La Maison Macca, siège de l’Institut d’archéologie
Il s’agit de la Maison Macca, qui abrite l’Institut national d’archéologie et le Musée des Antiquités. Erigée vers le milieu du 19e siècle, elle compte parmi les plus vieilles bâtisses classées de la capitale roumaine.
Christine Leșcu, 21.02.2014, 14:26
Il s’agit de la Maison Macca, qui abrite l’Institut national d’archéologie et le Musée des Antiquités. Erigée vers le milieu du 19e siècle, elle compte parmi les plus vieilles bâtisses classées de la capitale roumaine.
A l’époque de sa construction, la Maison Macca a dû passer pour une nouveauté de par son style et sa taille. A commencer par 1830, grâce à l’ouverture vers les grandes routes commerciales et au début de l’occidentalisation des Principautés roumaines, les maisons des boyards commencent à imiter les résidences nobiliaires de l’Occident et se font de plus en plus majestueuses. Les propriétaires de la Maison Macca étaient le colonel Petre Macca — figure de proue de la Guerre d’indépendance de 1877 – 1878 — et son épouse, Elena, descendante de la famille Bălăceanu, connue pour ses oeuvres caritatives au service de l’Eglise orthodoxe.
Invité au micro de RRI, Alexandru Vulpe, membre de l’Académie roumaine et directeur de l’Institut d’Archéologie Vasile Pârvan”, nous raconte en bref l’histoire de la Maison Macca. « On ne connaît pas la date précise quand les travaux de construction ont démarré, mais la maison était déjà fonctionnelle vers 1860. Au fil du temps, elle a subi de nombreux travaux de réfection. Sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, elle peut être considérée comme monument historique dès les années 1880. Construite en style baroque avec des influences maniéristes, la Maison Macca est effectivement un des monuments historiques et d’art les plus prestigieux de Bucarest. »
L’immeuble s’étale sur quatre niveaux: sous-sol, rez-de-chaussée, étage et un grenier mansardé. La superficie de chacun de ces niveaux est de près de 370 mètres carrés. Parmi les éléments architectoniques relevant du style baroque il convient de mentionner les riches décorations extérieures et intérieures: guirlandes, motifs végétaux et géométriques, pilastres classicisants et éléments héraldiques. Les peintures ornant les plafonds et les murs regorgent de renvois stylistiques plurivalents. Par ailleurs, certains stucages sont partiellement recouverts de fines couches d’or et leur état de conservation semble assez bon par comparaison avec le reste de la bâtisse.
Vers la fin du 19e siècle, la maison semble avoir subi des travaux de modifications, ses balcons étant adaptés au style Art nouveau et transformés en de superbes serres d’hiver, située à l’étage. C’est toujours de cette époque là que date un vitrail avec une ample vue sur le jardin. Ce seraient là les dernières interventions commandées par les propriétaires avant leur décès, lorsque la maison fut donné au Ministère de l’Education. Suite à cette donation, la Maison allait accueillir au bout de quelques années, le Musée des Antiquités. L’académicien Alexandru Vulpe explique: « Le Musée des antiquités puisent ses origines dans les années 1830 lorsque le gouverneur Mihalache Ghica a fait don à l’Etat de sa collection d’objets anciens. Cette collection ainsi que celle du général Mavros, ami du colonel Macca, ont jeté les bases du Musée national des antiquités, fondé par décret du prince régnant Alexandru Ioan Cuza en 1864. C’est pratiquement la date de naissance de cette institution. A l’époque il n’avait aucun lien direct avec la maison qui accueille à présent l’Institut d’archéologie. En réalité, ce musée des antiquités fut accueilli par la Maison Macca, suite au testament de Mme Macca, écrit après la mort du colonel Macca. Ce don représente l’acte de propriété de cet édifice, son statut étant confirmé en 1931, à l’époque du gouvernement de Nicolae Iorga qui a ouvert le Musée national des antiquités dans ces locaux. La maison Macca est devenue depuis lors le siège reconnu du Musée national des antiquités. Après la guerre la maison a continué d’abriter le musée. Pendant l’entre-deux-guerres et même après la guerre ce fut toujours ici que s’est déroulé l’ensemble de l’activité archéologique du pays. »
En 1956, suite à un décret du Conseil des Ministres, fut fondé l’Institut d’Archéologie qui dépendait de l’Académie roumaine. La maison appartient de nos jours encore à l’Académie roumaine, en tant que siège de l’Institut d’archéologie qui a repris aussi l’ancien musée des antiquités. A présent, la Maison Macca est dans un état de délabrement avancé qui a besoin urgent de réparations capitales. Malheureusement, malgré les efforts déployés, l’Institut d’archéologie n’a pas réussi à ramasser les fonds nécessaires à la restauration. Ainsi, un bâtiment de patrimoine, situé dans l’un des quartiers historiques de la capitale, tombe-t-il progressivement en ruine.
( trad. Mariana Tudose, Alexandra Pop)