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L’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld

Personnalité artistique très connue, Elisabeth Ochsenfeld est une femme peintre d’origine roumaine. Née à Timişoara, elle a émigré en Allemagne en 1986. Elle habite tantôt à Heidelberg, tantôt à Frankfort, tantôt dans son pays d’origine. Dans les années ’80, avant de s’établir en Allemagne, elle a fait de la peinture et de l’art graphique. Une de ses créations, la couverture de l’album « Cantafabule » (Chantefables) du groupe rock roumain Phoenix a été rejetée par la censure communiste.

L’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld
L’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld

, 15.03.2014, 13:00

Personnalité artistique très connue, Elisabeth Ochsenfeld est une femme peintre d’origine roumaine. Née à Timişoara, elle a émigré en Allemagne en 1986. Elle habite tantôt à Heidelberg, tantôt à Frankfort, tantôt dans son pays d’origine. Dans les années ’80, avant de s’établir en Allemagne, elle a fait de la peinture et de l’art graphique. Une de ses créations, la couverture de l’album « Cantafabule » (Chantefables) du groupe rock roumain Phoenix a été rejetée par la censure communiste.



La plupart de son activité professionnelle s’est déroulée à l’Académie des sciences de Heidelberg, comme elle le raconte elle-même: « J’ai travaillé comme graphiste pour un projet consacré à une partie de la Route de la Soie depuis la vallée de l’Indus jusqu’à la frontière chinoise, en passant par le Pakistan. J’ai réalisé tous les dessins et la graphique pour une série de livres splendides publiés tous les deux ans. La série a compté 10 volumes, destinés à l’élite scientifique mondiale. Ils étaient publiés en 500 exemplaires et ils étaient magnifiques. C’était mon gagne-pain en Allemagne. J’ai passé un examen pour être embauchée et j’ai eu la chance d’être acceptée tout de suite. Pendant 26 ans, j’ai vécu ainsi dans un milieu extraordinaire, pourtant — comme dans tout emploi — mon temps était divisé. Après cette longue période de plus d’un quart de siècle, mon contrat avec l’Académie des sciences de Heidelberg est arrivée à échéance et à présent je peux enfin donner cours à des invitations que je n’ai pas pu honorer jusqu’ici en raison du peu de temps libre que j’avais ».



Au début des années ’90, Elisabeth Ochsenfeld est revenue en Roumanie, elle a acheté une petite maison à Wolfsberg alias Gărâna, petit village fondé jadis par des colons allemands et tchèques venus de Bavière et de la Bohème méridionale.



Elisabeth Ochsenfeld: « Mes parents, des réfugiés de Bessarabie, avaient tout perdu en quittant leur foyer. Alors, moi, je n’ai pas eu, dans mon enfance, ce lieu si particulier dont la plupart se régalent : la maison des grands-parents. C’est ce qui m’a déterminée à acheter une maison et à construire ce miracle que j’ai toujours souhaité. C’est un endroit mirifique; les étoiles y sont si visibles et si proches de la terre, de nous, qu’on a vraiment la sensation de toucher l’éternité. J’aime ouvrir toutes les fenêtres et écouter les bruits du village, sentir cette ambiance rurale dont je me languis sans cesse. Nous nous sommes épris de ces maisons parce qu’ils sont d’une simplicité inouïe… Dans ce village-là, toutes les maisons étaient blanches et la charpente était peinte en bleu, vert et gris… Toutes les fenêtres étaient fleuries de géraniums. Le village était d’une propreté et l’air d’une pureté auxquelles nous n’étions pas habitués. Ce village-là était, en fait, une rue. La maison que j’ai achetée était très simple et très bien construite, l’intérieur était bien agencé. Evidemment, nous n’avions pas besoin d’un étable ou d’autres annexes qui s’y trouvaient. Alors, nous avons préféré aménager un atelier et une petite galerie. Avec le temps, nous avons créé la maison de nos rêves, que nous avons appelée Art Haus — Maison de l’Art — où nous avons commencé à mener — officiellement, pour ainsi dire — l’existence qui était, en fait, depuis longtemps la nôtre. Notre maison à Timişoara et, à présent, celle de Wolfsberg, est toujours ouverte à nos amis et aux artistes du monde entier. »



Dans sa maison de Gărâna, Elisabeth Ochsenfeld accueille chaque été des artistes heureux de connaître cette région de la Roumanie et de participer à un Symposium organisé en même temps que le plus grand festival de jazz en plein air de Roumanie.



Elisabeth Ochsenfeld : « Cette année nous attendons 4 plasticiennes qui doivent arriver des Etats-Unis. Si l’on fait un tel voyage pour travailler, pendant une semaine, avec d’autres artistes à Gărâna, je pense que c’est fantastique d’avoir en même temps la chance d’assister à quelques spectacles. Ce que je fais n’est pas de la même envergure que le festival, mon symposium est beaucoup plus modeste, mais il est lié à cet endroit dont je souhaite préserver la mémoire par les créations des artistes qui s’y rendent. Chaque année, nous avons un thème lié à cet endroit. L’année dernière, c’était « paraphernalia », les choses qui nous entourent au quotidien ; cette année c’est l’architecture des lieux ; l’année prochaine le personnage principal sera le loup. Les écrivains qui échangent avec les gens habitant encore dans ce village, avec les Allemands venus de la région de Bohême, apprennent les histoires de vie bouleversantes de ces êtres obligés à vivre dans une forêt pleine de loups et qui ont réussi à y fonder des localités. »



C’est aussi à Gărâna qu’Elisabeth Ochsenfeld a trouvé la source d’inspiration d’une exposition de peinture encore ouverte à la galerie Tiny Griffon, de Nürnberg — les anciennes parures de mariage des femmes de la région.



Elisabeth Ochsenfeld : «Ces parures avaient été trouvées dans un grenier et j’en ai été ravie et très émue. Elles sont faites de petites boules, minuscules, de farine, de bâtonnets décorés, blanchis, extrêmement délicats et d’une grande simplicité. J’ai repris cette idée tout simplement pour contribuer moi aussi à cet acte d’amitié avec une petite ode. Ce sont des parures de mariage ou de fête, portées deux ou trois fois par an, même à des baptêmes. Moi, j’ai été inspirée par une parure de mariage que j’ai utilisée comme symbole non pas matrimonial, mais des rencontres de toute une vie. Il y avait de la joie et du calme dans mon âme, un grand sourire sur mon visage quand j’ai mis de la couleur, quand j’ai refait et enrichi ces parures. Tout ce que je souhaite c’est de réaliser une autre série où je raconte des destins, inventer des histoires à l’aide de ces tiares. »



Elisabeth Ochsenfeld se déclare heureuse et affirme avoir enfin le temps de mettre sur papier toute la beauté qu’elle a ramassée dans le monde : «Quand on passe huit heures à dessiner, comme je l’ai fait à l’Académie, il est très difficile, une fois rentré, de se remettre à faire la même chose. Cela fait un an et demi que moi, je suis libre. Je n’aurais jamais imaginé être si heureuse, je croyais que le rituel des dessins quotidiens allait me manquer. Aujourd’hui, je peux passer mon temps comme je le veux. J’ai commencé cette année avec un voyage en Egypte, en janvier ; je vais me rendre prochainement en Roumanie, ensuite en France, en Autriche, toute cette année est déjà bien mise en page, avec des expositions et des résidences d’art. Je suis très contente de ce calendrier parce que j’ai le temps de peindre, de dessiner plus… »



Les créations de l’artiste peintre Elisabeth Ochsenfeld peuvent être admirées à Nürnberg jusqu’à la mi-mars, et puis sur le site personnel de la plasticienne; mais vous pourriez tout aussi bien passer par Gărâna, en été, lorsque l’air pur sent les fleurs des champs et les fenêtres de sa maison sont grandes ouvertes. (Trad.: Dominique, Ileana Taroi)

Foto: Iulia Opran/RRI
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