Le livre des nombres
1. Au début il y a
eu le père. Mon père. Ioachim. Mais avant mon père, il y a eu le père de mon
père. Gherasim. Mon grand-père. Et avant le père de mon père, il y a eu le père
du père de mon père. Anton. Mon arrière-grand-père. Qui vécut avec Maria et ils
eurent quatre fils, Antim, Avram, Leontie, Gherasim, et une fille, Eva. Et
avant le père du père de mon père il y a eu le père du père du père de mon
père. Achim. Et ainsi de suite jusqu’au bienheureux premier jour.
Ioana Stăncescu, 27.04.2021, 13:30
1. Au début il y a
eu le père. Mon père. Ioachim. Mais avant mon père, il y a eu le père de mon
père. Gherasim. Mon grand-père. Et avant le père de mon père, il y a eu le père
du père de mon père. Anton. Mon arrière-grand-père. Qui vécut avec Maria et ils
eurent quatre fils, Antim, Avram, Leontie, Gherasim, et une fille, Eva. Et
avant le père du père de mon père il y a eu le père du père du père de mon
père. Achim. Et ainsi de suite jusqu’au bienheureux premier jour.
2. Au début il y a
eu la mère. Ma mère. Ana. Mais, avant ma mère, il y a eu la mère de ma mère.
Terezia. Et avant la mère de ma mère il y a eu la mère de la mère de ma mère.
Mon arrière-grand-mère, Teodosia. Qui prit pour époux Varava, et ils eurent
deux fils, Nicolae et Visarion, et deux filles, Terezia et Drosia, la
folle-en-Christ. Et avant la mère de la mère de ma mère il y a eu la mère de la
mère de ma mère, Iohana. Et ainsi de suite. Quand ma mère et mon père vivaient
heureux au jardin d’Éden.
C’est par ces mots que débute le roman de Florina Ilis, Le livre des
nombres, sorti le 8 avril dernier en librairie, en France. Traduit du
roumain par Marily Le Nir pour les éditions des Syrtes, le roman dont il sera
question dans les minutes suivantes est comme on l’avait déjà dit, à la fois
« une fresque historique, une saga familiale et une monographie d’un
village de l’Europe de l’est ». L’action se passe en Transylvanie et
couvre tout un siècle d’histoire, en suivant l’épopée sur quatre générations de
deux familles apparentées. Avant de plonger dans l’univers littéraire de
Florina Ilis, permettez-moi de vous dire qu’on se trouve devant l’une des plus grandes
plumes de la littérature roumaine contemporaine. La preuve ? Le prix du
meilleur livre étranger remis en 2010 par le Courrier international à Florina
Ilis pour sa Croisade des enfants. Pour mieux plonger dans l’entreprise
si courageuse de cette romancière qui a débuté en 2000, avec un recueil de
haïkus, on a invité aujourd’hui au micro de RRI, Florina Ilis et l’éditrice
Olimpia Verger des Editions des Syrtes, les éditions qui s’enorgueillissent de
compter dans leur catalogue des grands classiques roumains tels Camil Petrescu
ou des voix contemporaines comme celle de Tatian a Tïbuleac.