Callatis, une colonie antique sur la côte roumaine de la Mer Noire
Du 6e au 8e siècle avant J.-Ch., l’histoire a connu le phénomène dit de « la grande colonisation grecque ». Des colons grecs ont quitté la mère patrie pour des raisons politiques ou économiques et en parcourant la Méditerranée, ils se sont établis sur les rives les plus accessibles et hospitalières où ils ont fondé des cités florissantes, en rapports commerciaux avec leurs régions natales. C’est de cette manière qu’apparurent au bord de la mer Noire les cités de Histria et de Tomis fondées par les colons grecs de Milet, tandis qu’à leurs confrères de Héraclée du Pont ont doit la création de la ville de Callatis. Celle-ci était, à en croire les experts et les archéologues, l’épicentre culturel de la Dobroudja antique, véritable centre économique et un des principaux ports à la mer Noire.
Steliu Lambru, 30.03.2015, 14:32
Du 6e au 8e siècle avant J.-Ch., l’histoire a connu le phénomène dit de « la grande colonisation grecque ». Des colons grecs ont quitté la mère patrie pour des raisons politiques ou économiques et en parcourant la Méditerranée, ils se sont établis sur les rives les plus accessibles et hospitalières où ils ont fondé des cités florissantes, en rapports commerciaux avec leurs régions natales. C’est de cette manière qu’apparurent au bord de la mer Noire les cités de Histria et de Tomis fondées par les colons grecs de Milet, tandis qu’à leurs confrères de Héraclée du Pont ont doit la création de la ville de Callatis. Celle-ci était, à en croire les experts et les archéologues, l’épicentre culturel de la Dobroudja antique, véritable centre économique et un des principaux ports à la mer Noire.
Fondée par les colons grecs originaires de Héraclée du Pont sur les lieux d’une ancienne cité gète consignée par les documents historiques sous le nom de Acervetis ou Cerbates, Callatis fut habitée par les Géto-Daces et les colons grecs. De nos jours, à la place de l’ancienne cité grecque se trouve la ville de Mangalia dont la population s’élève à 33.000 habitants.
Sorin Marcel Colesniuc, chef du Musée Callatis du Complexe culturel homonyme, nous présente les principaux indices selon lesquels la cité de Callatis a connu jadis une vie florissante: « Je mentionnerais en tout premier lieu des inscriptions découvertes à Mangalia et puis des représentations des professeurs sur des monuments funéraires. A tout cela s’ajoutent les écrivains antiques de la vieille cité de Callatis, comme par exemple Istros de Callatis, Demetrios, Heraclide connu aussi sous le nom de Lembos ou encore le rhéteur Thalès. D’ailleurs, c’est bien à Mangalia que les archéologues ont découvert, en 1959, le seul papyrus antique du territoire roumain qui, en l’absence de conditions de préservation propices, fut envoyé à Moscou. Par la suite, il a été considéré perdu un demi-siècle durant avant qu’il ne fût découvert en 2011, au centre de restauration et conservation de la capitale russe, par mon collègue, le docteur Paslaru, et moi-même. Il nous a fallu deux ans de recherches avant de le découvrir et de pouvoir le rapatrier. Malheureusement, on ne saurait vous dire exactement de quoi parlait le texte vu que le parchemin s’était désintégré en contact avec l’air et le soleil. Il aurait risqué la destruction totale si on n’était pas arrivés sur place pour le sauver. A présent, on dispose de 154 fragments dont plusieurs, plus grands, conservent des lettres de l’alphabet grec ancien. On n’a aucun mot entier, mais seulement des lettres disparates. Le papyrus date du 4e siècle avant J.Ch. »
Dans les minutes suivantes, nous allons demander à Sorin Marcel Colesniuc de nous présenter brièvement le Musée de Callatis et ses collections: « Le musée renferme de nombreuses pièces architectoniques telles colonnes, capitaux, architraves, frises composées de métopes, corniches, différents vases en terre cuite dont plusieurs amphores. S’y ajoutent une collection de lampes antiques, des statuettes en terre cuite de Tanagra, des vases en verre, quelques objets funéraires, ainsi que des inscriptions et représentations de différentes divinités, des bijoux, des pièces de monnaie et des objets en métal. Juste en face du musée, les visiteurs peuvent admirer plusieurs fragments architectoniques. Il y a également un parc archéologique, des remparts encore debout du côté nord et vers le nord-ouest de l’ancienne cité, tout comme la tombe princière découverte à 3 km de Mangalia, sur la route menant à Albesti. »
Un repère important de la vie économique de Callatis est le port antique, actuellement englouti sous les eaux de la mer. Sorin Marcel Colesniuc : « Le port de Callatis a été construit au 4e s. avt. J.Ch. Malheureusement, le niveau de la mer Noire ayant augmenté de près de 2 mètres en deux millénaires, le port et les aménagements portuaires se trouvent à présent sous les eaux. Dans les années ’60-’70, Constantin Scarlat a fait des plongées sous-marines à Callatis pour dresser la carte du port. Il y a découvert nombre de fragments architectoniques, dont beaucoup en céramique, surtout des tuiles et des amphores. La carte, il l’a publiée en 1973, dans une revue scientifique qui paraissait à Cluj. Sur cette carte-là sont également indiquées quelques épaves. Nous avons collaboré aussi avec des spécialistes d’Italie et de Hongrie, qui, équipés de scanners, ont balayé le fond de la mer Noire à la hauteur de la ville port de Mangalia. C’est à l’aide de ces scanners que l’on a découvert les épaves de navires antiques. »
Sous l’effet des vagues successives de migrations, la cité de Callatis commence à décliner jusqu’à être réduite à l’état de ruines, précise Sorin Marcel Colesniuc : « Vers le 2e siècle avant J. Ch., les peuples migrateurs font leur apparition dans la région. Les premières invasions sont celles des Costoboques, suivis par les Goths et les Carpes. Les Huns arrivent au 5e siècle, tandis que vers la fin du 6e et au début du 7e les Avars et les Slaves y font irruption et saccagent la cité. Faute de sources archéologiques, on ignore le sort de la cité pendant les trois siècles qui s’ensuivent. Ce n’est que plus tard, au 13e siècle, que l’ancien emplacement de la cité antique de Callatis est consigné sous le nom de Pangalia. Enfin, le toponyme de Mangalia est mentionné pour la première fois dans un document datant de 1593. »
Le peu de vestiges de la cité antique de Callatis ne fournit pas top d’informations sur la vie de ses habitants, mais certains autres de ses secrets seront sans doute dévoilés, ce qui rajoutera encore à l’attractivité de ce site. (trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose)