Le monastère de Curtea de Arges
Capitale de la principauté de Valachie et importante résidence des voïévodes aux 14e et 15e siècles, Curtea de Arges se fait remarquer par des lieux de culte dignes de l’importance historique de cette ville. Hormis l’église princière Saint Nicholas, bâtie au 14e siècle par le voïévode valaque Basarab Ier, on y trouve aussi le monastère Argesului, actuelle nécropole de la famille royale de Roumanie. La renommée du monastère est liée aussi à la fameuse légende du maître bâtisseur Manole, celui qui a emmuré son épouse Ana pour édifier l’église.
Christine Leșcu, 26.08.2016, 14:40
Capitale de la principauté de Valachie et importante résidence des voïévodes aux 14e et 15e siècles, Curtea de Arges se fait remarquer par des lieux de culte dignes de l’importance historique de cette ville. Hormis l’église princière Saint Nicholas, bâtie au 14e siècle par le voïévode valaque Basarab Ier, on y trouve aussi le monastère Argesului, actuelle nécropole de la famille royale de Roumanie. La renommée du monastère est liée aussi à la fameuse légende du maître bâtisseur Manole, celui qui a emmuré son épouse Ana pour édifier l’église.
Adriana Stroe, chercheuse à l’Institut national du Patrimoine évoque les débuts du Monastère de Curtea de Arges. « Le monastère Argesului a été fondé par Neagoe Basarab, prince de Valachie entre 1512 et 1521. A l’époque, tout comme de nos jours, la construction d’un lieu de culte n’était pas seulement un acte d’expression de la foi. C’était aussi un moyen par lequel le fondateur affirmait sa position dans la société de l’époque. Ce n’est pas par hasard que ce monastère a été bâti à Curtea de Arges. Sur le lieu où celui-ci a été érigé se trouvaient les ruines de l’ancienne église métropolitaine de Valachie. Le siège de la métropolie fut ensuite déplacé à Târgoviste, ville qui est devenue la capitale valaque après Curtea de Arges. On ne connait pas la date de début des travaux de construction, mais nous savons que l’église a été inaugurée avec beaucoup de faste il y a près de 500 ans, le 15 août 1517, à l’occasion de la fête de l’Assomption. Et pourtant, à l’époque, ni l’église ni les bâtiments annexes du monastère n’étaient prêts. Par exemple, l’église intérieure, œuvre de Dobromir de Târgoviste, a été terminée en décembre 1526, sous le prince régnant Radu de la Afumati, gendre de Neagoe Basarab. »
A travers les années, l’église et le monastère de Curtea de Arges ont souffert à cause soit des calamités naturelles, soit des guerres et des incendies. Vers le milieu du 16e siècle, le voïévode Matei Basarab a entrepris plusieurs travaux de réparation, alors qu’un autre prince, Serban Cantacuzino, a consolidé les murs du monastère vers la fin du même siècle. Dans les années 1830, une école a été fondée à l’intérieur du monastère et c’est également à Curtea de Arges que s’est formé un groupe de peintres d’églises. En 1863, les travaux de réparation furent relancés. Détails avec Adriana Stroe : « L’architecte Burelli a conçu un ample projet de réparations, les travaux ayant été confiés à un entrepreneur appelé Montoreanu. En 1867 un immense incendie a détruit les salles du siège de l’éparchie et la bibliothèque qui contenait un grand nombre de manuscrits et de livres. L’incendie a également détruit le clocher. Un autre incendie a touché l’intérieur de l’église. En 1874, le ministre des Cultes de l’époque, Titu Maiorescu, a résilié le contrat avec Burelli en raison de la lenteur des travaux de remise à neuf et a demandé conseil au Français Viollet-le-Duc, l’architecte restaurateur le plus connu de l’époque, par le biais duquel la restauration de l’église a été réalisée par Andre Lecomte De Nouy. Les travaux ont commencé en 1875, selon la technique de restauration de l’époque. Même si le point de départ a été la tour du naos, les travaux ultérieurs ont fini par mettre des copies à la place des éléments d’origine et par y ajouter des éléments nouveaux. La peinture murale a été remplacée par une nouvelle. Les pierres tombales ont été partiellement posées sur leurs emplacements d’origine. Les travaux de restauration se sont achevés en 1885. Malgré une remise à neuf discutable selon les normes actuelles, l’église garde finalement une grande partie de ses éléments d’origine. »
Ces éléments, visibles de ne jours encore, font du Monastère Argesului un des édifices religieux les plus faciles à reconnaître et les plus célèbres de Roumanie. « Les éléments qui font la fierté de l’église sont la silhouette et les décorations extérieures uniques dans le pays. Les tours du pronaos sont groupées et forment un volume pyramidal accentué par le mouvement en spirale des petites tours. L’uniformité des grandes surfaces en pierre de la muraille est interrompue par les décorations. Une ceinture de pierre aux motifs floraux partage les façades en deux registres : supérieur et inférieur. Afin de compléter les effets décoratifs, le fond a été peint en bleu alors que les bas-reliefs ont été dorés. La façade principale a été animée par l’encadrement d’une porte. Le schéma décoratif de l’extérieur allait être adopté par de nombreuses églises construites en Valachie, puisqu’elle était très adaptée aux bâtiments en brique. La riche décoration sculptée restera pourtant unique. »
Durant le règne du roi Carol Ier (1866 – 1914), le monastère Curtea de Arges est devenu nécropole royale. Une nouvelle nécropole royale, respectant l’architecture orthodoxe traditionnelle, vient d’être érigée dans cette ville. C’est ici qu’a été enterrée Ana, l’épouse de l’ex souverain de Roumanie, Michel Ier. (Alex Diaconescu)