Ils sont célèbres, ils sont Roumains – Andrei Serban
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Luana Pleşea, 26.02.2014, 13:37
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C’est ainsi qu’Andrei Şerban, un des metteurs en scène roumains les plus connus à l’étranger commençait, il y a deux ans, sa conférence sur ce que c’est que de jouer un rôle.
Né le 21 juin 1943 en Roumanie, Andrei Şerban a quitté le pays vers la fin des années ’60, grâce à une bourse offerte par Ellen Stewart en personne, directrice du théâtre « La MaMa » de New York, devenu une des plus importantes scènes du monde. Parmi les rencontres fatidiques de sa carrière compte celle avec l’actrice Meryl Streep, qui a joué, aux côtés d’Irene Worth et Raul Julia dans la pièce « La cerisaie », monté par Andrei Şerban en 1977 au Lincoln Center de New York.
Le metteur en scène et réalisateur Peter Brook a également marqué l’évolution du jeune metteur en scène roumain, qui a passé une année à Paris, dans le centre de ce grand novateur de l’art du théâtre et du film. Andrei Şerban a aussi connu Jerzy Grotowski, qu’il a rencontré lors des tournées qu’il a faites à Zagreb et Wroclaw au début de sa carrière. Grotowski est un des plus grands metteurs en scène et théoriciens du XXe siècle, dont la pensée a apporté un souffle nouveau dans le monde du théâtre.
En 2007, le metteur en scène Andrei Şerban démarrait, aux côtés de Corina Şuteu, la directrice, à l’époque, de l’Institut culturel roumain de New York, une série d’ateliers de création théâtrale, destinés notamment aux jeunes. Cette série d’événements s’intitulait « Académie itinérante ». Les ateliers étaient ouverts non seulement aux comédiens, metteurs en scène, scénographes et musiciens, mais aussi aux « jeunes d’esprit et aux autres professions ». Le livre sorti chez Nemira reconstruit l’image « mystérieuse » de l’Académie d’Andrei Şerban.
Voici les propos du metteur en scène Andrei Şerban au sujet de l’essence de l’Académie itinérante : «Qu’est-ce qui nous manque? De quoi avons-nous besoin? C’est ce genre de questions qui s’est trouvé à l’origine de ces activités. Nous travaillons des matières et allons vers des directions différentes — certains vers le théâtre, d’autres dans d’autres domaines -, mais il manque quelque chose à chacun de nous. Nos besoins ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, nous nous retrouvons tous dans ce désir de recherche.
Ces ateliers peuvent aider la jeunesse — et là je pense à la jeunesse d’esprit — à grimper d’une marche. Ils ouvrent la voie vers une nouvelle éducation, dont nous autres, nous n’avons pas bénéficié. Les ateliers sont comme des cloches qui sonnent le réveil. Matisse affirmait que l’art ressemble à un fauteuil confortable. Ou à une drogue, ajouterions-nous. C’est dire qu’il a toutes les chances de nous endormir, de nous rendre passifs. Malheureusement, le théâtre est, aujourd’hui encore, un sédatif qui finit, à quelques exceptions près, par nous endormir. Il est grand temps de s’évader! ».
Andrei Şerban a également révolutionné le monde de l’opéra par des idées de mise en scène novatrices. Sa carrière dans le domaine du théâtre lyrique l’a amené en contact avec de grand chanteurs — dont le ténor Placido Domingo — à l’Opéra de Vienne ou au Covent Garden de Londres.
De nombreuses distinctions ont récompensé son activité au fil des années. Ainsi, en 1975, Andrei Şerban se voyait décerner le prix Obie pour la « Trilogie antique ». « La Cerisaie » qu’il a montée en 1977 a été nominalisée pour les Prix Tony. En 1999, l’Association des critiques de théâtre de Boston lui accordaient le prix Elliot Norton. La même année, la Société des metteurs en scène et chorégraphes lui décernait le prestigieux prix George Abbott, récompensant les artistes qui ont exercé une grande influence sur le théâtre du XXe siècle.
Andrei Şerban s’est vu attribuer 3 titres de Docteur Honoris Causa. En décembre 2008, on lui décernait l’Ordre national « L’étoile de la Roumanie », la plus haute décoration roumaine. (trad. : Dominique)