La Fontaine de Mioriţa à Bucarest ( édition – concours)
Connue sous le nom de la Fontaine Mioriţa, elle représente de nos jours un véritable symbole de la ville, bien que son histoire ne soit pas aussi longue que celle d’autres monuments représentatifs de la capitale roumaine. Un exemple en ce sens serait la Villa Minovici ou la Villa aux clochettes, située vis-à-vis de la fontaine et datant de 1905. A l’époque, la zone où allait être construite la fontaine n’était pas englobée dans la ville. Son édification, en 1936, lors de l’exposition « Le mois de Bucarest », on la doit au jeune architecte Octav Doicescu, le même qui allait être chargé de la construction de la Fontaine Zodiaque devant le Parc Carol, de l’aménagement du Parc de Heràstrau et de la Chaussée Jianu, actuel boulevard des Aviateurs. Autant de sites à proximité de la fontaine.
Christine Leșcu, 01.07.2014, 14:07
Connue sous le nom de la Fontaine Mioriţa, elle représente de nos jours un véritable symbole de la ville, bien que son histoire ne soit pas aussi longue que celle d’autres monuments représentatifs de la capitale roumaine. Un exemple en ce sens serait la Villa Minovici ou la Villa aux clochettes, située vis-à-vis de la fontaine et datant de 1905. A l’époque, la zone où allait être construite la fontaine n’était pas englobée dans la ville. Son édification, en 1936, lors de l’exposition « Le mois de Bucarest », on la doit au jeune architecte Octav Doicescu, le même qui allait être chargé de la construction de la Fontaine Zodiaque devant le Parc Carol, de l’aménagement du Parc de Heràstrau et de la Chaussée Jianu, actuel boulevard des Aviateurs. Autant de sites à proximité de la fontaine.
Architecte moderniste, Doicescu a imaginé toute la zone en ce style préféré de l’époque, comme l’explique un autre architecte, Cristian Mihu : «C’étaient les années de gloire du modernisme, qui commençait à se refléter dans toute l’architecture du pays, notamment à Bucarest. La fontaine est tributaire d’ailleurs à ce style, Octav Doicescu étant un des architectes roumains les plus importants de l’après-guerre. La Fontaine Mioriţa est une de ses créations de début. Il n’avait pas encore la quarantaine et son palmarès n’était pas encore trop riche. Concrètement, il s’agit d’une fontaine monumentale en style moderne, ce qui est assez rare à Bucarest. C’est de ses deux parois en granit de Dobroudja que surgit l’eau dans un grand bassin ellipsoïdal dont les dimensions sont de 50m/20 m. Sur les facettes extérieures des murs on peut admirer les rectangles de la mosaïque conçue par Milita Petrascu, illustrant la ballade populaire « Mioriţa ». Sur les murs orientaux de la fontaine sont représentés les trois bergers avec leurs troupeaux, alors que sur l’autre, les noces et la mort du berger moldave. Ces frises sont réalisées en mosaïque noire et blanche et fixées en pierre ».
Le susurrement des petits jets d’eau s’échappant de gueules d’animaux fantastiques se mêlaient à l’époque au son des clochettes de la villa Minovici en une sorte de musique des eaux, dont les passants pouvaient se délecter. Tel n’est plus le cas de nos jours, vu le trafic et le fait que la villa Minovici n’a plus de clochettes.
Née en 1892 à Chisinau, la créatrice de la mosaïque, Miliţa Petraşcu, est décédée à Bucarest en 1974. Elle fut artiste plasticienne, sculptrice, portraitiste et se fit remarquer au sein du mouvement artistique avant-gardiste roumain à l’entre-deux-guerres. Dans les années ’20 elle fut élève de Brâncuşi à Paris. Pour la réalisation de la mosaïque de la Fontaine Mioriţa, Milita a reçu une aide inestimable.
L’architecte Cristian Mihu évoque les créateurs de la fontaine: « Il y a eu une troisième personne, moins connue. Il s’agit d’un artiste céramiste, Gheorghe Mogoş-Niculescu, qui a réalisé les mosaïques d’après les dessins de Miliţa Petraşcu. C’est elle qui a conçu l’œuvre graphique mais Mogoş Niculescu lui a donné un coup de main pour ce qui est de la réalisation effective. Ce fut une commande confiée à de jeunes artistes et c’est ce qui explique l’aspect spécial du monument qui n’a rien à voir avec les fontaines érigées jusqu’à ce moment-là. Tout comme dans les autres pays européens, en Roumanie aussi c’était dans l’esprit de l’époque de chercher quelque chose de nouveau. Cependant, il ne s’agit pas d’une œuvre d’avant-garde. Le modernisme architectonique roumain se caractérise aussi par le fait de ne pas s’être proposé de révolutionner radicalement l’art. Ce fut tout simplement un mouvement de renouvellement mis au service d’un idéal national, pour ainsi dire ».
Restaurée en 2005, après plusieurs années durant lesquelles elle n’a plus fonctionné, Mioriţa est aujourd’hui une fontaine impressionnante, telle que ses créateurs l’ont imaginée il y a 78 ans… (trad. : Alexandra Pop)