Le monument et la cité de Tropaeum Traiani
C’est dans le sud de la Roumanie, plus précisément dans la zone de plateaux du département de Constanta, que se trouve la localité d’Adamclisi. Laquelle doit sa renommée à l’ensemble appelé Tropaeum Traiani qui regroupe un monument érigé à proximité par l’Empereur Trajan ainsi que les ruines de la cité antique – les deux étant étroitement liés à la transformation de la Dacie en province romaine après l’an 106 après Jésus-Christ.
Christine Leșcu, 18.10.2013, 15:58
C’est dans le sud de la Roumanie, plus précisément dans la zone de plateaux du département de Constanta, que se trouve la localité d’Adamclisi. Laquelle doit sa renommée à l’ensemble appelé Tropaeum Traiani qui regroupe un monument érigé à proximité par l’Empereur Trajan ainsi que les ruines de la cité antique – les deux étant étroitement liés à la transformation de la Dacie en province romaine après l’an 106 après Jésus-Christ.
La cité a été élevée sur les lieux d’un ancien habitat humain des Gètes, comme nous l’explique l’archéologue Gabriel Talmatchi : « Erigée sur les lieux de cet ancien habitat, la ville allait connaître un véritable essor à l’époque de l’Empereur Trajan, plus précisément après la première guerre daco-romaine. Une fois finies les guerres qui se sont étalées sur près de 600 ans, la ville connaîtra la prospérité en se transformant en un centre urbain dynamique de la zone centrale de Dobroudja. Le long des années, elle gagnera le statut de grande ville, soit une unité administrative importante dans les provinces romaines. On connaît pas mal de choses sur son développement jusqu’à la fin du VIe siècle, lorsque les attaques des Avars dans les années 586–587 ont détruit la ville qui s’engagea dans un processus de ruralisation accentuée. »
L’édification de cette ville a aussi contribué à la pacification de la zone, ce qui s’est traduit par la début de l’organisation de la Dacie en province, explique l’archéologue Gabriel Talmatchi : « Ainsi, la zone dans le sud du Danube devenait-elle une région sûre, prospère et très bien défendue du point de vue militaire. Ce qui plus est, on coupait les liaisons entre les Daces libres du nord de la Roumanie d’aujourd’hui et les Gètes, voire les Thraces dans la zone du sud du Danube. On y a également fait venir des colons, mais la plupart des Romains ayant habité à Tropaeum Traiani au premier siècle de son existence étaient des vétérans. Cela s’explique par le grand nombre d’unités militaires qui étaient cantonnées en Moésie inférieure, les soldats étant démobilisés, une fois le stage dans l’armée romaine achevé. Ils se voyaient aussi accorder un diplôme militaire et des parcelles de terre. De même, hormis les vétérans, on y a également emmené des colons issus d’Asie mineure. »
Le village d’Adamclisi doit notamment sa renommée au monument Tropaeum Traiani, situé à 2 kilomètres de la cité antique. Son image, connue grâce à son socle en forme de cylindre et à son toit conique au sommet duquel se trouve un trophée bifacial, est devenue symbole de la localité. Gabriel Talmatchi : « Il a été érigé entre les années 106-109 par les soldats et les maîtres des unités militaires. C’est pourquoi sa qualité artistique caractérisant certains monuments de Rome fait défaut. En revanche, le fait d’avoir été érigé par des maîtres des unités militaires l’a rendu plus spectaculaire, par ses dimensions, par la force symbolique qu’il exerçait sur les habitants de la région et non seulement. L’Empereur Trajan a dédié ce monument à Mars Ultor, Mars Vengeur. Il faisait partie d’un ensemble qui regroupait également un tumulus, soit une éminence recouvrant une sépulture – dédié à un commandant romain mort au combat ainsi que les vestiges en ruine d’un autel funéraire dédié aux milliers des soldats romains morts dans ces contrées durant la guerre de 102. Le monument dépasse de 10 mètres la Colonne Trajane de Rome, ce qui témoigne de l’importance que l’Empereur avait accordée à ce monument ayant trait à l’autorité romaine aussi bien au nord qu’au sud du Danube. »
La hauteur du monument, le trophée compris, est presque égale au diamètre de la base, à savoir 40 mètres. Dans la version originale, le socle était entouré de 54 dalles, dont 48 seulement peuvent être admirées de nos jours encore. Elles s’appellent métopes et représentent en bas-relief des scènes de guerre. Au-dessus des dalles on retrouve une frise à 26 créneaux, dont 23 perdurent encore. La dernière restauration de Tropaeum Traiani date de 1977. En 2012, les autorités de Constanta ont remporté un projet européen qui a permis une restauration totale de ce monument, dont la structure de résistance avait été gravement endommagée.
Les éléments originaux se retrouvent à l’intérieur du Musée d’Adamclisi est attendent les visiteurs, qui ne font d’ailleurs pas défaut. (trad. : Alexandra Pop)