Le 20 février, journée de l’émancipation des Roms en Roumanie
Depuis 2011, le 20 février est en Roumanie la Journée de l'abolition de l'esclavage des Roms. C'est en effet à cette date, en 1856 qu'une loi vient clore le processus mettant fin à l'esclavage. Les traces les plus anciennes attestant de l'existence d'esclaves sur les territoires roumains remontent au 14eme siècle, soit cinq siècles plus tôt.

Radio România, 20.02.2025, 11:03
500 ans d’esclavage pendant lesquels les roms, femmes, enfants et hommes étaient considérés comme des biens matériels que les seigneurs, les églises, les monastères, et l’Etat pouvaient acheter, vendre ou léguer en héritage. Leurs propriétaires séparaient sans remords parents et enfants. Et c’est sans remords aussi qu’ils exploitaient, violentaient et abusaient de leurs corps et de leurs esprits. Ce crime de masse a été rendu possible par la déshumanisation de la population rom.
Cette partie de l’histoire reste aujourd’hui encore largement invisibilisée. Tout comme sont invisibilisés les liens entre l’esclavage et les stigmates hérités de cette période dont souffrent toujours les roms. En effet, 167 ans après l’abolition, la minorité rom, numériquement la plus importante de Roumanie, continue à être poursuivie par un racisme systémique engendrant des discriminations multiples.
Ionela Padure est professeure de Rromani et de français et travaille au sein de E-Romnja, une association féministe, rom, apolitique qui lutte pour les droits des filles et des femmes roms et dont le siège est à Bucarest. Elle a accepté de discuter avec Clémence Lheureux des difficultés rencontrées quand on se retrouve confronté à une histoire collective douloureuse dont le souvenir s’était perdu. Elle parle des enjeux de la réappropriation de cette histoire pour les individus et les communautés mais aussi pour la société roumaine actuelle.