INCUBATEUR 107
Dans le comble d’une maison bucarestoise, tout un chacun peut devenir à la fois enseignant et apprenti. Lors d’une réunion nocturne, il ou elle doit tout simplement convaincre le public consommateur de cours et d’ateliers que ses propositions sont intéressantes et valent la peine d’être partagées.
România Internațional, 07.03.2013, 16:07
Dans le comble d’une maison bucarestoise, tout un chacun peut devenir à la fois enseignant et apprenti. Lors d’une réunion nocturne, il ou elle doit tout simplement convaincre le public consommateur de cours et d’ateliers que ses propositions sont intéressantes et valent la peine d’être partagées.
Ce comble s’appelle « Incubator 107 » (Incubateur 107) et le mois dernier, ceux qui souhaitaient profiter de leur temps, esprits et cerveaux pouvaient choisir entre différents ateliers. Au programme : lundi – cafédomancie, ou lire l’avenir dans le marc du café, mardi — introduction dans la méditation bouddhiste, mercredi — recréation d’une idée, jeudi — théorie de l’amour, vendredi — atelier sur la manière de se présenter dans le milieu virtuel et de soigner son image, samedi — atelier sur le déclin du consumérisme et la nouvelle abondance, c’est à dire comment les ressources limitées nous influencent la vie. A tout cela viennent s’ajouter un atelier de produits de beauté faits maison, un atelier de cuisine, consacré aux plats de fêtes et un autre au langage des signes… bref il y en a pour tout le monde.
Lavinia Cârcu est chargée de l’organisation des ateliers et coordonne les formateurs qui y participent. « L’incubateur a été ouvert en avril 2011, dans le comble d’une maison de Bucarest près des Halles Traian. Tout a commencé avec un groupe de six amis à la recherche de personnes à même d’organiser des ateliers. En une année et demie, presque deux, nous avons imaginé chaque mois une nouvelle série d’ateliers. Toute personne qui a une passion peut venir et montrer aux autres ce qu’elle sait faire. La définition de cet incubateur est l’espace ou tout le monde peut enseigner à tout le monde toute sorte de choses. »
L’incubateur 107, dont le nom est inspiré du fait qu’il est situé au 107 rue Calea Calarasilor, a réussi à réunir une véritable communauté d’enthousiastes. Ses fondateurs sont allés chercher ensuite aussi dans d’autres villes roumaines des équipes prêtes à continuer l’idée.
Des incubateurs sont apparus à Iasi, Cluj, Timisoara et Brasov. Lavinia explique comment sont choisies les animateurs des ateliers: « A l’heure actuelle, il y a des gens qui nous disent vouloir ouvrir des incubateurs dans d’autres villes. Nous encourageons tous ceux qui ont l’énergie et l’enthousiasme de continuer l’idée chez eux. Nous souhaitons aussi que les auditeurs de votre radio à l’extérieur du pays qui s’intéressent à ce que nous faisons, nous appellent pour parler un peu de ce projet, afin de le peaufiner. Nous avons beaucoup d’ateliers dans différents domaines. Il s’agit en fait de six « guildes créatives » si vous voulez : nous avons les moniteurs de danse et de différents autres sports, puis il y a les créateurs qui fabriquent toute sorte d’accessoires et nous expliquent comment transformer les espaces, comment les rénover, et puis, il y a les hédonistes, c’est à dire ceux qui enseignent le massage et l’art culinaire… Les ateliers que nous abritons portent sur de nombreux domaines, à commencer par les techniques de développement personnel et d’improvisation… Ce sont eux qui frappent à notre porte ou nous écrivent des mails disant : voilà, je voudrais organiser un atelier sur la masculinité dans la danse, j’aimerais proposer un atelier sur la cafédomancie ou sur la théorie de l’amour. C’est à nous de les programmer. Chaque mois il y a une toute nouvelle série d’ateliers et chaque mois commence avec une présentation nocturne. »
Alina Ciotârnel compte parmi les personnes venues à l’Incubateur pour apprendre des choses nouvelles. Après avoir participé à plusieurs ateliers, Alina a rejoint l’équipe et à l’heure actuelle elle fait partie des « porteurs » – c’est à dire qu’elle explique ce qu’est l’incubateur dans le cadre d’événements importants tels des festivals et des foires, et dans le monde des entreprises.
Alina Ciotârnel explique aussi comment se déroulent les présentations nocturnes. « Il s’agit d’un événement culturel alternatif auquel participent environ 200 invités. Ces événements s’étendent sur 10 et même 13 heures, c’est à dire une nuit entière pendant laquelle nous avons un véritable marathon d’ateliers. Nous présentons le programme du mois suivant, les formateurs et les apprentis parlent de leurs ateliers. S’y ajoutent deux concerts par soirée ainsi que d’autres démarches consacrées à cette communauté. Rien qu’un exemple : un matin nous avons lancé des pigeons voyageurs, nous avons fait des bulles de savons géantes et nous avons pris le petit déjeuner dans la cour de l’incubateur. C’est l’événement où la communauté qui se trouve derrière ce projet est la plus visible. Même dans le cas d’un débutant, il est impossible de ne pas se sentir comme chez soi et d’y revenir. »
Lavinia Cârcu explique quel est le but de cet incubateur ou tout le monde peut enseigner différentes choses à tout un chacun. « Nous souhaitons que les gens expérimentent, qu’ils soient généreux. Nous fonctionnons grâce à des dons et nous encourageons les participants à estimer eux mêmes la valeur de ce qu’ils reçoivent dans l’atelier. »
Créer un monde meilleur, c’est ce que souhaitent faire les participants à ce projet, affirme aussi Alina Ciotârnel. Ecoutons-là : « Nous souhaitons que les parents, les adolescents et tous les autres se découvrent une passion et un nouveau mode de vie. Si, après avoir participé à une dizaine d’ateliers, une personne n’a pas encore trouvé sa passion, mais elle s’est bien amusée, notre objectif est déjà atteint. Découvrir que cette personne voulait danser depuis plusieurs années, mais qu’elle ne l’avait pas fait jusqu’ici et qu’elle prendra des cours de danse suite à notre atelier est aussi un gain immense. Nous souhaitons voir des gens sérieux et préoccupés par leurs problèmes quotidiens s’amuser, et je pense notamment à ceux qui travaillent dans des multinationales et qui sont arrivés à oublier une partie de leurs esprits. »
L’incubateur est en train d’occuper des espaces dans d’autres capitales européennes. Pour plus de détails sur l’organisation d’un tel espace interactif, n’hésitez pas à consulter le site www.incubator107.ro.
(trad. : Alex Diaconescu)