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Réformes monétaires dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres

Au lendemain de la Première Guerre mondiale voyait le jour la Grande Roumanie, la victoire des pays de l’Entente ayant permis aux provinces historiques de Bessarabie, de Bucovine, du Banat et de Transylvanie de rejoindre le Royaume de Roumanie. La Grande Roumanie, déjà confrontée à une situation économique et financière précaire, devait faire face à un nouveau défi, celui de mener à bien l’intégration de ces provinces.

Réformes monétaires dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres
Réformes monétaires dans la Roumanie de l’entre-deux-guerres

, 23.02.2015, 13:20



Le budget déséquilibré par l’émission monétaire continue, solution artificielle à laquelle la Banque nationale avait recouru, la dévaluation de la monnaie nationale, le leu, et le non-remboursement des dettes extérieures avaient perturbé le fonctionnement du système administratif dans son ensemble. Sous la direction de Vintilă Brătianu, le ministère des Finances de Bucarest allait poursuivre le plan de consolidation de l’économie, lancé par son prédécesseur, Nicolae Titulescu.



L’historien Ioan Scurtu présente les principales étapes de la réforme fiscale mise en place en Roumanie dans les années 1920: « Nicolae Titulescu a été le premier ministre des Finances à avoir élaboré une loi, laquelle n’a pas pu être appliquée, parce que trop complexe et touffue. Cette loi introduisait le principe de la progressivité, suivant le niveau des revenus, ainsi que l’impôt sur le revenu global. Ceux qui avaient plusieurs sources de revenus devaient payer un impôt cumulé, calculé sur le montant total. En fait, Vintilă Brătianu a repris les idées de base formulées par Nicolae Titulescu. C’est sur son initiative que fut adoptée, en février 1923, une nouvelle loi, mais dont l’unique nouveauté consistait dans le nombre plus restreint de catégories de revenus ».



La politique financière promue par Vintilă Brătianu a visé notamment la modernisation de la fiscalité et le respect du principe de l’équilibre budgétaire. Or, le projet de loi relatif aux contributions directes, élaboré sous sa houlette et voté en 1923 par le Parlement, a pu répondre aux besoins de modernisation du système fiscal de Roumanie. Il a eu un impact positif sur la valeur et sur la structure des recettes publiques.



Le nouveau système de distribution des dépenses était un important pas en avant pour la consolidation financière du pays durant l’entre-deux-guerres, précise l’historien Ioan Scurtu: « Cette loi prévoyait aussi une protection spéciale des revenus provenant des activités industrielles. Vintilă Brătianu était adepte de la politique « comptons sur nos propres forces », une politique censée mener à l’essor de l’économie, en général, et de l’industrie en particulier. Il soutenait que grâce à l’union accomplie après la guerre, la Roumanie avait regagné ses territoires et l’indépendance politique, mais qu’elle avait toujours à reconquérir son indépendance économique. Selon lui, l’indépendance politique était inconcevable en l’absence de cette dernière. Cette réforme envisageait d’appuyer le développement économique de la Roumanie, de l’industrie en tout premier lieu. Tout cela dans un cadre de gouvernance libérale, la plus longue de toute la période de l’entre-deux-guerres. Les libéraux ont gouverné le pays plus de quatre ans, de janvier 1922 à fin mars 1926. Pendant ce laps de temps allait être adoptée une nouvelle Constitution, qui stipulait la nationalisation des richesses du sous-sol. C’est sur cette base que fut élaborée aussi une législation propice à la mise en place du concept des libéraux comptons sur nos propres forces”, qui remettait l’économie nationale sur les rails et favorisait son développement accéléré. En 1928, dix ans après l’Union, le niveau de développement industriel du pays était presque deux fois et demie plus grand que celui enregistré avant la Grande Guerre ».



L’importance économique particulièrement significative de la frontière danubienne et la valorisation du pétrole roumain étaient autant de défis que devait relever le ministre des Finances de l’époque. On reconnaît à Vintilă Brătianu le mérite d’avoir décelé les difficultés pour l’économie roumaine engendrées par la présence importante des entreprises à capitaux étrangers dans l’industrie pétrolière autochtone. C’est lui qui établit donc les principales coordonnées d’une politique énergétique nationale.



Selon le principe libéral qui insistait les efforts nationaux, Vintilă Brătianu a mis un accent particulier sur l’utilisation optimale des ressources pétrolières locales, dans le contexte d’une demande accrue d’énergie, sur le plan interne et surtout international. Ioan Scurtu: « La réforme de Nicolae Titulescu a été importante parce qu’elle a donné une direction précise. Vintilă Brătianu a, lui, conféré un contenu concret à cette réforme, en ce sens qu’il a indiqué comment utiliser les deniers publics, en dehors des paies et des pensions de retraite, même si, en ces temps-là, ceux qui bénéficiaient de pensions publiques n’étaient pas nombreux. Il n’a pas misé sur le remboursement de la dette publique, mais sur les investissements, notamment par le biais des crédits accordés aux personnes qui osaient démarrer des activités industrielles afin de produire des biens que l’on n’avait pas fabriqués jusque là en Roumanie. La construction automobile en était une. Ainsi allaient voir le jour les usines Malaxa. Enfin, ont également été jetés les fondements de l’industrie aéronautique roumaine et de certaines autres grandes entreprises roumaines de la période de l’entre-deux-guerres ».



Mettre à profit les ressources naturelles était, de l’avis du ministre des finances Vintilă Brătianu, un élément important pour la création d’une économie qui ne dépende plus aussi largement des capitaux étrangers. Les mesures de politique économique promues par le gouvernement libéral ont en outre contribué, de 1918 à 1940, à la stabilisation de facto de la monnaie roumaine. (trad.: Mariana Tudose)

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