Tudose)

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