Autographes numériques et lecture interactive
Une compagnie de téléphonie mobile et une importante maison d’édition de Bucarest ont récemment organisé la première session d’autographes virtuels accordés par Mircea Cărtărescu, un des auteurs roumains les mieux vendus. Il a fait des dédicaces holographiques sur l’édition électronique de son volume « L’œil noisette de notre amour », qui recueille ses textes les plus représentatifs publiés dans la presse ces dernières années. Iustina Croitoru, coordonnatrice du département en charge des livres numériques publiés chez Humanitas, nous a parlé aussi bien de cet événement que de l’appétit des Roumains pour la lecture sur les tablettes et sur l’ordinateur.
România Internațional, 14.03.2013, 16:13
Une compagnie de téléphonie mobile et une importante maison d’édition de Bucarest ont récemment organisé la première session d’autographes virtuels accordés par Mircea Cărtărescu, un des auteurs roumains les mieux vendus. Il a fait des dédicaces holographiques sur l’édition électronique de son volume « L’œil noisette de notre amour », qui recueille ses textes les plus représentatifs publiés dans la presse ces dernières années. Iustina Croitoru, coordonnatrice du département en charge des livres numériques publiés chez Humanitas, nous a parlé aussi bien de cet événement que de l’appétit des Roumains pour la lecture sur les tablettes et sur l’ordinateur.
Voyons tout d’abord comment s’est passée la session d’autographes numériques : « Monsieur Cărtărescu a été très content de participer à cet événement, car il est un lecteur passionné de livres numériques. Ses œuvres se vendent en version numérique aussi. Il nous a démontré avec quelle maîtrise il manie et la plume et la tablette. L’événement a été très intéressant de par son caractère inédit. D’habitude, les écrivains donnent des autographes sur le livre imprimé, ce qui rajoute à leur valeur. On sait qu’il n’est pas rare qu’ils arrivent à être vendus à des prix considérables. Cette fois-ci, les e-books ont été ennoblis par la signature d’un auteur renommé. Cartarescu a mis sur une tablette numérique un autographe personnalisé pour chaque lecteur. Ce dernier a par la suite reçu sur son mail la variante numérique du livre, avec autographe et dédicace. L’événement a fait salle comble. »
La maison d’édition à laquelle travaille Iustina Croitoru ne détient pas le monopole des livres numériques en langue roumaine. A Iasi par exemple, la filiale locale des éditions Polirom, cet autre géant du livre en Roumanie, offre plusieurs centaines de titres signés par des écrivains roumains et étrangers et ce à des prix moindres que ceux de leurs variantes imprimées. Iustina Croitoru détaille l’offre de sa maison d’édition : « Nos livres électroniques se présentent en format PDF. Ce format peut fournir la variante imprimée du livre en un autre, susceptible d’être modifié à volonté par le lecteur et donc téléchargé sur tablette, sur téléphone portable, ordinateur ou ordinateur portable. Le lecteur a ainsi la possibilité d’intervenir tant sur le contenu que sur la forme du texte. Les formats que nous proposons étant téléchargeables sur la majorité des gadgets, tout lecteur peut y accéder. Pas besoin donc d’avoir un téléphone ou une tablette haut de gamme, puisqu’on peut les lire sur l’ordinateur portable aussi. »
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les éditeurs n’ont pas à appréhender le marché émergeant du livre numérique. Explications avec Iustina Croitoru : « D’un mois à l’autre, nous gagnons toujours plus de lecteurs. Le e-book ne fait pas concurrence au livre imprimé, bien au contraire. Il s’avère être une manière lucrative, pour ainsi dire, de le promouvoir autrement. Nous avons publié en format numérique tous les grands auteurs de la littérature roumaine et je peux vous dire que les oeuvres les mieux vendues le sont aussi bien en version imprimée qu’en variante numérique. C’et là la meilleure preuve que les deux types de livres ne se font pas concurrence. »
En plus, la diaspora roumaine est un énorme marché pour ces livres électroniques : « C’est plus difficile de recevoir par la poste un livre imprimé, alors que par un simple clic vous pouvez acheter la variante électronique, n’importe où à l’étranger. Ils sont accessibles sur plusieurs plates-formes et peuvent être payés en différentes monnaies. Ce qui plus est, le prix de la version numérique représente 60 à 70% de celui du livre imprimé et ce à juste titre, car les coûts éditoriaux sont déjà absorbés par la variante imprimée, qui sort la première. Autant dire que le lecteur ne supporte pas une deuxième fois les frais de traduction, d’édition etc. Voilà ce qui les rend donc meilleur marché et plus accessibles. »
A quoi d’autre faudrait-il s’attendre? Les livres numériques comportent désormais du méta texte aussi, des informations supplémentaires auxquelles on peut accéder grâce au lecteur ou e-reader. De l’avis de Iustina Croitoru, il n’y a pas de limites dans ce domaine, où l’imagination est reine : « Les nouveautés en matière de e-books nous viennent moins des éditeurs, lesquels ne manquent pas d’idées intéressantes, et plutôt des progrès de la technique et de ce que peut offrir de neuf tout fabricant de lecteur numérique. Plus ces lecteurs sont performants, plus on est obligé d’être inventif. Le livre devient interactif. Une multitude d’applications existent déjà sur le marché. Par exemple, en parcourant un e-book, le clic sur un mot vous renvoie à un dictionnaire, tandis qu’en cliquant sur le nom d’une localité vous obtiendrez des photos. Les livres pour enfants sont vraiment fascinants, surtout s’il s’agit de livres d’images. Cette technique nous amènera à la lecture interactive. »
On dit que les livres sont des fenêtres ouvertes sur le monde. Cette assertion a toutes leschances de devenir, d’ici peu, plus qu’une simple métaphore. (trad. : Mariana Tudose)