Les manoirs de Măldărești
Aujourd’hui, nous
vous proposons un voyage particulier, qui vous plongera dans le temps et dans l’histoire
de la région d’Olténie, nous rendant dans le village de Măldăreşti, à la
découverte des manoirs fortifiés, véritables joyeux architecturaux de Moyen Âge
tardif roumain. Erigés dans le département de Vâlcea, ces manoirs sont désignés
par le terme de « culă », signifiant tour fortifiée en langue turque.
Et, en effet, si ces manoirs faisaient fonction de résidence des boyards d’Olténie,
ils étaient également censés défendre la vie et les biens de leurs hôtes. Et pour
s’acquitter de leurs fonctions, les manoirs fortifiés, répandus à partir du 17e
siècle dans tous les Balkans, ont, en effet, tout l’apparence d’une tour
fortifiée, capable de protéger ses occupants face à une éventuelle attaque
ennemie, tout comme face à un soulèvement paysan.
Ana-Maria Cononovici, 25.08.2021, 10:43
Aujourd’hui, nous
vous proposons un voyage particulier, qui vous plongera dans le temps et dans l’histoire
de la région d’Olténie, nous rendant dans le village de Măldăreşti, à la
découverte des manoirs fortifiés, véritables joyeux architecturaux de Moyen Âge
tardif roumain. Erigés dans le département de Vâlcea, ces manoirs sont désignés
par le terme de « culă », signifiant tour fortifiée en langue turque.
Et, en effet, si ces manoirs faisaient fonction de résidence des boyards d’Olténie,
ils étaient également censés défendre la vie et les biens de leurs hôtes. Et pour
s’acquitter de leurs fonctions, les manoirs fortifiés, répandus à partir du 17e
siècle dans tous les Balkans, ont, en effet, tout l’apparence d’une tour
fortifiée, capable de protéger ses occupants face à une éventuelle attaque
ennemie, tout comme face à un soulèvement paysan.
Liliana Beu, directrice
adjointe du musée départemental de Vâlcea nous lance un défi : « Si vos
pas vous portent dans la région d’Olténie, je vous invite de ne surtout pas
rater le complexe muséal de Măldărești, situé tout
près de la ville d’Horezu, bien connue pour ses potiers traditionnels. A Măldăreşti,
vous trouverez deux de ces « cule », de ces manoirs fortifiés, parmi les
mieux préservés de toute la région, la « cula Greceanu », puis l’ancienne
« cula Măldărescu », rebaptisée Duca, mais aussi la maison mémorielle
d’I.Gh.Duca, celle de l’ancien président du Conseil de ministres roumain,
assassiné par les tueurs d’extrême droite de la Garde de Fer, en 1933. Cula
Greceanu est sans doute la plus représentative de cette architecture aristocrate
d’Olténie. Elle avait été bâtie au 16e siècle, lors du règne de
Michel le Brave. L’un de ses commandants avait été fait prisonnier par les
Tatars. Il s’évade, réussit à regagner la Munténie et s’établit en Olténie, où
il bâtira son manoir fortifié et fondera une lignée aristocratique prestigieuse
de la région. Selon la tradition, il aurait donné son nom au village. Il semblerait
que le sire était immensément riche pour l’époque. Mais le manoir avait été refait
à plusieurs reprises, prenant son aspect actuel vers le début du 17e
siècle, lorsqu’il reprit des éléments du style architectural brancovan, du nom
du voïvode Constantin Brancovan qui l’initia. Ouvrage éminemment militaire à l’origine,
il devient le siège d’une seigneurie féodale typique de la région, caractérisé
par l’élégance des lignes du style brancovan. »
Et bien que le
manoir fortifié Maldarescu ne peut être visité qu’à l’extérieur, il vaut le
détour. C’est ici qu’avait d’ailleurs été tourné en 2015 Aferim, le film
de Radu Jude, qui avait remporté l’Ours d’argent au festival de Berlin, et
avait sélectionné pour les Oscar. Le manoir fortifié
Duca est en revanche, lui, accessible aux visiteurs. Vous découvrirez les célèbres
tapis d’Olténie, des icônes et du mobilier d’époque.
Liliana Beu : « Le
manoir fortifié Duca se trouve toujours au sein du complexe muséal de Măldăreşti,
car il avait appartenu, avec les terres attenantes, à la famille Măldărescu. Au
début du 20e siècle, le libéral I. Gh. Duca, devenu premier-ministre
en 1933, avait acheté ce manoir, bâti en 1827, et qui se trouvait en ruines à l’époque,
et il l’avait remis à neuf, avec un grand respect pour la préservation de son
style d’origine, et cela jusque dans les moindres détails. Il avait gardé les
poêles anciennes du manoir, il avait récupéré du mobilier d’époque, les icônes
et les tapis, qui décorent l’intérieur du manoir, plongeant de ce fait le
visiteur actuel dans ce qu’était cette maison seigneuriale à ses débuts, en 1827.
A côté du manoir fortifié, dont la fonction de défense primait sur le confort, le
nouveau propriétaire bâtit une maison de vacances, assez modeste somme toute,
et typique pour l’époque où elle avait été construite, après la Grande Guerre. En
dépit de son apparence modeste, cette maison est chargée de mémoire. Son
occupant, à maintes reprises ministre, président de Conseil, l’une des figures politiques
libérales les plus remarquables, y a laissé son empreinte, et cela on le voit
et on le sent, dès qu’on franchit son seuil ».
La reine Marie, la
grande reine de la Grande Guerre, son fils, le roi Carol II, Cella Delavrancea,
célèbre pianiste et femme de lettres roumaine, Gheorghe Tătărescu, ancien
président du Conseil de ministres et bien d’autres personnalités de l’entre-deux
guerres ont signé le livre d’or de la maison d’I Gh Duca. Une bibliothèque fournie en
livres français tapisse les murs de la demeure, des toiles signées par Olga Greceanu, le meuble
de bureau de l’homme d’Etat, le salon de thé de Nadia, l’épouse d’I. Gh. Duca, et
jusqu’aux chapeaux de pailles des deux époux et les abat-jours en céramique d’Horezu
qui ornent les lampes font de la maison mémorielle un endroit particulier. (Trad. Ionut Jugureanu)