Maisons paysannes aux toits en chaume
Le Maramures est une région historique roumaine où la tradition et l’utile, la simplicité et le bon goût se mélangent harmonieusement. Même si la société actuelle offre une multitude d’options en matière de techniques et de matériaux de construction, dans l’extrême nord de la Roumanie, les toits en chaume sont toujours visibles dans les villages traditionnels.
Monica Chiorpec, 08.03.2016, 15:17
Le Maramures est une région historique roumaine où la tradition et l’utile, la simplicité et le bon goût se mélangent harmonieusement. Même si la société actuelle offre une multitude d’options en matière de techniques et de matériaux de construction, dans l’extrême nord de la Roumanie, les toits en chaume sont toujours visibles dans les villages traditionnels.
Collectés en automne, après la récolte, lorsque les plantes céréalières arrivent à maturité, les pailles sont séchés et isolées par le procédé du fumage avant d’être sélectées, coupées à des dimensions bien établies et puis mises en bottes. C’est à ce moment qu’intervient le talent de l’artisan qui utilise une technique spéciale pour transformer ces bottes en toits durables. Vasile Heres, du village de Costeni, de la contrée de Lapus, est apprécié dans toute sa communauté pour la méticulosité avec laquelle il fait son métier de constructeur de toits en chaume.
Vasile Heres a même restauré de tels toits de maisons paysannes, dans différents musées d’ethnographie à travers le pays. Ecoutons-le : « J’ai fait une cinquantaine de toits, qui se trouvent actuellement dans les collections des musées de Sibiu, Cluj, Baia Mare et Sighetu Marmatiei. Ce métier, je l’ai appris lorsque j’étais jeune, mais je ne l’ai pas pratiqué avant 1994, lorsque j’ai été contacté par le Musée Astra de Sibiu pour des travaux de restauration. J’ai passé des essais pendant plusieurs jours et j’ai prouvé que j’étais qualifié pour ce travail. J’ai travaillé dans une équipe de quatre personnes, durant un été. Ce fut une expérience très spéciale, là-bas au musée Astra, nous nous sommes sentis mieux qu’à la maison. »
La technique d’isoler les maisons traditionnelles en paille est connue par très peu d’habitants de la région et Vasile Heres connaît surtout le secret de la construction de toits, qui peuvent durer jusqu’à une quarantaine d’années, sans aucun travail d’entretien. « Pour qu’un toit puisse être couvert de chaume, il faut notamment avoir une charpente très inclinée, comme c’est le cas des maisons du Maramures. Tout dépend de la qualité des pailles. J’utilise des pailles de seigle de notre région. Toutes les matières premières que j’utilise sont de qualité supérieure. Le secret c’est de poser les bottes de paille en position inclinée, avec l’extrémité supérieure vers l’extérieur. Les chaumes sont rigoureusement pressés et la couche qui en résulte a une épaisseur de 70 – 80 centimètres, pour que le toit soit imperméable. L’inclinaison des pailles doit être la même depuis la base jusqu’au sommet de la charpente, où l’épaisseur de la couche de chaume arrive à 80 – 90 centimètres. Enfin, le toit doit être passé à la brosse et puis lavé au jet d’eau. Enfin, on coupe le sommet du toit pour réaliser une véritable pièce de musée. »
Jusqu’aux années 1970, toutes les maisons de la région de Lapus étaient couvertes de chaume. Suite aux travaux de modernisation réalisés ces dernières décennies, de moins en moins de maisons possèdent encore des toits en chaume, puisque les habitants des lieux ont choisi notamment des matériaux modernes pour leurs toitures. Et pourtant, la technique de construction des toits en chaume semble à nouveau gagner du terrain, puisque les habitations écologiques, sont de plus en plus recherchées.