La Reine Marie de Yougoslavie
La princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen est née le 6 janvier 1900 ; elle était le troisième enfant et la deuxième fille du prince Ferdinand, qui allait devenir le roi Ferdinand Ier de Roumanie, et de son épouse, Marie. Sa mère l’appelait Mignon, d’après l’œuvre du musicien français Ambroise Thomas, qui a vécu entre 1811 et 1896, mais aussi Marioara et Màrioara, la petite princesse faisait état de modestie et de sensibilité, malgré les grands défis qu’elle a dû relever. Elle allait devenir la première et l’unique reine de Yougoslavie, suite à son mariage avec le roi Alexandre Ier.
România Internațional, 12.05.2014, 13:09
La princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen est née le 6 janvier 1900 ; elle était le troisième enfant et la deuxième fille du prince Ferdinand, qui allait devenir le roi Ferdinand Ier de Roumanie, et de son épouse, Marie. Sa mère l’appelait Mignon, d’après l’œuvre du musicien français Ambroise Thomas, qui a vécu entre 1811 et 1896, mais aussi Marioara et Màrioara, la petite princesse faisait état de modestie et de sensibilité, malgré les grands défis qu’elle a dû relever. Elle allait devenir la première et l’unique reine de Yougoslavie, suite à son mariage avec le roi Alexandre Ier.
Marie de Hohenzollern-Sigmaringen a été baptisée orthodoxe quelques mois après sa naissance. Dans le volume de mémoires « L’histoire de ma vie », sa mère la décrivait en tant qu’enfant joyeux et souriant, « extrêmement câlin ». En compagnie de ses frères, elle suit des cours privés avec des professeurs renommées tels le plus grand historien roumain Nicolae Iorga. Les années de la première guerre mondiale ont été extrêmement difficiles pour la jeune princesse. Durant la guerre, le gouvernement de Bucarest et la Couronne de Roumanie ont été obligés de trouver refuge dans la capitale moldave, Iasi. La fin de la première guerre mondiale allait produire une Roumanie plus grande que celle d’avant. Et pourtant, pour la jeune princesse Marie, la fin de la guerre a coïncidé avec la séparation de son frère, parti faire des études en Grande Bretagne. Elle allait le rencontrer 25 ans après, après son propre départ en exil.
C’est également après la fin de la guerre que se produit le premier grand changement de sa vie. Le 9 juin 1922, à l’âge de 22 ans, Mignon épouse le roi Alexandre Ier Karageorgevich, l’unificateur des Serbes, Croates et Slovènes dans le Royaume de Yougoslavie. La princesse timide, pas du tout prétentieuse, fragile même devient reine. Les deux s’étaient rencontrés pour la première fois en 1921, à l’occasion d’une visite faite en Roumanie par le souverain yougoslave. C’est le début d’une relation qui allait se transformer non seulement en une alliance matrimoniale, mais aussi en une tentative de coopération régionale. Les fiançailles se déroulent à Bucarest, et le mariage à Belgrade, avec la participation de membres de différentes familles royales européennes.
Mignon se conduit comme une véritable reine. Elle apprend la langue de ses sujets et a trois fils : le futur roi Pierre II de Yougoslavie, Tomislav et André. On dit que la nouvelle reine a conquis le cœur de son peuple dès le premier jour de son règne. L’année 1934 marque un deuxième changement dans sa vie. Elle devient veuve à 34 ans seulement, suite à l’assassinat d’Alexandre Ier dans l’attentat de Marseille. On dit aussi qu’après l’enterrement de son époux, la reine Marie n’a plus jamais ri et qu’elle a porté le deuil jusqu’à la fin de sa vie.
Elle soutient son fils, le roi mineur Pierre II. En 1941, lorsque le régent Paul accepte la demande d’Hitler de faire transiter par la Yougoslavie l’armement destiné à la Grèce, la reine Marie proteste avec véhémence.
Elle subit un nouveau choc lorsqu’elle se voit obligée de partir en exile en Suisse avec son fils, vu que l’Allemagne occupe la Yougoslavie. La fin de la seconde guerre mondiale apporte le 3e changement majeur de la vie de la reine, perçu comme son véritable collapsus. Les guérillas communistes de Tito prennent le pouvoir, proclament la république et interdisent l’entrée dans le pays du souverain légitime Pierre II.
Au printemps 1947, les leaders communistes yougoslaves émettent un décret par lequel la reine Marie se voit annuler la citoyenneté yougoslave et confisquer sa fortune. « J’ai tout perdu, définitivement», écrit — elle à la reine Hélène, mère du roi Michel Ier de Roumanie, au printemps 1947. «J’ai perdu le pays de mes parents, le pays de mes sujets, mon époux, ma couronne, le trône de mon fils et la plupart de la fortune héritée. Je n’ai plus que mes trois fils – je remercie Dieu qu’ils soient en bonne santé – une liberté inutile et un âge trop avancé pour profiter des joies de la vie».
Lors du procès au Palais de la Justice de Belgrade, le 14 avril 2014, le tribunal suprême a estimé que dans le cas de la reine Marie, par le décret émanant des autorités communistes, les droits de l’homme avaient été violés pour des raisons politiques et idéologiques. La demande de réhabilitation de la reine a été avancée par ses héritiers, les fils Tomislav et Andrei Karageorgevich et les petits-fils, Lavinia, Katarina, Dimitrie et Mihailo.
Lucian Marina, journaliste à Radio Novi Sad, commente la décision du Tribunal serbe sur la reine Marie: « Elle vient d’être réhabilitée, du point de vue civique. La décision du Tribunal suprême de la Serbie a été à la fois attendue et normale, logique, vu notamment que la Serbie se dirige vers l’Europe et respecte les droits civiques. Si la famille Karageorgevich a été amnistiée, cette amnistie de la reine Marie en tant que citoyen veut dire que ses héritiers doivent entrer dans leurs droits pour ce qui est de l’héritage qui leur appartient. Dans les coffres de la reine Marie vont se retrouver beaucoup de choses, gardées à présent dans ceux du président de l’époque du grand Karageorgevich ».
Mignon est décédée le 22 juin 1961, à Londres. Dans le même esprit de la réhabilitation, le gouvernement serbe a adopté une décision prévoyant la mise en place d’un comité organisateur pour l’exhumation et le transfert des dépouilles mortelles des membres de la Maison royale Karageorgevich au Mausolée Royal Oplenac, près de Belgrade. (aut.: Marius Tiţa, George Prodescu, Steliu Lambru; trad.: Alexandra Pop, Valentina Beleavschi, Alex Diaconescu)