Les castors
Nous avons l’habitude de voir des castors à la télé, dans des publicités, des documentaires ou même des films artistiques ; nous serions étonnés d’apprendre que cet animal a disparu pendant une longue période d’une bonne partie de l’Europe. Sur le territoire de la Roumanie, par exemple, la dernière attestation documentaire d’un castor remonte à 1823-1824. Depuis lors, pendant plus d’un siècle et demi, jusqu’en 1998-1999, cet animal n’a plus vécu en Roumanie.
Christine Leșcu, 18.08.2013, 13:00
Nous avons l’habitude de voir des castors à la télé, dans des publicités, des documentaires ou même des films artistiques ; nous serions étonnés d’apprendre que cet animal a disparu pendant une longue période d’une bonne partie de l’Europe. Sur le territoire de la Roumanie, par exemple, la dernière attestation documentaire d’un castor remonte à 1823-1824. Depuis lors, pendant plus d’un siècle et demi, jusqu’en 1998-1999, cet animal n’a plus vécu en Roumanie.
Qu’est-ce qui s’est passé alors et quelles ont été les raisons de la disparition du castor en tant qu’espèce ? Georgeta Ionescu, chercheuse à l’Institut de recherches et d’aménagements en sylviculture de Braşov, nous le dira : « Les marécages et autres zones humides avaient commencé à être assainis afin de dégager des terrains pour l’agriculture. A cette même époque, le castor était aussi chassé pour sa fourrure, et même sa chair était utilisée. C’est notamment la fourrure qui était recherchée, parce que très chère. On en faisait des bonnets, et dans certaines régions roumaines, il y avait une tradition que le marié apporte à sa mariée un tel bonnet en cadeau. Il est vrai que le castor peut produire des dégâts, mais c’est normal dans un écosystème. Si les terrains agricoles sont situés jusqu’à 5 m de distance en bordure d’un cours d’eau, c’est là que les plus gros dégâts sont enregistrés. Dans ce cas, en herbivore opportuniste, le castor ne se donnera plus la peine de ronger les saules et se servira à manger dans le champ de maïs. »
Un projet international allait cependant ramener les castors en Roumanie. L’Institut de recherches et d’aménagements en sylviculture de Braşov a surveillé, par Georgeta Ionescu, la réadaptation des castors au voisinage des zones aquatiques du pays. Elle se souvient : « En 1998, la Roumanie a réinséré, pour la première fois, huit exemplaires dans le bassin de la rivière Olt, et ce projet a continué jusqu’en 2003. 182 exemplaires ont été réintroduits dans les bassins des rivières Olt, Mureş et Ialomiţa. Maintenant, nous avons une population estimée à 1500 exemplaires tous ces bassins confondus. Les castors ont été apportés de Bavière, par un projet européen de réintégration dans le bassin du Danube. Le projet était mené en collaboration entre mon institut, la Fondation Carpaţi et l’Université Transilvania de Braşov, et a été soutenu par les ministères de l’Environnement de Bavière et de Roumanie. Tout était difficile à l’époque. Il y avait peu d’argent, et le projet a été mis en place notamment par volontariat. Au début, il était très difficile de suivre les castors, parce que les 8 exemplaires n’étaient pas très visibles dans le milieu environnant. Peu à peu, leur présence a commencé à être visible, par les traces qu’ils laissaient dans la végétation ligneuse. Quand les arbres coupés et abattus ont la forme d’un crayon, il est clair qu’il y a des castors dans la zone. »
Et on peut voir également les mini-barrages qu’ils construisent sur certains cours d’eau. Strictement herbivores, les castors ne constituent pas de danger pour les poissons. Parfois, les gens les considèrent comme un danger pour leurs cultures agricoles sises à proximité d’un cours d’eau.
Sur l’apparence de cet animal, écoutons de nouveau Georgeta Ionescu : « Le castor est un animal semi-aquatique, donc il vit tant dans l’eau que sur la terre ferme. Dans l’eau, il a une posture hydrodynamique et se propulse à l’aide des pattes de derrière et de la queue. Un exemplaire adulte pèse entre 18 et 25 kilos, et sa longueur va de 70 cm à 1 m. On retrouve plus de 300 espèces de plantes dans la diète du castor, animal strictement herbivore. La quantité de végétaux qu’il consomme tous les jours va d’un demi-kilo jusqu’à 3 kilos. Point de vue substances nutritives, il utilise en moyenne 30% de la cellulose et 40% des protéines végétales ingérées. Pendant la période sans neige, il peut se contenter de 300-350 g de végétaux par jour. Il faut savoir qu’il ne consomme pas nécessairement toute la végétation ligneuse qu’il abat. Une partie, il s’en sert pour se construire des barrages, et ce lorsqu’il veut se faire un abri pour l’hiver ou se garantir contre les prédateurs. »
Depuis leur réinsertion en Roumanie, les castors sont protégés tant par les directives européennes que par les lois nationales. Il est strictement interdit de les chasser ou de les capturer. (trad.: Ligia Mihaiescu)