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Le régime communiste et l’intimidation de la presse libre

Ce nétait pas un secret : le régime communiste et ses apparatchiks ne supportaient pas les critiques. Si en Roumanie la presse était entièrement assujettie, la presse libre occidentale condamnait ses politiques. Radio Free Europe était le fer de lance de la presse anticommuniste occidentale. Nombre des journalistes de la section roumaine de cette châine de radio ont été intimidés et certaines voix ont même affirmé que la mort de certains de ces journalistes avait été ordonnée par le régime de Bucarest.





Etablie en France, à la fin des années 1940, la journaliste, historienne et critique littérature Monica Lovinescu réalisait aux côtés de son époux Virgil Ierunca lémission « Teze si antiteze la Paris » / « Thèses et antithèses à Paris », que Radio Free Europe diffusait. Dans leurs commentaires, les deux attaquaient ouvertement le régime communiste de Bucarest. Dans un enregistrement de 1998, réalisé par le Centre dhistoire orale de la radiodiffusion roumaine,

Le régime communiste et l’intimidation de la presse libre
Le régime communiste et l’intimidation de la presse libre

, 10.07.2017, 12:21

Ce nétait pas un secret : le régime communiste et ses apparatchiks ne supportaient pas les critiques. Si en Roumanie la presse était entièrement assujettie, la presse libre occidentale condamnait ses politiques. Radio Free Europe était le fer de lance de la presse anticommuniste occidentale. Nombre des journalistes de la section roumaine de cette châine de radio ont été intimidés et certaines voix ont même affirmé que la mort de certains de ces journalistes avait été ordonnée par le régime de Bucarest.





Etablie en France, à la fin des années 1940, la journaliste, historienne et critique littérature Monica Lovinescu réalisait aux côtés de son époux Virgil Ierunca lémission « Teze si antiteze la Paris » / « Thèses et antithèses à Paris », que Radio Free Europe diffusait. Dans leurs commentaires, les deux attaquaient ouvertement le régime communiste de Bucarest. Dans un enregistrement de 1998, réalisé par le Centre dhistoire orale de la radiodiffusion roumaine,



Monica Lovinescu se rappelait la mort suspecte des directeurs du service roumain de Radio Free Europe de Munich : « Les directeurs ont été Ghita Ionescu, Nöel Bernard, Mihai Cismarescu, Vlad Georgescu et enfin Nicolae Stroescu. Le meilleur a été Noël Bernard. A mon sens il a été un chef de section de radio unique. Il ny a pas un deuxième comme lui. Très actif dans son métier, il était passionné par ce quil faisait ; sa manière de penser, de réfléchir était unique. Il a été directeur jusquà sa mort, quand il fut suivi par Mihai Cismarescu, essayiste, un homme dune grande finesse. Et du coup, tous les directeurs de Radio Free Europe ont commencé à mourir lun après lautre. Noël Bernard croyait avoir été irradié, tout comme Mihai Cismarescu et Vlad Georgescu, qui était un historien de valeur. Un des directeurs adjoints, Preda Bunescu, est lui aussi décédé dune manière suspecte. Il était complètement allergique aux œufs, donc il ne mangeait jamais dœufs, ni des gâteaux qui avaient des œufs dans leur composition. Après trois jours de week-end, il fut trouvé mort dans son appartement. Ses collègues se sont inquiétés parce quil nétait pas venu au travail. A lautopsie, on a découvert que son sang était plein de protéines dœufs. Sa mort était jugée suspecte vu que les autorités de type américain sont très circonspectes dans de telles situations. »





Les autorités communistes ont utilisé plusieurs méthodes pour faire taire Monica Lovinescu. La première a été la calomnie : «Même avant lapparition de Radio Free Europe, ils ont commencé par nous attaquer dans la presse, par déclencher des attaques tout simplement violentes contre nous, contre Virgil. Au début, ils ont publié des attaques provenant de Bucarest et dont les auteurs étaient le critique littéraire George Calinescu et lécrivain Zaharia Stancu. Ensuite, plusieurs publications sétaient spécialisées dans des attaques dont nous étions la cible. Il sagissait de « Glasul patriei »/ « La Voix de la Patrie » et « Saptamana »/ « La Semaine » de lécrivain Eugen Barbu. Le groupe de Paris dont nous étions les membres a été la cible dattaques dans la presse pendant pas moins de trois ans. La Securitate avait une certaine technique, ou tactique plutôt, quelle jugeait intelligente. Elle envoyait toute sorte de comment dirai-je « écrivains » ou « intellectuels » au siège de Radio Free Europe pour dire que le programme de Munich serait meilleur sans lémission réalisée par ces fous de Paris, cest-à-dire moi-même et Virgil. Ils ont commencé à dénigrer ces émissions parisiennes comme ils le pouvaient, par toute sorte dintrigues».





Suite à son refus de se taire, le régime communiste a fait monter les enjeux. Ils sont passés aux corrections physiques. Monica Lovinescu : « Quand ils se sont rendu compte que rien ne marchait, surtout que javais consacré presque toutes les émissions de lannée 1977 au mouvement dissident né autour de lécrivain Paul Goma, ils ont choisi de passer aux attaques directes, cest-à-dire physiques. En novembre 1977, à la veille de larrivée de Paul Goma à Paris le 18 novembre, deux Palestiniens mattendaient devant ma maison. Jai appris plus tard en lisant le livre du chef des renseignements extérieurs communistes Ion Mihai Pacepa quils étaient Palestiniens. A mon sens, cétaient des mecs basanés et cest tout. Et les deux mont demandé dentrer dans ma maison parce quils avaient un message pour moi. Ce qui ma paru suspect, ce fut le fait quils mont parlé avec les mots « madame Monica » et ici on nutilise pas « madame » avant le prénom. Cest ainsi que je me suis rendu compte de ce qui se passait et je ne les ai pas laissés entrer. Quand ils ont vu cela, ils ont commencé à me frapper à la tête. Je suis tombée et je me suis évanouie mais pas avant de crier. Quelquun de la rue est venu maider. Eux, ils ont commencé à courir. La personne qui est intervenue a couru après les deux hommes, mais il na pas pu les rattraper. Jétais tombée par terre, avec du sang sur mon visage. Jai été envoyée à lhôpital. Je me suis réveillée quelques heures après lorsque les médecins me faisaient une radiographie. Jai été hospitalisée seulement cinq jours parce que je voulais absolument participer à la conférence de presse de Paul Goma, où on a dit toutes ces choses-là. Certes, ce nétait pas la faute à Paul Goma, mais le moment a été spécialement choisi par la Securitate. « Tu verras un signe à Paris au moment de ton arrivée comme quoi le bras de la révolution est long » avait dit le général Plesita à Paul Goma juste avant son départ pour la France. Enfin, jai échappé avec un nez cassé et avec le visage et le bras tuméfiés. Puis, en 1983, ils ont envoyé un agent qui se présentait comme Bistran, dont jignorais le nom, afin de tuer Virgil. Cest la police française qui est intervenue, mise en garde par la police allemande et cest ainsi que ce monsieur Bistran sest finalement rendu aux forces de lordre. »





Lintimidation de la presse a été une pratique largement utilisée par les régimes totalitaires afin de réduire au silence leurs opposants. Quand la presse libre est persécutée, il est sûr que le régime en question a un gros problème avec les opinions quelle présente. (Trad. Alex Diaconescu, Ligia Mihaiescu)

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