Le chorégraphe Gigi Căciuleanu
«Gigi Căciuleanu dépasse, en matière d’envergure et de démarche culturelles, l’espace chorégraphique. Il est un grand créateur, en termes absolus, un innovateur et en même temps un homme de synthèse», affirmait Alina Ledeanu, directrice de la publication «Le XXIe siècle», lors du lancement du numéro paru sous le titre «Danse-danse-danse». Artiste international, lauréat de maints prix, le chorégraphe Gigi Căciuleanu est membre fondateur du Conseil International de la Danse auprès de l’UNESCO, en 1974, et à compter de 2001, directeur artistique du Ballet National du Chili, El Banch. Aux origines russes et grecques, Gigi Căciuleanu est né en Roumanie. Il déclarait dans une interview qu’il ne se sent chez lui que «dans une salle de danse, de spectacle, où qu’elle puisse se trouver». «Devant le public, je suis toujours chez moi», concluait-il.
Luana Pleşea, 24.01.2014, 14:11
«Gigi Căciuleanu dépasse, en matière d’envergure et de démarche culturelles, l’espace chorégraphique. Il est un grand créateur, en termes absolus, un innovateur et en même temps un homme de synthèse», affirmait Alina Ledeanu, directrice de la publication «Le XXIe siècle», lors du lancement du numéro paru sous le titre «Danse-danse-danse». Artiste international, lauréat de maints prix, le chorégraphe Gigi Căciuleanu est membre fondateur du Conseil International de la Danse auprès de l’UNESCO, en 1974, et à compter de 2001, directeur artistique du Ballet National du Chili, El Banch. Aux origines russes et grecques, Gigi Căciuleanu est né en Roumanie. Il déclarait dans une interview qu’il ne se sent chez lui que «dans une salle de danse, de spectacle, où qu’elle puisse se trouver». «Devant le public, je suis toujours chez moi», concluait-il.
Gigi Căciuleanu se plaît à dire qu’il n’est pas chorégraphe mais «faiseur de danse», et que ses créations ne sauraient être désignées par le terme de danse. Gigi Căciuleanu: «Ce que je fais, c’est du théâtre chorégraphique, qui est l’inverse du théâtre-danse. Dans le théâtre danse, qui a été inventé par Pina Bausch, le danseur est appelé à penser et à réagir tel un comédien sur la scène. C’est une heureuse trouvaille, qui a amené en grand nombre les spectateurs de théâtre aux spectacles de danse. Moi, je m’intéresse aux mécanismes internes du mouvement, qui ne concernent pas que le danseur. En fait, certains mouvements internes sont à retrouver chez tous les gens. Par ailleurs, le danseur se transforme en quelque chose qu’il est le seul à pouvoir incarner. Autrement dit, alors que dans le théâtre le geste est traduit, dans la danse il l’est davantage, de sorte qu’il ne ressemble pas au mouvement quotidien, ni même à ceux du théâtre. Bref, je dirige le danseur d’abord vers le jeu théâtral – et là c’est de la danse–théâtre – et tout de suite après je l’emmène, le plus impétueusement possible, à l’état de danse, cette étape de transposition du mouvement en métaphore. Pour ce faire j’ai besoin de versions fort intelligentes, voire savantes».
Il existe quelques termes capables d’offrir une définition brève mais complète de Gigi Căciuleanu. A ceux déjà mentionnés, à savoir «faiseur de danse» et «théâtre chorégraphique», on pourrait ajouter celui de «danse autrement». Ce dernier est d’ailleurs le titre du manifeste personnel de l’artiste, lancé en 2005 à Santiago du Chili. «A un moment donné, j’ai été très irrité de constater que le public mais notamment les hommes politiques de la culture nous mettent dans des tiroirs. J’ai alors dit que je revendiquais le droit d’être moi-même, le droit de chaque artiste d’être soi-même. A savoir ne pas faire quelque chose, parce que c’est la coutume ou encore choquer uniquement par le pur plaisir de choquer. S’exprimer soi-même doit être la seule préoccupation de l’artiste. Parce qu’à mon avis, cet art ne doit pas être privée de sincérité. Nous savons qu’au moment où nous dansons, nous sommes seuls. Nous ne saurions être plus seuls que ça, même lorsque nous dansons avec quelqu’un. Et lorsque nous dansons en groupe, la solitude est terrible. C’est ce que ressens. J’ai le sentiment d’être responsable de tout ce qui m’arrive et de tout ce qui arrive à celui qui me regarde. Mais cette solitude n’est pas du tout tragique. C’est la solitude du coureur de longue distance, une solitude qui a quelque chose de beau. Le problème c’est que je suis aussi compositeur et le meneur de mon propre corps. Nous avons à la fois de grandes responsabilités et de nombreuses tâches. Je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps et ma vie à faire ce que quelqu’un dit que je devrais faire.»
Gigi Caciuleanu est diplômé de l’Ecole nationale supérieure de chorégraphie de Bucarest. A 14 ans, il découvre la danse contemporaine auprès de Miriam Raducanu, cette grande dame de la nouvelle danse roumaine. Une fois les études à Bucarest achevées, Gigi suit un stage de perfectionnement en techniques classiques au Bolchoï, à Moscou.
Au début des années’ 70, Gigi Caciuleanu est chorégraphe invité et professeur de danse contemporaine au Folkwang Ballet d’Essen-Werden, en Allemagne, dirigé par Pina Bausch. En 1973, Gigi Caciuleanu fonde le Studio de danse contemporaine — une compagnie de douze interprètes au répertoire contemporain — aux côtés de Rosella Hightower, avant de lui succéder à la direction du Ballet du Grand Théâtre de Nancy, lannée suivante. Lauréat de plusieurs prix en France, Gigi Caciuleanu crée au théâtre Espace Pierre Cardin de Paris le spectacle «La folle de Chaillot» avec Maïa Plissetskaïa. Fin 2010, lors du Bicentenaire de la République du Chili, un prix spécial lui est consacré pour son activité aux côtés de la compagnie El Banch, avec laquelle il collabore depuis 13 ans. Il reçoit aussi à Rome le prix «Roma in danza» pour sa contribution au développement, à la définition et la reconnaissance de la danse contemporaine dans le monde. (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)