Le réalisateur Jean Negulesco
Connu notamment comme réalisateur de la comédie « Comment marier un millionnaire », film qui a rendu Marilyn Monroe superstar, Jean Negulesco est né à Craiova (sud), un jour de février 1900. A 20 ans, il va à Paris pour devenir un peintre consacré. Là, il fait la connaissance d’autres artistes roumains innovateurs, comme Constantin Brâncuşi et Tristan Tzara et adhère au dadaïsme, le courant d’avant-garde lancé par ce dernier. En 1927, il part à New York, pour le vernissage d’une de ses expositions de peinture, et y reste, attiré irrémédiablement vers un autre moyen d’expression d’avant-garde : le cinéma. Après une période d’apprentissage comme assistant à la réalisation de films célèbres, il débute par son premier long métrage en 1944. Le critique d’art Manuela Cernat nous parle de l’activité de Jean Negulesco après la guerre : « Suivit une période particulièrement intéressante de films fortement marqués par le réalisme, des films en noir et blanc, moins connus, même si c’est là que l’on trouve le véritable filon du talent de Jean Negulesco. Son film le plus célèbre datant de cette période pourrait être « Humoresca », une histoire d’amour tragique avec Joan Crawford. Jean Negulesco a également ouvert des voies ; c’est le premier à avoir signé un film sur une catastrophe aérienne. En plus, il a également tourné un film sur le Titanic, que beaucoup de critiques considèrent supérieur à celui de James Cameron ».
Christine Leșcu, 15.02.2014, 14:30
Le moment culminant de la carrière de Jean Negulesco a été sa nomination aux Oscars pour la réalisation du film « Johnny Belinda» de 1948. Dans les années ’50, ses grands succès auprès du public ont été « Comment marier un millionnaire », la première production filmée en Cinémascope, et « Daddy Long Legs», avec Fred Astaire. Même si en grand il a adhéré au style classique hollywoodien, Jean Negulesco était connu aussi comme « le plus européen des réalisateurs ». Pourtant, il n’a jamais oublié ses racines roumaines. L’historien de film Manuela Cernat détaille : « Plus tard, vers la fin de sa vie, lorsqu’il s’est retiré en Espagne, à Marbella, où il s’est fait construire une maison au bord de la Méditerranée, il continuait à dire « je suis le plus roumain des Espagnols du coin ». Dans ses logements successifs de Los Angeles, l’intérieur était aménagé en style roumain, avec des tapis muraux d’Olténie et des assiettes émaillées. Il était célèbre pour ses qualités de cuisinier et lorsqu’il invitait ses amis à dîner — parmi lesquels l’on comptait Katharine Hepburn, Spencer Tracy et Greta Garbo — il leur préparait des sarmale à la polenta. Il était donc resté roumain. Il est d’ailleurs revenu en Roumanie au printemps de 1968 dans l’espoir de pouvoir s’investir dans une coproduction roumano-américaine. Malheureusement, ce rêve est tombé à l’eau avec l’écrasement du printemps de Prague et du début de la libéralisation du système communiste. Vu qu’il a refusé de collaborer avec les autorités communistes, son nom est resté totalement inconnu en Roumanie jusqu’en 1987, lorsque son livre de mémoires a été traduit en roumain, et ses films n’ont pas été visionnés ici ».
Jean Negulesco est décédé en juillet 1993, à Marbella, après une carrière prodigieuse dans le cinéma ; il était devenu un réalisateur apprécié du public comme de la critique. A preuve le prix BAFTA remporté en 1955 pour son film « Comment marier un millionnaire ». Et pour que le public ne l’oublie pas, Jean Negulesco a une étoile sur le célèbre boulevard de Los Angeles…(trad. : Ligia Mihaiescu)
