La Roumanie dans la Grande Guerre
La Première Guerre Mondiale est également connue sous le nom de Grande Guerre, car le monde navait plus vécu jusque là des atrocités aussi grandes. A linstar de tous les autres pays, la Roumanie sy était engagée avec un grand enthousiasme, mais celui-ci nallait pas tarder à seffilocher. Au bout de deux ans de neutralité, en août 1916, larmée roumaine entrait en guerre du côté de lEntente. Elle pénétrait en Transylvanie, province de lEmpire austro-hongrois, habitée majoritairement par des Roumains. 4 mois plus tard, en décembre 1916, la capitale, Bucarest, était occupée et les institutions de lEtat se virent contraintes de déménager en Moldavie. En 1918, la Roumanie, qui se retrouvait dans le camp des vainqueurs, passait de lagonie à lextase.
Steliu Lambru, 10.12.2018, 12:54
La Première Guerre Mondiale est également connue sous le nom de Grande Guerre, car le monde navait plus vécu jusque là des atrocités aussi grandes. A linstar de tous les autres pays, la Roumanie sy était engagée avec un grand enthousiasme, mais celui-ci nallait pas tarder à seffilocher. Au bout de deux ans de neutralité, en août 1916, larmée roumaine entrait en guerre du côté de lEntente. Elle pénétrait en Transylvanie, province de lEmpire austro-hongrois, habitée majoritairement par des Roumains. 4 mois plus tard, en décembre 1916, la capitale, Bucarest, était occupée et les institutions de lEtat se virent contraintes de déménager en Moldavie. En 1918, la Roumanie, qui se retrouvait dans le camp des vainqueurs, passait de lagonie à lextase.
Les témoignages puisés dans les archives de la Radiodiffusion roumaine font découvrir limage dun pays en état de guerre et dont le peuple avait fait de son mieux pour vivre dans un monde meilleur. Dans une interview datée de 2001, le général Titus Gârbea se rappelait latmosphère exubérante qui régnait dans la société roumaine à la veille de la guerre: Mon père était un descendant de Tudor Vladimirescu, de Gorj, ma mère était originaire de Făgăraş. Mon grand-père maternel avait fait des études à Vienne, puis en Italie. Comme il ne pensait quà son Italie, il avait fait apprendre litalien à ses propres enfants et à son épouse. Une atmosphère de grand patriotisme régnait dans la maison. Je me souviens des moments où mon père nous amenait faire nos prières devant les icônes représentant les martyrs du peuple roumain: Horia, Cloşca et Crişan et Michel le Brave, bien sûr. Nous entonnions des chants et priions le bon Dieu pour quil préserve leurs âmes. Sur le mur den face trônait le portrait du roi Carol, car nous étions très royalistes, adeptes fervents de la monarchie. On chantait même « Vive le roi ». Les intellectuels contribuaient pour beaucoup à entretenir cet esprit.
Le général Constantin Durican a, lui, combattu comme infirmier: En 1914, jai été appelé à lhôpital aménagé dans les locaux du lycée Petru Rareş. On ma attribué la charge dinfirmier sur une voiture équipée dun brancard. Il y avait deux sections dauto-brancards: lune dirigée par le général Prezan, lautre par le général Averescu. Lauto – brancard est une voiture destinée à transporter les blessés depuis les premiers points de premiers secours jusquà un des hôpitaux de Piatra Neamţ, qui fonctionnaient dans les écoles.
Le politicien Constantin Moiceanu a été membre du Parti Social Démocrate, le parti anticommuniste de Constantin Titel-Petrescu. En 2000, il se remémorait les réalités du front près de sa commune natale et les relations des civils avec les Russes, alliés des Roumains: Le front était tout près. Personne navait plus envie de célébrer les fêtes. Mes frères et dautres habitants revenaient le soir, quand le calme sinstallait sur le front et nous apportaient des nouvelles sur les combats et les blessés. Nous avions lavantage de connaître le terrain. A un certain moment, on a vu venir les troupes russes. Des rumeurs couraient comme quoi les Russes étaient réputés bon viveurs et enclins à la bagarre. Les miens étaient assez aisés à lépoque. Ils possédaient un lopin de terre et un jardin. En plus, la cave de la maison regorgeait de fûts remplis de vin et deau-de-vie. Le jour où lon a eu vent de larrivée des Russes, les villageois ont vidé tous les fûts, craignant la réaction des soldats russes ivres.
Gavril Vatamaniuc a été lunique survivant du groupe de résistance anticommuniste de Bucovine. En 1993, il évoquait le souvenir dun compagnon dorigine française, détenu dans la prison de Gherla. Il avait combattu comme volontaire aux côtés des Roumains et choisi de ne plus quitter la Roumanie après la guerre: Je ne peux pas oublier ce que ma raconté cet homme, âgé de plus de plus de 70 ans. Jeune officier français, il était venu en Roumanie en 1916, comme volontaire, pour se joindre à larmée roumaine qui luttait contre lAllemagne. Blessé, alors quil se trouvait sur le front de Moldavie, il fut amené à lhôpital de Iasi et soignée par une jolie jeune femme, Maricica de son nom. Une fois guéri et sorti de lhôpital, il décida de lépouser. Il vendit tous ses biens de France et sinstalla en Roumanie comme petit fermier. Seulement voilà quà lavènement des communistes, notre petit fermier fut anéanti.
Un siècle après la Grande Guerre, lEurope garde encore un vif souvenir du conflit ayant marqué laube dun nouvel âge, lui aussi jalonné de tragédies, dexploits ou dactes de lâcheté, despoirs comblés ou brisés. (trad. Mariana Tudose)