L’exécution des membres du groupe Antonescu
A part le maréchal Ion Antonescu, dirigeant du pays, le groupe réunissait aussi le professeur en droit Mihai Antonescu, vice- premier ministre, le gouverneur de la Transnistrie, Gheorghe Alexianu et le général Constantin Vasiliu, commandant de la Gendarmerie. Destitué le 23 août 1944 et mis en examen par le Tribunal du peuple, le groupe Antonescu est condamné à mort le 17 mai 1946 et fusillé par le peloton d’exécution quelques semaines plus tard. Le général de brigade, Mircea Herescu, a assisté à l’exécution du groupe Antonescu, un événement qu’il remémore au micro de Radio Roumanie. La nuit du 31 mai au 1 juin, pendant que sa compagnie assurait la garde de la prison de Jilava, le commandant de la prison lui a passé un coup de fil pour lui ordonner de se présenter d’urgence, le lendemain matin, dans la cour où se trouvait le groupe Antonescu.
Steliu Lambru, 06.07.2015, 13:56
A part le maréchal Ion Antonescu, dirigeant du pays, le groupe réunissait aussi le professeur en droit Mihai Antonescu, vice- premier ministre, le gouverneur de la Transnistrie, Gheorghe Alexianu et le général Constantin Vasiliu, commandant de la Gendarmerie. Destitué le 23 août 1944 et mis en examen par le Tribunal du peuple, le groupe Antonescu est condamné à mort le 17 mai 1946 et fusillé par le peloton d’exécution quelques semaines plus tard. Le général de brigade, Mircea Herescu, a assisté à l’exécution du groupe Antonescu, un événement qu’il remémore au micro de Radio Roumanie. La nuit du 31 mai au 1 juin, pendant que sa compagnie assurait la garde de la prison de Jilava, le commandant de la prison lui a passé un coup de fil pour lui ordonner de se présenter d’urgence, le lendemain matin, dans la cour où se trouvait le groupe Antonescu.
Un événement important devrait y avoir lieu, c’est tout ce que l’on m’a dit, se rappelle Herescu, qui poursuit: « Le lendemain matin, je me suis réveillé et je me suis précipité vers la cour que l’on m’avait indiquée et où se trouvaient le maréchal Antonescu et ses compagnons. Je les ai salués et ils m’ont tous répondu poliment. Je suis passé juste à côté du professeur Mihai Antonescu et je l’ai vu préoccupé par un tas de papiers. Qu’est – ce que vous faites, Monsieur le Professeur?. Il m’a répondu qu’il préparait une nouvelle réforme de l’Education. Le général Piki Vasiliu qui me connaissait aussi, a gentiment répondu à mon salut. Puis, accompagné par le lieutenant Petrescu, j’ai salué aussi le maréchal Antonescu avant de me présenter devant le commandant de la prison, le colonel Pristavu. C’est à ce moment – là que j’ai appris que le groupe Antonescu condamné à mort serait emmené devant le peloton d’exécution le jour même. En attendant, ce fut le secrétaire général au Ministère des Affaires Intérieures, Avram Bunaciu qui fit son apparition, aux côtés de l’inspecteur Gavrilovici, pour discuter avec le chef de la prison et arranger que les prisonniers téléphonent à leurs familles et leur demandent de se rendre sur place pour faire leurs adieux ».
Mircea Herescu se souvient des dernières heures de vie que les condamnés ont passées en compagnie de leurs proches: « Je me souviens de l’arrivée de l’épouse du maréchal. Elle était vêtue en noir, les cheveux blancs et elle a été conduite dans une sorte de guérite transformée en parloir. Le maréchal se trouvait dans sa cellule. Le gendarme venu l’escorter près de son épouse, lui a offert aussi un petit bouquet de fleurs, qu’Antonescu a par la suite offert à sa femme. Entre temps, d’autres personnes ont commencé à venir à Jilava. L’épouse du professeur Alexianu et ses deux enfants, le frère du professeur Mihai Antonescu qui était officier de marine et qui est arrivé vêtu en uniforme, l’épouse et le fils du général Vasiliu. Madame la maréchale et son époux ont choisi d’avoir leur dernière conversation en français, surtout qu’elle s’est déroulée devant un inspecteur de police, Gavrilovici de son nom. Au bout d’une heure, tous les membres de famille sont partis et les prisonniers ont été reconduits dans leurs cellules ».
Impossible d’oublier les détails d’une exécution à laquelle on a assisté, se confesse Mircea Herescu qui se rappelle que les 4 membres du Groupe Antonescu ont gardé leur sang froid jusqu’à la fin, en choisissant de mourir dignement: « Les condamnés ont été conduits devant les quatre poteaux d’exécution. On leur a demandé s’ils souhaitaient qu’on attache leurs mains. Le maréchal a refusé, tout comme Ica Antonescu et Alexianu. Seul Piki Vasiliu y a consenti. Un procureur est arrivé sur place pour lire la sentence aux termes de laquelle, suite à la décision du Tribunal du Peuple, les quatre condamnés seront fusillés. On leur a demandé s’ils souhaitaient avoir les yeux bandés. Le maréchal a refusé, tout comme le professeur Antonescu et Alexianu. Seul le général Vasiliu a voulu qu’on lui mette un bandeau sur les yeux et c’est pourquoi on lui a bandé les yeux d’un foulard gris. Une fois la sentence lue, le procureur a ordonné sa mise en pratique. Le chef du peloton a ordonné aux 28 tireurs de faire feu. A la première fusillade, le maréchal Antonescu tombe à genoux, le professeur Antonescu s’écroule, tout comme Alexianu, tandis que Vasiliu, touché par balle, se retrouve à son tour à genoux. Antonescu se redresse et d’une voix éteinte dit « tirez encore, je suis toujours en vie ». Le commandant du peloton approche alors et lui tire une ou deux balle dans la tête. Il a fait de même avec Vasiliu. Ensuite, ce fut le tour du médecin légiste d’approcher pour constater le décès de chacun des condamnés ».
L’exécution du groupe Antonescu reste dans l’histoire roumaine comme un des épisodes importants du XXème siècle, un des plus violents, peut-être, de l’histoire de l’humanité. (trad. Ioana Stancescu)