La ville de Orşova et le monastère Sainte Anne
Egalement appelée Orșova Nouvelle, car l'ancien site de la ville est maintenant submergé par les eaux du Danube, conséquence de la construction du barrage hydroélectrique des Portes de Fer et de la création du lac de retenue.
Ștefan Baciu, 07.06.2024, 11:00
Située sur la rive gauche du Danube, à la confluence avec la rivière Cerna, Orșova est une ville récente, construite entre 1966 et 1971 sur les terrasses du Danube. Elle est également appelée Orșova Nouvelle, car l’ancien site de la ville est maintenant submergé par les eaux du Danube, conséquence de la construction du barrage hydroélectrique des Portes de Fer et de la création du lac de retenue. La vieille ville s’était développée à la fin du XIXe siècle, après l’établissement de la ligne de chemin de fer qui avait augmenté le trafic de marchandises entre l’Europe centrale et la mer Noire. La création d’une voie navigable dans la région rocheuse des Portes de Fer du Danube avait conduit à l’émergence d’un important port de marchandises à Orșova, ainsi qu’à une raffinerie de pétrole.
Un exposition pour découvrir l’ancienne ville d’Orșova
Près de 400 photographies de l’ancienne ville, aujourd’hui submergée par les eaux du Danube, ont été exposées ce printemps au siège de l’Administration du Parc Naturel des Portes de Fer à Orșova. Elles ont été récupérées et restaurées par Mihail Românu, né dans l’ancienne Orșova et installé en Allemagne depuis de nombreuses années. Le siège de l’Administration du Parc Naturel des Portes de Fer est lui-même une attraction, avec ses panneaux d’information, ses dioramas et sa maquette, permettant d’identifier les itinéraires de visite et les zones protégées.
Une autre attraction de la ville d’Orșova est l’église catholique romaine. Construite entre 1972 et 1974, elle étonne par son architecture inhabituelle, en forme de tente et avec un toit en forme de croix. L’intérieur de l’église surprend également par ses peintures, où, parmi les représentations religieuses, apparaissent Vladimir Ilitch Lénine, Nadia Comăneci et John Lennon, du célèbre groupe les Beatles.
Le monastère orthodoxe Sainte-Anne d’Orșova
Le monastère orthodoxe Sainte-Anne d’Orșova a une histoire particulière et mérite d’être visité. Il a été fondé par Pamfil Șeicaru, un journaliste renommé de la première moitié du siècle dernier. Pendant la Première Guerre mondiale, Pamfil Șeicaru, alors sous-lieutenant dans l’armée roumaine, se trouvait sur le front lorsqu’il a failli être enseveli vivant après l’explosion d’un obus. Il a promis que s’il survivait, il construirait une église à cet endroit même, sur la colline de Moșului, un point de vue près de l’actuelle Orșova. Il a tenu sa promesse et, avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il a érigé l’actuelle église du monastère Sainte-Anne, ainsi nommée en l’honneur de sa mère. Cependant, en raison de la guerre, les travaux n’ont pas été achevés, et par la suite, la destination de l’église a été modifiée, comme l’a souligné le prêtre Mihai Zorilă :
« Pendant la période communiste, le monastère a subi plusieurs transformations, servant d’abord de sanatorium pour les tuberculeux, puis de camp de vacances pour enfants, pour finalement devenir un restaurant. Aujourd’hui, nous sommes dans l’église érigée par Pamfil Șeicaru en un temps record, de 1936 à 1939, avec ses propres ressources. Il a financé l’achat du terrain et des matériaux, et a même embauché un contremaître pour superviser la construction rapide de l’église. Celle-ci, en bois et couverte de bardeaux à l’époque, est entourée des cellules des moniales disposées en forme de U autour du monastère. Seuls quelques fragments des fresques originales sont encore visibles dans la coupole. »
Reconstruction après la chute du communisme
Les peintures originales ont été recouvertes d’une couche de ciment et n’ont malheureusement pas pu être restaurées. Le monastère a été reconstruit après la chute du régime communiste en Roumanie, sous la responsabilité du prêtre Mihai Zorilă.
« Ce n’est qu’en 1990 qu’un groupe de moniales du monastère de Tismana, dirigé par la mère supérieure, est venu ici et a procédé à la bénédiction du monument. L’église est peinte dans un style byzantin par Grigore Popescu, un artiste connu pour la décoration de nombreuses églises et monastères en Roumanie. Depuis lors, les moniales exercent leurs activités ici, accueillant les fidèles et les touristes qui s’arrêtent en ces lieux saints. »
Dans le porche de l’église se trouve la tombe de Pamfil Șeicaru. Décédé en 1980 en Allemagne fédérale, sa dépouille a été ramenée en Roumanie en 1991 et déposée dans la chapelle familiale du cimetière de Sf. Vineri à Bucarest. En 2005, elle a été transférée au monastère qu’il a fondé. Depuis le sommet de la colline Moșului, les visiteurs du monastère Sainte-Anne peuvent profiter d’une vue panoramique sur le golfe Cerna, la ville d’Orșova en forme de fer à cheval, ainsi que sur une grande partie du lac de retenue du barrage hydroélectrique des Portes de Fer.
Voilà, l’invitation a été lancée ! En espérant vous avoir donné envie de visiter cet endroit inédit dans notre pays, à bientôt pour une nouvelle destination !
(Trad. Rada Stanica)