La Tribu
A ses 23 ans, Ariel Constantinof est peut-être le chef de tribu le plus jeune et certainement un des plus actifs quand il s’agit de se battre pour défendre les droits de sa communauté. Une communauté de plus en plus nombreuse, puissante et présente dans le paysage urbain de la Roumanie actuelle : celle des cyclistes. Connu dans un premier temps grâce à son blog et aux marches et événements organisés à l’intention des passionnés de vélo, Ariel Constantinof a décidé il y a deux ans d’ouvrir sa propre boîte de coursiers, selon une idée empruntée à l’Occident. C’est comme cela qu’a pris naissance sa Tribu: « Bien qu’on ne soit pas les seuls à pédaler, nos services diffèrent beaucoup des ceux existants déjà sur le marché, grâce à notre façon de travailler et de nous organiser. Nous, on ne fait que des livraisons directes. Au moment où un client nous appelle, on s’engage à récupérer le colis à domicile et à le livrer dans un délai de deux à trois heures tout au plus. Notre tarif est unique quelle que soit la distance, la météo ou le poids du colis. On perçoit donc un tarif unique de 18 lei (l’équivalent de près de 4 euros) soit la moitié du prix pratiqué sur le marché ».
Ioana Stăncescu, 19.12.2013, 13:00
A ses 23 ans, Ariel Constantinof est peut-être le chef de tribu le plus jeune et certainement un des plus actifs quand il s’agit de se battre pour défendre les droits de sa communauté. Une communauté de plus en plus nombreuse, puissante et présente dans le paysage urbain de la Roumanie actuelle : celle des cyclistes. Connu dans un premier temps grâce à son blog et aux marches et événements organisés à l’intention des passionnés de vélo, Ariel Constantinof a décidé il y a deux ans d’ouvrir sa propre boîte de coursiers, selon une idée empruntée à l’Occident. C’est comme cela qu’a pris naissance sa Tribu: « Bien qu’on ne soit pas les seuls à pédaler, nos services diffèrent beaucoup des ceux existants déjà sur le marché, grâce à notre façon de travailler et de nous organiser. Nous, on ne fait que des livraisons directes. Au moment où un client nous appelle, on s’engage à récupérer le colis à domicile et à le livrer dans un délai de deux à trois heures tout au plus. Notre tarif est unique quelle que soit la distance, la météo ou le poids du colis. On perçoit donc un tarif unique de 18 lei (l’équivalent de près de 4 euros) soit la moitié du prix pratiqué sur le marché ».
Pourtant, ce n’est pas seulement le tarif attractif qui pousse les Bucarestois à recourir aux coursiers de Tribul, mais aussi le fait que cette petite boîte se veut avant tout une affaire sociale. Placée sous l’ombrelle de l’ONG écologique MaiMultVerde, cette communauté dirige 10% de son profit vers des projets sociaux privilégiant, bien sûr, la réintégration du vélo au sein de la société roumaine. Du coup, on ne saurait être surpris de constater que la plupart des clients de Tribul sont eux-aussi des fans du vélo. Ariel Constantinof : « Je crois que la plupart de nos clients nous choisissent moins pour le service offert que pour la cause embrassée. On vit à une époque où le vélo est considéré très cool et si en plus, les clients apprennent que 10% de notre profit sera investi dans des projets sociaux, ils finissent alors par se faire une fierté de travailler avec nous. Je pense que c’est le mérite du vélo plutôt que notre mérite personnel ».
Bien que les Bucarestois saluent leur optimisme et leur sourire qu’il pleuve ou qu’il vente, on ne saurait pourtant ignorer le fait que le succès de la Tribu découle aussi de la dynamique ascendante que connaît le vélo à l’heure actuelle. Rien qu’en 2012, les Roumains ont acheté 380.000 bicyclettes, un nombre cinq fois plus grand que celui des automobiles vendues, ce qui a déterminé le Daily Mail, cité par la presse locale, à s’exclamer « les Roumains sont devenus les plus grands amateurs de vélos d’Europe ». Une affirmation d’autant plus surprenante pour un pays qui dans les années ’90 voyait le vélo d’un mauvais œil, comme l’affirme Alex Dinu, surnommé le Jeune. Avec Mosul (le Vieux), il fait partie des anciens de la tribu, puisqu’ils dépassent déjà la quarantaine : « Dans ma jeunesse, le cycliste était complètement marginalisé. On le prenait pour un pauvre puisqu’il n’avait pas de voiture. Je suis content que de nos jours toutes ces choses aient finalement changé ».
Loin de s’associer toujours à la précarité, le vélo peut facilement arrondir les fins du mois. Les membres de la Tribu touchent une commission de 40% pour chaque livraison dont le nombre dépend exclusivement de la volonté du coursier. Plus ils souhaitent pédaler, plus ils gagnent de l’argent. Mais surtout, pour ces forçats du bitume, c’est la liberté du mouvement qui compte avant tout. Alex Dinu : « Pour moi, c’est un rêve accompli de pouvoir faire dans la vie ce que j’aime faire le plus. J’aime bien être coursier, j’aime bien travailler au sein d’un groupe d’amis. Car, avouons-le, se rendre chaque jour au boulot par simple obligation de gagner sa vie ce n’est pas la même chose que s’y rendre par pur plaisir comme si l’on partait en vacances. C’est-à- dire, totalement relax ! »
Qui sont donc ceux qui ont choisi de faire partie de cette Tribu qui livre chaque jour sa propre bataille pour réintégrer en toute sécurité le vélo dans les rues bondées de la capitale roumaine ? « Nous sommes une poignée d’individus passionnés de vélo et qui souhaitent faire des choses importantes pour la communauté » affirme Ariel Constantinof sur le site de son organisation et ajoute au micro : « Je compte beaucoup sur le fait que nous sommes parmi les coursiers les plus gentils et les plus souriants de Bucarest, parce que nous sommes carrément amoureux de ce qu’on fait, c’est-à-dire pédaler toute la journée, même sous la pluie. A ce moment – là, le client sera face à face avec un coursier mouillé, mais qui continuera à sourire. Je n’ai pas dispensé des cours spéciaux pour leur apprendre cette attitude. Mes coursiers sont tous comme ça, c’est justement ce type d’individu que j’aime bien avoir dans ma tribu ».
Une attitude qui attire les clients comme un aimant et qui les encouragent à chercher leurs services parfois pour les livraisons des plus bizarres. Alex Dinu : « J’ai livré de tout : briques, luges, bouquets de fleurs. Un jour, un client m’a appelé pour me demander de lui apporter au boulot le sandwich oublié à la maison ».
A force de pédaler, la Tribu d’Ariel Constantinof lutte chaque jour contre la pollution. La preuve ? Elle recense, chaque jour, sur son site, la quantité de CO2 évitée. En deux ans, près de 6000 tonnes. En plus, avec un nombre de livraisons et de clients à la hausse, la Tribu est justement une affaire dont on peut dire sans modestie : « ça roule à merveille ! ».