Le cimetière joyeux de Sapânta
On l’a décrite comme un monde ancien qui a conservé des traditions oubliées ailleurs. En 2015 par exemple, le Maramureș était une des destinations recommandées par le National Geographic Traveler. En 2012, la publication française L’Express avait réalisé le classement des 10 plus beaux cimetières du monde, y incluant le Cimetière joyeux de Săpânţa, un petit village du Maramureș. Il est connu pour ses croix en bois peintes en couleurs vives et contenant des épitaphes en vers, racontant d’une manière amusante la vie de chaque défunt.
Daniel Onea, 01.02.2017, 14:57
On l’a décrite comme un monde ancien qui a conservé des traditions oubliées ailleurs. En 2015 par exemple, le Maramureș était une des destinations recommandées par le National Geographic Traveler. En 2012, la publication française L’Express avait réalisé le classement des 10 plus beaux cimetières du monde, y incluant le Cimetière joyeux de Săpânţa, un petit village du Maramureș. Il est connu pour ses croix en bois peintes en couleurs vives et contenant des épitaphes en vers, racontant d’une manière amusante la vie de chaque défunt.
A 45 km du Cimetière joyeux de Săpânţa, se trouve le village de Breb. On dit que c’est là que l’on peut voir, la nuit, « la plus belle Voie Lactée». Mais revenons à Săpânţa pour un tour guidé en compagnie du prêtre Grigore Luţai: « A Săpânţa il faut avant toute chose visiter le Cimetière joyeux. Puis, à moins d’un kilomètre de distance, il y a le monastère de Săpânţa Peri, au bord de la rivière Tisa, une construction impressionnante en bois de chêne. L’église à 75 mètres de hauteur et comporte trois niveaux. Elle se trouve à l’intérieur d’un parc dendrologique qui s’étale sur 21 hectares et réunit de plus de 30 espèces différentes d’arbres et arbustes. Săpânţa est d’ailleurs une des plus belles localités du Maramureș, s’étalant sur une quarantaine d’hectares et entourée de forêts. Je suis toujours impressionné de voir les nombreux touristes étrangers qui visitent ce monastère quelle que soit la saison. Même le New York Times nous a consacré deux articles à sa Une, en 1998 et en 2003. Souvent j’entre dans le cimetière de Săpânţa en vêtements laïcs et je me mêle aux touristes. Je les vois passer des heures devant les croix, amusés, à copier les épitaphes. Ici, à Săpânţa, on rit beaucoup. »
On y rit beaucoup, mais on y mange bien aussi. Grigore Luţai, le prêtre du Cimetière joyeux de Săpânţa, nous parle de la gastronomie locale : « Je suis originaire du Maramureș et je connais bien la cuisine de la contrée. Tous nos plats sont très sucrés. On utilise beaucoup de crème aigre. Souvent, on évite le piment, par conséquent, les plats ne sont pas trop piquants. Les soupes aigres sont très bonnes aussi et nous nous enorgueillissons également de la polenta préparée avec des couches de fromage et de saucisses. Ce sont des plats qui n’existent pas dans d’autres régions du pays. »
Au Maramureș on trouve aussi des fermes traditionnelles toujours habitées et prêtes à accueillir des touristes. L’intérieur est spécifique aux maisons paysannes traditionnelles dont les murs sont bleus et les fenêtres sont petites et faites en bois. Les objets se trouvant à l’intérieur des pièces ont été réalisés par les maîtres artisans locaux. Ce sont de véritables «musées vivants», affirment les habitants de la zone. Père Grigore Luţai ajoute: « Chaque maison a gardé ses vêtements paysans. Et il y a aussi une autre chose spécifique, extraordinaire, à Săpânţa. Chaque maison a une pièce appelée « la chambre d’honneur » où sont organisés les événements les plus chers aux hôtes. On ne l’utilise jamais pour dormir. Ses lits sont très hauts et très étroits. C’est dans cette pièce que l’on met les plus beaux tapis et des icônes très anciennes. C’est l’autel de la famille. C’est ici que l’on organise le repas d’honneur lors du baptême de l’enfant. Les chambres, la véranda, les maisons traditionnelles sont peintes de bleu, le symbole du ciel sur la terre. Les costumes traditionnels des habitants de Săpânţa sont eux aussi d’un bleu intense. »
Ici s’achève notre voyage dans ce village unique en Roumanie et en Europe. (Trad. Valentina Beleavski)