Patrimoine architectural à Constanta
On ne saurait pourtant oublier ses édifices emblématiques, témoignant de sa longue histoire et de la diversité ethnique de la zone. Le Musée dart, par exemple, abrite une riche collection douvres portant la signature de grands artistes plasticiens roumains. Il a été fondé en 1961, grâce à des collections de peintures et de sculpture reçues en don de la part des auteurs mêmes ou de la municipalité.
Christine Leșcu, 07.05.2015, 16:33
On ne saurait pourtant oublier ses édifices emblématiques, témoignant de sa longue histoire et de la diversité ethnique de la zone. Le Musée dart, par exemple, abrite une riche collection douvres portant la signature de grands artistes plasticiens roumains. Il a été fondé en 1961, grâce à des collections de peintures et de sculpture reçues en don de la part des auteurs mêmes ou de la municipalité.
Classé monument historique, le bâtiment du Musée, qui sétale sur trois étages, a été construit entre 1891 et 1893, selon les plans de larchitecte Ion Socolescu. Au début, il a servi de siège à lEcole roumaine de Constanţa. Les toiles et les sculptures exposées appartiennent à des artistes roumains célèbres tels Nicolae Grigorescu, Theodor Aman, Jean Steriadi, Ion Andreescu, Cornel Medrea, Dimitrie Paciurea, Ion Ţuculescu, Ion Jalea, Vida Gheza, Theodor Pallady, Corneliu Baba.
Le Musée dart de Constanţa a récemment rouvert ses portes, au bout de plusieurs années de travaux de restauration. Détails avec Doina Păuleanu, directrice du musée : « Nous avons trié les ouvrages de chaque artiste, suivant des critères dimportance, de représentativité ou de cohérence. Lespace généreux nous a permis de consacrer une salle dexposition à chaque grand artiste roumain de la période moderne. Le fait de renoncer à telle ou telle œuvre de lexposition permanente a été perçu comme un véritable sacrifice. Cest alors quest née lidée dorganiser une exposition temporaire, pour montrer quun grand musée abrite en fait beaucoup plus doeuvres quil nen expose. Cette exposition temporaire, que nous avons baptisée « Le Musée des entrepôts » accueille bien des tableaux de Tonitza, Şirato, Dimitrescu, Pallady, Petraşcu et autres. Les visiteurs ont ainsi loccasion de voir des toiles jamais ou peu exposées auparavant » .
La construction des locaux actuels du Musée dart de Constanţa remonte à la fin du XIXe siècle, une époque où la région de Dobroudja avait connu un essor florissant. Après avoir longtemps appartenu à lEmpire ottoman, cette province avait rejoint le territoire de la Roumanie, au lendemain de la guerre dindépendance de 1877 – 1878. Doina Păuleanu évoque les transformations que la région de Dobroudja a subies depuis lors : « La Dobroudja redevient terre roumaine après la guerre dindépendance de 1878. Au début, les gens qui venaient du Royaume de Roumanie, même sils se sentaient exilés, souhaitaient laisser des traces de leur passage par là. Peu de monde sait que nous devons la construction de la falaise de Constanţa aux plans de Scarlat Vârnav, ingénieur originaire de la ville et directeur de lEcole nationale de Ponts et Chaussées de Bucarest et au courage dAnghel Saligny de sy investir, alors que les travaux au port de Constanta étaient déjà en cours. La Dobroudja est un endroit extraordinaire, un lieu de confluence, un espace multiethnique, témoin de la naissance ou du déclin des différents empires, du passage des peuples migrateurs en route vers Constantinople, capitale du monde à cette époque-là. »
Dans cette zone dinterférences religieuses et ethniques, la tolérance religieuse était cruciale. Cest pourquoi le roi Carol I avait créé les conditions nécessaires permettant de la maintenir, explique Doina Păuleanu, directrice du Musée dart de Constanţa : « Ce nest pas par hasard que les deux grands monuments dart religieux érigés après lunion de la Dobroudja avec le Royaume de Roumanie ont été la Cathédrale des Saints Apôtres Pierre et Paul et la Mosquée royale. Cette dernière a été dressée avec des deniers publics sur lemplacement dune mosquée ancienne dont elle a repris une bonne partie du mobilier sacré. Si le roi Carol Ier avait eu linitiative de la faire construire cest justement pour prouver que la Roumanie élargie prêtait une attention toute particulière à la tolérance religieuse. Dailleurs, tous les édifices de la ville, bâtis jusquen 1914, témoignent de lintérêt pour la région de Dobroudja que manifestait le roi Carol Ier, lequel avait très bien saisi limportance géopolitique de ce coin de la Roumanie. »
Pour mieux comprendre la culture et lhistoire de Constanţa, le touriste devrait compléter la visite du Musée dart par une randonnée dans la vieille ville.