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La Roumanie lors du Printemps de Prague

Certaines photos, images – symboles d’un événement exceptionnel, parviennent à traverser les temps tout en gardant intact leur message. C’est le cas aussi des photos prises par le Tchèque Josef Koudelka pendant ce que l’on a appelé «Le Printemps de Prague», de 1968, lorsque la Tchécoslovaquie a essayé de sortir de sous la tutelle soviétique. Rentré de Roumanie deux jours seulement avant l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie, Josef Koudelka a eu la grande chance de pouvoir immortaliser, pour en témoigner plus tard, la barbarie avec laquelle l’Union Soviétique et ses alliés ont étouffé, en août 1968, le désir de liberté de ses compatriotes. Les clichés allaient être sortis clandestinement de Tchécoslovaquie et les photos publiées en France en 1969. La Roumanie a refusé de participer à l’invasion, considérant cet acte comme une agression contre un Etat socialiste ami.

La Roumanie lors du Printemps de Prague
La Roumanie lors du Printemps de Prague

, 30.12.2013, 13:34



Le colonel Alexandru Oşca, historien militaire, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur ces événements et sur la position de la Roumanie: « Ce fut l’opération d’invasion d’un Etat la plus ample d’après la Seconde Guerre mondiale. Ceauşescu n’avait pas été invité à y participer, ni informé au sujet de cette action. Il y avait eu six réunions au sommet. Nous ne saurions dire maintenant qu’elle aurait été la position de Ceauşescu si on lui avait demandé l’avis sur la participation de la Roumanie. Par contre, ce n’est pas difficile de deviner ce qu’il avait pensé, sachant que tous les amis se rencontraient alors que lui, il n’était pas convié à ce conclave communiste. Personne n’ignorait le fait que ne pas y être invité, ne pas se retrouver à cette table, équivalait à une sorte d’adieu. »



L’historien Petre Otu, directeur de l’Institut d’Etudes Politiques de défense et d’histoire militaire, a analysé plusieurs documents déclassifiés d’où il résulte que Nicolae Ceauşescu était au courant de la campagne que le Pacte de Varsovie préparait contre la Tchécoslovaquie : « Les documents auxquels nous avons eu accès prouvent que l’invasion n’était pas un secret. Une des sources les plus promptes et les plus exactes avait été un officier polonais dont la famille s’était réfugiée en Roumanie en 1939, où elle était d’ailleurs restée jusqu’en 1944. L’officier polonais, qui avait suivi les cours d’un lycée militaire en Roumanie, faisait partie du commandement du Pacte de Varsovie. Le conseiller de l’ambassade de Roumanie à Varsovie étant un ancien copain de lycée de celui-ci, c’est par cette filière que l’on a pu avoir des renseignements très exacts sur les préparatifs des Soviétiques. Ceauşescu a donc été informé par Ion Stănescu et, lorsqu’il est parti pour Prague, il a demandé que le message transmis par l’officier polonais soit traduit en tchèque aussi. Une fois à Prague, il l’a remis à Dubcek. A son retour en Roumanie, Stănescu a voulu savoir si Ceauşescu en avait parlé à Dubcek. La réponse de Ceauşescu a été la suivante : Oui, mais de deux choses l’une: ou bien il n’en sait rien, ou bien il ne souhaite pas que nous autres le sachions. Bref, Ceauşescu a été mécontent de la réaction de Dubcek. »



Jusqu’en 1968, la Roumanie et la Tchécoslovaquie n’ont pas eu de relations étroites. En 1964, lorsque le plan Valev était mis au point et qui réserver à la Roumanie le rôle d’une économie agraire au sein du camp socialiste, la Tchécoslovaquie avait mis en valeur son influence pour que ledit plan soit mis en place. Petre Otu a expliqué l’évolution des relations roumano-tchèques au fil des événements : « Les leaders tchèques ont été très réticents, jusqu’au mois de juillet, à l’égard de la coopération avec Ceauşescu. Ils ont tenté de l’éviter, car l’association avec celui-ci risquait de servir aux Soviétiques de prétexte pour une éventuelle invasion. Les relations ne se sont réchauffées qu’au moment où ils ont appris que les choses se précipitaient et que les Soviétiques s’apprêtaient bel et bien à envahir la Tchécoslovaquie. Ceauşescu allait se rendre à Prague et signer le traité d’assistance mutuelle. Cela a conduit à la théorie selon laquelle on était en passe de refaire la Petite Entente de l’entre-deux-guerres. Les sources mémorialistiques confirment le fait que les Soviétiques suivaient de près cette connivence danubienne. C’est sur la base de ces informations que l’on a secrètement préparé les formations de lutte de la jeunesse et les gardes civiques patriotiques, qui ont défilé le 23 août. Ce fut un effort terrible et Ceauşescu s’y est préparé en cachette sachant qu’il y aurait une invasion. »



En cet été 1968, 8000 touristes tchécoslovaques se trouvaient en Roumanie. Les 400 autres qui passaient leurs vacances dans la Bulgarie voisine les ont rejoints. Comme ils ne pouvaient plus regagner leur pays, on les a hébergés dans les hôtels de l’Office national du tourisme. Ils y sont restés jusqu’au moment où la situation s’est calmée à Prague. Tomaš Vostry, adjoint à l’ambassadeur de la République Tchèque à Bucarest, se rappelle qu’à l’été 1968 il passait ses vacances sur la côte roumaine de la Mer Noire : « Ce sont des souvenirs de mon enfance. Malheureusement, j’ai raté les sept jours que Koudelka a immortalisés dans ses photos. 1968 a été une des années où j’ai passé mes vacances d’été en Roumanie, dans la station littorale de Mamaia. J’étais avec mes parents. Puisque nous n’avons pu prendre l’avion le 22 août, nous sommes rentrés par le train, le 2 septembre. J’ai donc manqué ces moments de notre histoire, mais je peux confirmer que les touristes tchèques ont été très bien accueillis alors en Roumanie. J’avais 10 ans à l’époque. A Prague, en allant vers l’école, je voyais toujours les troupes soviétiques. Elles étaient partout : en ville et dans les forêts tout autour, ce qui mettait en colère les Pragois. Puis, au début de l’automne, elles ont commencé peu à peu à se retirer de Prague. »



Voici en bref le récit d’un petit geste qui allait engendrer un grand rapprochement. (trad.: Mariana Tudose)

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