La citadelle de Rupea
Au XIIe siècle, dans la foulée des migrations causées par les croisades, les colons saxons se sont établis dans la province historique roumaine de Transylvanie. Réputés pour leur diligence et surtout pour leur savoir-faire artisanal et agricole, les Saxons, qui ont joui de certains privilèges de la part des rois de Hongrie, allaient contribuer à l’essor des villages de la région et fonder les premières villes à l’intérieur de l’arc carpatique.
Christine Leșcu, 20.09.2013, 14:57
Au XIIe siècle, dans la foulée des migrations causées par les croisades, les colons saxons se sont établis dans la province historique roumaine de Transylvanie. Réputés pour leur diligence et surtout pour leur savoir-faire artisanal et agricole, les Saxons, qui ont joui de certains privilèges de la part des rois de Hongrie, allaient contribuer à l’essor des villages de la région et fonder les premières villes à l’intérieur de l’arc carpatique.
Centres administratifs des Saxons, les cités de Sibiu, Braşov, Mediaş, Bistriţa, Sighişoara, Sebeş et Rupea sont aujourd’hui encore un symbole de la Transylvanie du point de vue de leur rôle et de leur style architectonique. Le noyau de ces cités était représenté par les églises fortifiées à double fonction – religieuse et de défense. De telles églises, on en trouve d’ailleurs dans tous les villes et villages bâtis par les Saxons.
Située à mi-chemin entre Braşov et Sighişoara, sur la route liant la Vallée de l’Olt à celle des Târnave, la citadelle de Rupea est perchée sur une colline en basalte. C’est à cette roche que la forteresse doit son nom. Les Romains y avaient construit un camp fortifié baptisé Rupes”, d’après le terme latin désignant le basalte. Emprunté par le roumain, le mot s’est transformé en Rupea”. Selon les historiens, une cité dace aurait existé auparavant sur ce même emplacement.
Le maire de la ville de Rupea, Flavius Dumitrescu, détaille l’histoire des lieux : « La citadelle de Rupea était connue, à l’origine, sous le nom de Castrum Kuholom. Le terme de Kuholom, Cohalm en roumain, fait référence au rocher de basalte. Elle est située au carrefour des chemins qui reliaient jadis les anciennes provinces roumaines de Moldavie, Valachie et Transylvanie. La forteresse qui se dresse sur la colline de Cohalm est consignée pour la première fois dans les documents de 1324. C’et là que les Saxons, qui s’étaient soulevés contre le roi hongrois Charles Robert d’Anjou, trouvaient refuge. Grâce à sa position stratégique, la citadelle ne cessera de se développer en plusieurs étapes. Elle se compose de trois ensembles architecturaux, autrement dit de trois enceintes: la cité d’en haut, la plus vieille, qui date des XIIe et XIVe siècles, la cité mitoyenne, érigée au XVe siècle et élargie au siècle suivant, et la cité d’en bas, du XVIIe siècle ».
La citadelle était habitée. C’est là que se trouvait aussi le siège des 12 confréries d’artisans, qui déployaient leur activité dans le bourg au pied de la colline. Nous repassons le micro au maire de la ville de Rupea, Flavius Dumitrescu : « Au début, elle a été le camp militaire du roi. En 1420, la citadelle a été rendue à la population de la région à laquelle elle allait servir de lieu de refuge devant les nombreux assauts des ennemis. En temps de paix, la citadelle était habitée par les gardes. C’est là que se trouvait aussi le siège d’une des sept unités administrative des Saxons, appelées à l’époque « chaises », en roumain « scaune ». Plusieurs tours de défense et bastions gardaient la citadelle de Rupea. Le fait qu’ils aient servi aux différents corps de métiers de la région est attesté par leur noms : la Tour des gardes, la Tour des tisserands, celle des domestiques. Bref, du XVe au XVIIIe siècles, Rupea a servi de forteresse défensive à la communauté ».
En 1688, les Autrichiens y ont installé une garnison. Enfin, plus tard, au début du XVIIIe, lors d’une épidémie de peste, la citadelle allait abriter ceux que le fléau avait épargnés. Les premiers travaux de restauration de la citadelle de Rupea ont été entrepris dans les années ’50. La deuxième restauration du site a été récemment réalisée sur la base d’un projet élaboré en 2000. Flavius Dumitrescu : « Nous avons déposé plusieurs demandes de financement européen avant de réussir. En 2010, on a organisé des appels à candidatures pour les travaux de restauration et de conseil. Les travaux proprement-dits ont été lancés début 2011. Le 15 juin dernier, la citadelle de Rupea a été officiellement ouverte au public ».
Depuis sa réouverture, la cité de Rupea a enregistré un nombre record de 26 mille visiteurs, ce qui prouve que l’héritage des Saxons de Transylvanie suscite toujours un vif intérêt. (trad. Mariana Tudose)