Le Musée de la centrale hydroélectrique des Portes de Fer I
Ce musée, tout comme d’autres institutions culturelles similaires du département de Mehedinţi, est géré par le Musée de la Région des Portes de Fer, dont le siège central se trouve à Drobeta Turnu Severin, le chef-lieu du département.
Ștefan Baciu, 05.08.2024, 10:00
Cazanele Dunării (les Chaudrons du Danube, au sud-ouest de la Roumanie) constituent un des segments les plus spectaculaires du cours du Danube, depuis sa source en Allemagne jusqu’à l’endroit où il se verse dans la mer Noire. Dans les années 1960, ce secteur a subi une transformation en profondeur, suite à la construction de la centrale hydroélectrique des Portes de Fer (Porţile de Fier) I. La construction du barrage de la centrale a fait monter les eaux du fleuve de plusieurs dizaines de mètres sur les versants des montagnes. Avant ce moment, la navigation était plutôt difficile à cet endroit du Danube. Là-bas, le fleuve sciait les rochers que l’on pouvait apercevoir piquer la surface de l’eau, qui semblait bouillir au pied des montagnes. C’est ce qui explique le nom donné à ces lieux – « Cazanele Dunării / Les Chaudrons du Danube ».
Toutes les transformations subies par ce secteur du lit du fleuve sont présentées au Musée de la Centrale hydroélectrique des Portes de Fer I, à travers des expositions d’archéologie, d’ethnographie et d’art traditionnel. Ce musée, tout comme d’autres institutions culturelles similaires du département de Mehedinţi, est géré par le Musée de la Région des Portes de Fer, dont le siège central se trouve à Drobeta Turnu Severin, le chef-lieu du département. La muséographe Mihaela Boicuș nous explique plus en détail le profond changement entraîné par la construction du barrage dans ce secteur du Danube :
« L’inauguration de la centrale a eu lieu le 16 mai 1972. Le musée a été ouvert quatre ans plus tard. La construction des Portes de Fer I a duré environ huit ans, les travaux ayant officiellement commencé le 7 septembre 1964 pour prendre fin le 16 mai 1972. L’inauguration a eu lieu en présence des deux présidents de l’époque, Nicolae Ceaușescu pour la Roumanie et Josip Broz Tito, président de l’ancienne Yougoslavie. Il faut dire que la Roumanie détient seulement la moitié de cette centrale, l’autre moitié appartenant actuellement à la Serbie. La construction du barrage déversoir a fait monter les eaux du Danube d’environ 35 à 40 mètres. Des localités riveraines ont forcément été englouties par le fleuve. Nous avons une maquette qui montre en rouge toutes ces communes et petites villes disparues. Elle montre aussi la position géographique de l’île d’Ada-Kaleh, habitée par des citoyens roumains d’ethnie turque, ainsi que l’endroit où se trouvait la petite ville d’Orșova Veche. Le Danube a englouti dix localités sur la rive roumaine et sept sur la rive serbe. Toutes ces communes ont été reconstruites sur la nouvelle rive, à l’exception d’Ada-Kaleh, dont seule la forteresse a été sauvegardée et reconstruite ailleurs. Notre exposition permanente consacrée à l’île inclut la reconstitution de l’intérieur d’une maison turque et une maquette de cette très belle île et de la ville d’Orșova Veche. Celle-ci a été remplacée par Orșova Nouă, la ville la plus récente, la plus jeune de Roumanie. »
L’île d’Ada-Kaleh a disparu au fond du Danube en 1968, quatre ans après l’ouverture du chantier du barrage. Elle était longue de 1750 mètres et large de 400 à 500 mètres. Sa position géographique stratégique lui a valu d’être un objet de dispute entre l’Empire ottoman et celui des Habsbourg pendant quatre siècles. Avant de disparaître sous les eaux du Danube, l’île était habitée par quelque 700 personnes. Les éléments de fortification et les monuments funéraires d’Ada Kaleh ont été transférés sur l’île de Şimian, en aval du barrage. A noter aussi le fait que les visiteurs du Musée de la centrale hydroélectrique des Portes de Fer I peuvent aussi découvrir la Salle des turbines au bout d’un couloir où sont exposées des photos réalisées durant les travaux de construction du barrage. (Trad. Ileana Ţăroi)