Monseigneur Vladimir Ghika
Monseigneur Vladimir Ghika, prince, érudit, prêtre et martyr chrétien, a été béatifié à Bucarest, le 31 août dernier. Sa béatification a été considérée comme l’événement le plus important dans la vie de l’Eglise catholique de Roumanie, après la visite du Pape Jean Paul II, en 1999.
Steliu Lambru, 06.09.2013, 14:04
Monseigneur Vladimir Ghika, prince, érudit, prêtre et martyr chrétien, a été béatifié à Bucarest, le 31 août dernier. Sa béatification a été considérée comme l’événement le plus important dans la vie de l’Eglise catholique de Roumanie, après la visite du Pape Jean Paul II, en 1999.
Le prince et le haut prélat Vladimir Ghika est issu d’une famille qui a donné 9 princes aux Principautés roumaines de Valachie et de Moldavie. Né en 1873 à Constantinople, Vladimir a fait des études de théologie et de philosophie à Rome, avant d’être ordonné prêtre catholique en 1923. Il compte parmi les figures marquantes de l’histoire de l’œcuménisme roumain, étant proche du christianisme byzantin, qu’il a vu intégré à celui latin.
Né orthodoxe, Vladimir Ghika, s’est converti au catholicisme en 1902. Après avoir essayé de suivre une carrière diplomatique, Vladimir se consacre à la mission apostolique et philanthropique. Il met en place un service d’ambulance durant la révolte paysanne de 1907 et fonde le dispensaire Bethléem Marie. Et ce fut toujours par ses soins que fut créé un sanatorium, dirigé par des sœurs de Saint Vincent de Paul. Nationalisé en 1948 par les communistes, ce sanatorium allait être transformé en hôpital.
Même s’il a renoncé à la carrière diplomatique, Vladimir Ghika a mené une vie laïque très active. Décoré en 1913, après la deuxième guerre balkanique, il est le premier ambassadeur de Roumanie auprès du Saint Siège, entre 1918 et 1919. Vladimir Ghika déploie, pendant une grande partie de sa vie, une intense activité de missionnaire. Sa vocation de diffuser les préceptes chrétiens l’a mené aux quatre coins du monde, explique le prêtre Francisc Dobos : « Le Pape lui -même l’a qualifié de « vagabond apostolique », vu qu’il a sillonné tous les continents. Après son ordination, une mission que le Pape lui avait confiée allait le mener sur tous les continents. Il a participé à différents congrès eucharistiques internationaux, il est allé à Chypre, à Manille, au Japon, au Congo, à Buenos Aires. Ce fut là aussi une façon de faire connaître la Roumanie au delà des frontières nationales ».
La preuve de sa vocation la plus forte, Vladimir Ghika l’a faite vers la fin de sa vie. Prêtre depuis 1939, il a figuré parmi les victimes de la machine infernale de la répression communiste: arrêté dans la rue en 1950, à l’âge de 79 ans, sous l’accusation d’espionnage- en fait une affaire montée de toutes pièces- il est incarcéré . Dans la prison, les tortures subies se sont avérées impuissantes face à la foi du martyr. Le prêtre Francisc Ungureanu s’est impliqué dans les démarches visant la béatification de Ghika au Vatican ; les documents lui ont fourni des détails sur les dernières années de sa vie : « Vladimir Ghika est mort en mai 1954, dans la geôle de Jilava, des suite des mauvais traitements subis dans cette prison et celle d’Uranus. Après une année d’enquête, il en a passé une autre en prison. Vladimir Ghika a raconté à Monseigneur Ieronim Menges les tortures endurées durant les enquêtes à Uranus. A en croire les documents officiels de la police politique Ghika n’aurait pas été soumis à des enquêtes trop dures, en raison de son âge. Or les histoires de Ieronim Menges prouvent le contraire et font état de tortures physiques et psychiques inimaginables. Parmi elles, la pendaison électrique — les tortionnaires passaient du temps à observer ce qui faisait peur au détenu, afin d’agir en ce sens. Vladimir Ghika craignait le plus la pendaison. Ils le menaçaient de le pendre tout nu dans le boulevard, mais ils le faisaient dans la prison. Il y avait un mécanisme composé de deux moitiés d’un anneau qu’on attachait au cou de Ghika; il était soulevé par la suite et suspendu. Puis, on provoquait un court-circuit, l’anneau s’ouvrait et Ghika tombait par terre. Ce procédé lui fut appliqué 80 fois. Il a même été soumis à une condamnation à mort et mis devant un peloton d’exécution. Vous imaginez ce que ce vieil homme de 80 ans a pu vivre ».
Ce calvaire a été vécu par des centaines de milliers de personnes qui ont voulu garder intacts leur dignité humaine et leurs principes…(trad. : Alexandra Pop)