Des monoplaces Formule 1 – réalisées à Cluj
Plusieurs dizaines de professeurs et d’étudiants, du département d’ingénierie de la fabrication de l’Université technique de Cluj-Napoca, ont travaillé 5 mois durant à la création d’une monoplace Formule 1, commandée par une compagnie allemande. C’est grâce au chercheur Paul Bere de l’Université susmentionnée que le projet est arrivé à Cluj. Docteur en matériaux composites, Paul Bere travaille depuis l’an 2000 dans le domaine des sports automobiles. Tout d’abord en Formule 3, puis en Formule 2 — les courses du Mans, et finalement en Formule 1. Il a aussi fait un stage en Allemagne, dans le cadre d’une bourse post-doctorale. Paul a commencé par réparer de petites pièces détachées et réaliser des éléments simples, nécessaires à la construction des monoplaces de Formule 1. Au bout d’un certain temps, il est parvenu à convaincre une compagnie allemande du domaine à commander une monoplace à l’Université technique de Cluj Napoca. Le véhicule, fabriqué en matériaux composites, a une puissance de 650 chevaux et coûte près de 5 millions d’euros. Comment la collaboration avec la compagnie allemande se déroule-t-elle ?
România Internațional, 28.11.2013, 14:32
Plusieurs dizaines de professeurs et d’étudiants, du département d’ingénierie de la fabrication de l’Université technique de Cluj-Napoca, ont travaillé 5 mois durant à la création d’une monoplace Formule 1, commandée par une compagnie allemande. C’est grâce au chercheur Paul Bere de l’Université susmentionnée que le projet est arrivé à Cluj. Docteur en matériaux composites, Paul Bere travaille depuis l’an 2000 dans le domaine des sports automobiles. Tout d’abord en Formule 3, puis en Formule 2 — les courses du Mans, et finalement en Formule 1. Il a aussi fait un stage en Allemagne, dans le cadre d’une bourse post-doctorale. Paul a commencé par réparer de petites pièces détachées et réaliser des éléments simples, nécessaires à la construction des monoplaces de Formule 1. Au bout d’un certain temps, il est parvenu à convaincre une compagnie allemande du domaine à commander une monoplace à l’Université technique de Cluj Napoca. Le véhicule, fabriqué en matériaux composites, a une puissance de 650 chevaux et coûte près de 5 millions d’euros. Comment la collaboration avec la compagnie allemande se déroule-t-elle ?
Paul Bere répond : « A présent, il s’agit de beaucoup de travail et de passion pour résoudre les problèmes technologiques. J’y suis habitué. Dans une première étape, au moment où j’ai commencé le projet, j’étais très enthousiaste, je prenais tout le temps des photos. Maintenant c’est de la routine. L’effort est immense, on ne se permet pas de faire des erreurs ».
14 monoplaces ont été réalisées à l’Université technique de Cluj, dont la dernière en date a été envoyé en Allemagne, en avril dernier. C’est là qu’elle fut équipée d’un moteur, d’une installation électrique et de freins. La raison pour laquelle on connaît peu de choses sur les monoplaces de Cluj, c’est la confidentialité du travail, explique Paul Bere : « Des idées issues de la voiture réalisée à Cluj ont déjà été reprises par d’autres équipes. Il suffit de voir une photo pour que quelqu’un prenne les devants. »
Les Allemands ont choisi de fabriquer les monoplaces à Cluj, en raison des équipements de dernière génération qui s’y trouvent et qui permettent une fabrication rapide des pièces très compliquées. Paul Bere: « Tous ceux qui commandent des pièces en matériaux composites veulent obtenir les repères très vite. Il s’agit d’habitude de personnes très aisées et très impatientes, prêtes à payer quoi que ce soit pour un résultat rapide et concret. Bien que cela ne soit pas possible, nos recherches nous permettent pourtant d’avancer à grands pas vers des technologies modernes, de prototypage rapide censé diminuer le délai de fabrication des repères. On se sert d’un logiciel de dessein AutoCad ou Katia pour obtenir des esquisses à base desquelles les outillages fabriqueront rapidement des pièces solides. Le repère physique est obtenu par une procédure similaire à celle d’une imprimante 3d: les matériaux plastiques ou le métal sont appliqués par couches successives, jusqu’à l’obtention de la pièce solide. En fait plusieurs technologies sont à mettre en place avant de vérifier les repères en matériaux polycomposites, respectivement renforcés de fibres de carbone ou de kevlar ou d’autres fibres de dernière génération. »
La réalisation des monoplaces de Formule 1 a été une occasion extraordinaire pour les chercheurs et étudiants roumains d’étudier l’utilisation des matériaux composites, voire de breveter quelques inventions. Paul Bere affirme que les matériaux composites peuvent être utilisés dans des domaines très importants : « Les matériaux composites, on peut les utiliser partout : dans le bâtiment par exemple, les objets sanitaires qui étaient en fonte jusqu’il y a quelques dizaines d’années ; à présent les matériaux métalliques se voient petit à petit remplacer par les composites dans tous les domaines : dans l’aérospatial ou dans la F1 ou la médecine. A l’heure actuelle, il m’est très facile de parler de la formule 1. J’ai vu très bien à quoi rime tout cela et le travail dans ce domaine est énorme. Pourtant, je pense qu’on devrait faire des progrès plus importants dans des domaines tels la médecine, puisque la souffrance humaine est prioritaire. C’est vers la médecine que seront ciblés tous nos efforts. On envisage de faire des pas importants dans cette direction, peut-être pas si spectaculaires que la réalisation d’une monoplace, mais une prothèse pour un enfant est toujours plus importante qu’un jouet offert à des gens aisés. »
Ces dernier temps, de plus en plus de chercheurs roumains se trouvent sous le feu des projecteurs. Leur discours de révolte contre les conditions dures de travail est en train de changer. Très appréciés à l’étranger, ils réussissent à attirer du financement pour mettre en place des projets dans les Universités roumaines. Paul Bere : « Le principe qui me guide est le suivant : si l’on veut obtenir quelque chose, il faut faire des petits pas, chaque jour. Les résultats qui s’engrangent jettent les bases d’un développement harmonieux. Puisque bien des chercheurs roumains sont habitués à vivre et à évoluer dans des conditions d’austérité, ils parviennent à résoudre les problèmes tout seuls et avec un minimum de moyens. A mon avis, cette débrouillardise est une des raisons pour lesquelles ils sont fort appréciés à l’étranger.» (trad. : Alexandra Pop, Ioana Stancescu)