Tribal Fest à Bucarest
Andreea Bonea est diplômée de la faculté de droit et elle a été chef de projet chez Google et Yahoo. Après avoir travaillé, pendant 9 ans, à Sillicon Valley, aux Etats-Unis, elle est revenue en Roumanie, avec des connaissances professionnelles impressionnantes et avec un hobby pas comme les autres: la danse du ventre. Comment a-t-elle découvert ce type de danse? Elle nous le raconte elle-même. « La première année après mon arrivée à Sillicon Valley, j’ai tâché de me repérer, de voir comment ça se passait, comment vivaient des gens… Et j’ai constaté qu’à part leur travail – leur principale occupation – les gens avaient des hobbys. Je n’avais pas encore d’amis, ma vie sociale n’était pas tellement riche et je me suis rendu compte que pour avoir accès plus facilement à une communauté — autre que celle du boulot — il me fallait un hobby. Au début, j’ai été très attirée par le flamenco, qui me semblait une danse très vigoureuse, très dramatique, pourtant je n’étais pas si passionnée de flamenco pour y investir de l’argent et m’acheter l’équipement nécessaire. Alors, je me suis tournée vers la danse du ventre. Lorsque j’ai rejoint la classe de danse de mon premier professeur, en voyant le corps de cette femme, sa façon de se mouvoir, ses gestes et tout, j’ai été fascinée par cette danse et j’y suis restée pendant 3 ou 4 ans. »
România Internațional, 14.11.2013, 16:28
Qu’est-ce qui rend la danse du ventre tellement fascinante ? Selon Adreea, c’est n’est pas une simple danse, c’est beaucoup plus. Et cette danse a enrichi sa vie d’une manière tout à fait inattendue. « Cela m’a rendue tellement confiante et disciplinée et m’a fait comprendre que mes limitations étaient d’ordre mental. Je me suis rendu compte que si j’ai réussi à exécuter certains mouvements, je pouvais réussir aussi d’autres choses. Cela m’a donné le courage d’entamer des projets dans d’autres domaines. Sans compter les bénéfices strictement physiques… La danse du ventre vous maintient en forme. D’habitude, on doit l’accompagner d’un autre type de danse — du moins c’est ainsi que cela se passait aux Etats-Unis. Pour acquérir la résistance dont on a besoin, ont doit faire, parallèlement, de la danse classique ou une gymnastique douce — pilates, par exemple — ou du yoga, afin de renforcer ses muscles. Il ne suffit pas de faire les exercices obligatoires pour la danse du ventre. Moi, j’ai choisi le yoga. La danse du ventre m’a ouvert ainsi les portes d’un autre univers, que je ne pensais pas pouvoir découvrir. Donc, à part la danse du ventre, j’ai commencé à pratiquer le yoga, qui a complètement changé ma vie. »
La danse du ventre ne jouit pas d’une très bonne réputation en Roumanie. Associée d’habitude à un genre de musique d’origine orientale appelé « manea » et, plus récemment, à une série télévisée très populaire en Roumanie qui raconte la vie d’un sultan turc, ce type de danse a quand même ses admirateurs et pratiquants sur les rives de la rivière Dâmboviţa, qui traverse la capitale. Il y a même une petite communauté de danseuses, qu’Andreea Bonea n’a pas manqué de connaître. Pourtant, dans son bagage de connaissances apportées d’Amérique, se trouvait, « soigneusement rangé » un nouveau courant pour les danseuses de Roumanie : le Tribal Fusion. Qu’est-ce que c’est que le Tribal Fusion? « C’est une danse tribale orientale, qui repose sur la danse tribale du ventre, un filon qui fusionne avec d’autres styles de danse. On peut avoir ainsi la danse du ventre avec du tango, avec du flamenco ou encore avec du hip hop et du break dance. C’est une forme contemporaine de danse du ventre qui est pratiquée depuis les années 2000 à San Francisco, où j’ai appris pendant 9 ans. En Roumanie, il n’y a rien de tout cela ; la communauté de danse du ventre est très petite, mais très passionnée ; cette niche était inexistante. Etant si attachée au phénomène, je me suis rendu compte que c’était la meilleure occasion pour moi de contribuer au renforcement de la communauté de danse d’ici et de donner l’occasion aux danseuses roumaines de connaître des monitrices internationales de tribal fusion de différents coins du monde ».
L’expérience comme chef de projet dans les grandes compagnies dans lesquelles elle a travaillé ont aidé Andreea à mettre sur pied le premier festival de Tribal Fusion Belly Dance, qu’elle a appelé Tribal Fest. Ce qui n’est pas facile du tout, étant donné qu’elle vient de donner naissance à une petite fille. Malgré cela, elle a été l’âme du festival qui a eu lieu le week-end dernier à Bucarest. Même si l’audience n’a pas été très grande, chaque jour, d’autres spectateurs ont pris place dans la salle, fait dont Andreea s’est félicitée. « De grands noms de cette niche de danse du ventre tribal fusion ont été présents, des Etats Unis, du Royaume Uni, d’Italie, de Slovénie, des Pays-Bas, d’Ukraine… Ce fut un festival international de 3 jours où nous avons eu de nouvelles personnes dans la salle chaque jour ; j’en ai été très contente. Il a culminé par un spectacle de gala. C’était le moment que je n’oublierai pas. Toutes les danseuses étaient sur scène, un nombre impressionnant, avec leurs différents costumes et leurs énergies, et je me suis rendu compte que j’avais placé Bucarest sur la carte du Tribal Fusion. Au bout de ces trois jours, j’ai respiré et j’ai été très heureuse ».
Ce n’est pas facile d’aller jusqu’au bout dans ce que l’on fait, dit Andreea Bonea. Il y a beaucoup d’idées et pas mal de gens pour les penser. Ce qui est plus difficile, c’est de finaliser un projet, qu’il s’agisse d’un projet informatique ou de danse du ventre. Pourtant, elle a réussi à placer Bucarest sur une carte, celle d’un monde sensuel, qui, considéré de manière superficielle, peut tromper l’œil. Pour 2014, Andreea Bonea a déjà des plans. Qui vont d’une salle de yoga à une deuxième édition de Tribal Fest, que nous vous suggérons de ne pas rater, s’il vous arrive d’être à ce moment à Bucarest. (Trad. : Ligia Mihăiescu, Dominique)