L’odeur des mots
Cet automne, c’est pour la première fois que la Roumanie connaît un tel pèlerinage de Prix Goncourt. Après Frédéric Verger, que nous avons accueilli la semaine dernière dans RRI Spécial, Bucarest se prépare pour la rencontre, ce soir, avec Jean-Baptiste Del Amo, prix Goncourt du premier roman, en 2009.
Andrei Popov, 13.11.2014, 16:34
Le maître incontestable de l’écriture olfactive se trouve dans la capitale roumaine pour rencontrer le public local, mais aussi pour relancer en quelque sorte la version roumaine d’ « Une éducation libertine », le roman qui l’a confortablement installé dans l’élite littéraire continentale. Ce livre, paru chez Gallimard en 2008, repris en 2013 par les éditions roumaines Vellant, a valu à Jean-Baptiste Del Amo le Goncourt du premier roman en 2009, mais aussi les prix François Mauriac de l’Académie française, Fénéon des Universités de Paris et Laurent-Bonelli Virgin-Lire.
Pour vous situer un tout petit peu, « Une éducation libertine » raconte grosso modo le devenir d’un jeune homme très simple qui débarque dans ce Paris de fin d’ancien régime, qui verra ses entrailles exploser lors de la très proche révolution française; un jeune homme qui apprendra à se servir de son corps, de tout ce qu’il a de plus obscur en lui, pour grimper dans la hiérarchie sociale et exorciser de la sorte l’amour ou plutôt l’obsession qu’il porte dans ses propres tripes pour un Casanova local, un homme d’une perversité approchant celle du marquis de Sade. Une histoire indissociable de son décor, composé presque exclusivement d’odeurs, de relents, de fumets, de pestilences, qui déroulent devant le lecteur à la fois un véritable film en plusieurs dimensions et le pouvoir de l’écrivain sur les mots qu’il utilise. Eclairage avec Jean-Baptiste Del Amo.