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Les débuts du mouvement hippie en Roumanie

Le mouvement hippie ou « flower power » a compté parmi les sous-cultures et mouvements non-violents les plus influents du XXe siècle, dont les réverbérations se sont fait sentir partout dans le monde. Associé à l’espace nord-américain — où il est d’ailleurs né — le mouvement hippie a trouvé un écho dans les sociétés et les cultures les plus diverses, grâce aux valeurs universelles qu’il a promues.

Les débuts du mouvement hippie en Roumanie
Les débuts du mouvement hippie en Roumanie

, 20.12.2013, 13:22

Le mouvement hippie ou « flower power » a compté parmi les sous-cultures et mouvements non-violents les plus influents du XXe siècle, dont les réverbérations se sont fait sentir partout dans le monde. Associé à l’espace nord-américain — où il est d’ailleurs né — le mouvement hippie a trouvé un écho dans les sociétés et les cultures les plus diverses, grâce aux valeurs universelles qu’il a promues.



Ce mouvement a été la plus haute expression de la liberté de conscience. Loin de représenter uniquement une mode vestimentaire et musicale, il a proposé une nouvelle manière de se rapporter au monde.



Dans les pays communistes, le mouvement hippie a été associé plutôt au capitalisme, aux formes de déchéance auxquelles l’être humain peut arriver.



A la différence de la Hongrie, de l’ancienne Tchécoslovaquie, de la Pologne et de l’ancienne Yougoslavie, où il a eu une plus grande influence, le mouvement hippie a été moins répandu en Roumanie, qui n’avait pas de frontière avec un Etat occidental. Pourtant, même un régime extrêmement dur — comme ce fut le cas du régime communiste — ne pouvait arrêter l’expansion d’un phénomène d’une telle envergure. Surtout que le régime a utilisé le mouvement hippie pour sa propagande anticapitaliste : la consommation de drogues, la liberté sexuelle et le rock étaient présentés comme des effets destructifs que le capitalisme sauvage exerçait sur les êtres humains.



La composante politique pacifique du mouvement hippie était, par contre, interprétée comme un désaccord de la société capitaliste par rapport à ses leaders et comme une lutte de classe.



Tout comme leurs confrères des autres pays communistes, les hippies roumains ont dû affronter non seulement l’opposition du régime, mais aussi les réserves des générations plus âgées. Les cheveux longs, les pantalons évasés et les vêtements très colorés, aux motifs floraux, le jean, la consommation d’alcool, le naturisme, le rock et une certaine liberté des mœurs ont été les éléments les plus largement adoptés par les hippies roumains. Le droit de consommer de la drogue, la liberté sexuelle et notamment l’expression ouverte de la politique pacifique dans l’espace public — on n’en parlait pas.



Finalement, les éléments de la sous-culture hippie les plus faciles à accepter ont été la mode vestimentaire et le rock. Le style vestimentaire hippie, qui privilégiait les vêtements à motifs floraux et les chansons à teinte traditionnelle rejoignaient en quelque sorte le caractère national de la culture, promu par le régime communisme.



La promotion de la culture traditionnelle parmi les jeunes aurait dû aider à cultiver un patriotisme dont le régime avait énormément besoin et c’est ainsi que le mouvement hippie — dans sa version roumaine — a fini par être accepté.



La musique a été l’espace de créativité où les hippies roumains ont pu négocier davantage leur liberté d’expression avec la censure. C’est vers le milieu des années ’60 et dans les années ’70, que sont créés et ont évolué nos meilleurs groupes rock, dont Phoenix, Mondial, Sfinx, Olimpic ‘64. Ce fut aussi la période de gloire du chanteur et compositeur Dorin Liviu Zaharia et de l’acteur et chanteur Florian Pittiş.



Les modèles de tous ces artistes étaient Bob Dylan, The Beatles, Rolling Stones et le groupe Génération Woodstock. Leurs tubes arrivaient en Roumanie soit par la voie des ondes, par l’intermédiaire de la radio Free Europe, soit par des cassettes, des disques et des bandes magnétiques qui franchissaient la frontière ouest du pays.



Même si les groupes rock roumains s’inspiraient de la musique des groupes étrangers, les textes de leurs chansons étaient dépourvus des accents protestataires et de la critique sociale acide de leurs modèles, se limitant aux sujets romantiques, aux thèmes traditionnels et au folk.



Le Woodstock des hippies roumains a été le village « 2 Mai », situé dans le sud du littoral roumain de la mer Noire. Bien que le rapprochement entre les deux localités soit un peu forcé, il est significatif pour tous ceux qui y ont passé leurs vacances d’été dans les années ’70, ‘80 et ’90. Relativement isolé, resté en dehors du circuit des investissements qui auraient pu le transformer en une station touristique, « 2 Mai » était le lieu de rencontre des hippies roumains — étudiants et intellectuels : un micro-univers non-conformiste et exclusiviste, pourtant marginal.



Les hippies roumains n’ont pu ni se forger une identité sociale, ni fournir à la société une plate-forme de débats d’idées et, encore moins, une rampe de lancement d’une action politique, à une époque où un tel engagement était l’élément fondamental à l’agenda de tous les hippies du monde. C’est pourquoi, en Roumanie, le message dirigé contre le système politique s’est ancré plutôt dans la sphère artistique. Aussi, le mouvement « flower power » perdait-il une de ses plus fortes raisons d’être : porter l’esprit du rebelle, du révolutionnaire qui s’imagine capable de changer le monde.(Trad. : Dominique)

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