Le musée « Nicolae Iorga » de Valenii de Munte
Parmi les personnalités encyclopédiques et polyvalentes de la culture roumaine — telles que Dimitrie Cantemir et Bogdan Petriceicu Hasdeu — Nicolae Iorga occupe une place à part. Historien, homme politique, écrivain, critique littéraire, journaliste et — pas en dernier lieu — professeur des universités — Iorga reste également dans la mémoire des Roumains par son destin tragique : il meurt assassiné par les légionnaires de la Garde de fer (parti d’extrême droite) en novembre 1940.
Răzvan Emilescu, 07.01.2014, 14:33
Parmi les personnalités encyclopédiques et polyvalentes de la culture roumaine — telles que Dimitrie Cantemir et Bogdan Petriceicu Hasdeu — Nicolae Iorga occupe une place à part. Historien, homme politique, écrivain, critique littéraire, journaliste et — pas en dernier lieu — professeur des universités — Iorga reste également dans la mémoire des Roumains par son destin tragique : il meurt assassiné par les légionnaires de la Garde de fer (parti d’extrême droite) en novembre 1940.
L’assassinat a eu lieu à proximité d’une de ses résidences, celle de Vălenii de Munte, un endroit devenu lui aussi emblématique pour la culture roumaine. Construite vers 1833 par un boyard de la contrée, la maison est vue par Iorga en 1907 ; il l’aime et l’achète tout de suite. Il y emménage trois années plus tard, après y avoir ajouté deux autres ailes. Ce que les touristes de passage peuvent voir maintenant dans la maison du célèbre savant, c’est à Mihaela Voicea, conservatrice au Musée « Nicolae Iorga » de Vălenii de Munte, de nous le dire : « L’habitation compte 4 pièces plus importantes. La première, c’est le bureau de Nicolae Iorga, où il passait le plus clair de son temps à écrire. L’historien a écrit plus de 1.350 livres et 25.000 articles. D’autres effets personnels sont à retrouver ici : un porte-documents en cuir de Cordoue, son encrier, la plume, ainsi qu’une photo d’Ecaterina Iorga, son épouse, à un âge plus avancé. Devant le bureau, il y a une collection du journal « Neamul românesc », placé sous le patronage de Iorga et publié à Vălenii de Munte. On retrouve aussi une horloge en forme d’éléphant, qui lui a été offerte par les étudiants roumains d’Amérique. »
Une autre pièce, c’est la chambre à coucher ; puisque Nicolae Iorga avait une préférence marquée pour la civilisation paysanne, on y retrouve du mobilier en érable sycomore pourpre sculpté à Câmpulung Moldovenesc avec des motifs traditionnels. Mihaela Voicea commente :
« Au-dessus du lit, nous avons des icônes du XVIIIe, et devant le lit, une jolie cassette à bijoux en ébène. Puis, nous avons le lavoir, avec le miroir et les flacons de parfum en cristal et en marbre de Carrare, ainsi qu’une très belle photo d’Ecaterina Iorga à 18 ans, vêtue d’un costume traditionnel. Nous arrivons ensuite au petit salon, où cette dernière recevait ses invités. Il existe dans ce salon une vitrine où sont exposés les objets apportés des voyages et cinq photos des enfants. Iorga en a eu 11 ; 4 enfants avec sa première épouse, Maria Tasu, dont il a divorcé, et 7 avec la seconde, Ecaterina. Vous avez ensuite un portrait d’Ecaterina, peint par Sever Burada en 1925, et son bureau de travail. Nous voici dans la dernière pièce, la grande salle, où l’historien recevait ses invités. Beaucoup de peintures ornent les murs, dont deux – « Sur la Vallée de la Cîmpiniţa » et « Fleurs de pommier » – sont signées par Nicolae Grigorescu, et offertes à Iorga en 1904. Un portrait de Iorga peint par un de ses neveux, Catul Bogdan, peut être vu aussi. Et vous allez voir le tableau préféré de Iorga, qui représente un de ses aïeux, Iordache Drăghici. »
Dans le vestibule de l’habitation de Vălenii de Munte, on peut également admirer deux lithographies représentant le prince régnant Alexandru Ioan Cuza et son épouse, Elena, ainsi qu’un portrait de Nicolae Iorga lorsqu’il a reçu le titre de Docteur honoris causa de l’Université d’Oxford en 1931. Orateur chevronné et politicien tenace, Nicolae Iorga a été premier ministre pendant moins d’un an, entre 1931 et 1932. Ses articles et ses prises de position politiques le mènent au conflit avec la Garde de fer, soutenue par Hitler, dont les membres finissent par le tuer le 27 novembre 1940, dans la forêt de Strejnic, à proximité de Ploieşti. (trad.: Ligia Mihăiescu)